Cap sur le Rwanda avec l’association Démozamau !

Je suis partie une nouvelle fois à la rencontre de Remi Le Bihanic, co-fondateur de l’association Démozamau, afin qu’il m’explique en détail son expédition au Rwanda.


Quel est le projet que tu comptes mettre en place cette année au Rwanda ?

On est toujours dans la continuité de ce qu’on avait fait en 2014 « Rwanda 20 ans après » avec un aspect commémoratif. On a fait des ateliers d’écriture, des ateliers créations de cartes postales, on a aussi enregistré une chanson : « Ubutumwa, un message du Rwanda » .que je t’avais déjà faite écouté. C’était le fil rouge qui a permis de garder le contact avec le Rwanda. Au début, on était plutôt en phase de découverte, ça faisait 22 ans que je n’y étais pas allé. Depuis 2014, suite à ce projet, il y a eu beaucoup de retours surtout avec les jeunes avec qui on avait fait des ateliers d’écriture. Ils nous redemandait fréquemment : « Quand est-ce que vous revenez ?  »  « On veut refaire un autre projet avec vous !  ». Beaucoup de choses ont changé entre temps, l’orphelinat (Centre Mémorial de Gisimba) a fermé mais la structure est devenue un accueil périscolaire du coup elle a du renouveler son activité vu qu’il n’accueillait plus les orphelins. Face à ça, ils ont du changé en ouvrant maintenant leur activité aux jeunes du quartier.

Centre Mémorial de Gissimba

Pour info, le Centre Mémorial de Gisimba est situé au quartier de Nyamirambo, c’est un quartier populaire comme ici au Blosne. L’idée c’était d’ouvrir aux jeunes du quartier certaines activités culturelles et sportives afin qu’ils ne traînent pas dans les rues, et donc leur offrir des activités culturelles et sportives, à la façon d’un centre de loisirs. Les jeunes avec qui on a enregistré la chanson, ont créé un collectif d’artistes. En parallèle de leur activité musicale, ils continuaient à encadrer les jeunes de Gisimba pour les ateliers d’écritures et cartes postales à titre bénévole.

Donc dès que tu arrives au Rwanda, tu as un contact directement avec eux  ?

Oui, avec les personnes qui gèrent la structure de Gisimba, et le collectif de jeunes artistes. Pour récapituler, il y a trois structures, Démozamau ici au Blosne, Le Centre Mémorial de Gisimba et le collectif d’artistes. L’idée, c’est de tous se mettre en connexion pour refaire un nouveau projet, mais cette fois-ci porté su du long terme. Au lieu de refaire des ateliers d’écriture et repartir, le but est aujourd’hui de les former à l’animation artistique, leur donner quelques clés pour pouvoir ainsi se professionnaliser,  le programme de formation : Au Choeur de Nyamirambo

Tu peux m’en dire plus sur ce projet de formation ?

C’est un programme de formation  qui va durer trois semaines et demi (du 24 août au 13 septembre). Avec plusieurs membres de l’association Démozamau. Dans ce programme, il y a différents types de formations. Les ateliers d’écriture, car c’est l’origine de la demande, une formation aux outils et logiciels audio-visuels dirigé par des intervenants du Rwanda  (Mopas Films Academy), ainsi qu’un enseignement sur l’histoire du Rwanda.

En créant les ateliers d’écritures, tu as porté subtilement ce projet de collectif d’artistes non ?

Pour être honnête, je ne dirais pas que je l’ai porté ça serait trop prétentieux de ma part. Disons que j’ai participé inconsciemment à l’élaboration de leur projet. 

Le clip « Ubutumwa, un message du Rwanda » tu comptes tourner le clip là-bas ?

Oui. une partie a été tourné en France, et une autre partie sera tournée là-bas. En espérant qu’à la fin de l’année 2017, le clip sera sorti. Aujourd’hui, le clip vidéo est une force pour la visibilité. Le clip servira de promotion pour plusieurs personnes et entités. D’un côté, moi Remi Zuka en tant qu’artiste, l’association Démozamau ainsi que le collectif de jeunes artistes qui n’a pas forcément les moyens d’avoir une visibilité.

Finalement, c’est un projet qui est bon pour tout le monde, il a aussi ce côté production d’artistes.

Il y a un aspect production certes, mais aussi un aspect formation. La plupart des jeunes qui vont participer à cette formation, ce sont les mêmes jeunes qui ont chanté dans la chanson. Premièrement, la Mopas Films Academy va les former au jeu d’acteur, ils vont également vivre un tournage, connaître toutes les conditions nécessaires à l’élaboration d’un tournage professionnel. La question est de les former sur savoir comment transmettre leurs nouvelles compétences aux plus jeunes et comment encadrer un groupe de jeunes. Actuellement ils sont bénévoles dans le centre périscolaire, l’idée c’est de les professionnaliser et afin qu’ils puissent promouvoir ailleurs leurs compétences. De plus, un blog sera créé tout au long du séjour, l’idée c’est également de les former au métier de journaliste ainsi qu’à la photographie. Enfin, 50% du temps sera consacré à la méthodologie de projet, le but c’est qu’à la fin des trois semaines, eux-mêmes organisent un temps-fort de formation, en accord avec les autorités de la ville de Nyamirambo. 

Je trouve l’idée très belle, même si tu ne veux pas le reconnaître, je trouve que tu es instigateur d’une super projet. Concernant la situation actuelle du pays, on sait que le Rwanda un vécu un énorme génocide et que le pays a mis du temps à se reconstruire. Aujourd’hui, en sais-tu d’avantage sur la situation économique, politique et culturelle ?

On a cœur de montrer que le Rwanda de 1994 et celui de 2017 est une large transformation. Beaucoup de pays d’Afrique prennent le Rwanda comme un exemple en termes de développement économique. Les rwandais sont partis du chaos mais ils ont réussi à se reconstruire d’eux-mêmes. Il y a une couverture santé pour tous les rwandais, tout le monde à une mutuelle ce qui n’est pas valable aux Etats-Unis par exemple. Il y a également ce que l’on appelle l’Umuganda, qui fait référence aux travaux communautaire. Chaque dernier samedi du mois, les habitants de chaque quartier se mettent ensemble pour échanger des compétences. Par exemple un maçon peut rendre service à un professeur et inversement, c’est comme du troc de compétences ce qui permet de garder du lien entre Rwandais.

Concernant l’implication de la France au Rwanda ces vingts dernières années. En tant que Rwandais, quel est ton ressenti ? 

On ne parlera pas de l’implication de la France au Rwanda, très fréquemment des articles sont publiés. Pas besoin d’aller plus loin, les choses parlent d’elles-mêmes. Souvent entre l’Occident et l’Afrique, il y a toujours cette relation inégale voire même injuste. Le gouvernement actuel a réussi à un peu inversé la tendance. Quand il fallait dire non à la Françafrique pour intégrer le Commonwealth, c’était un message fort qui a été envoyé aux Occidentaux. Simplement pour dire, que le Rwanda veut travailler avec les états qui veulent vraiment développer le pays. Pour autant, il y a encore beaucoup de travail à faire, le Rwanda reste quand même assez pauvre à l’heure actuelle.

Mais finalement, l’Afrique est très riche, on le sait…

C’est important de le dire, c’est une réalité effectivement !

Comme dans certains pays d’Afrique, est-ce que tu peux « corrompre » quelqu’un en lui donnant un billet au Rwanda ?

Ce qui est rassurant, c’est que le Rwanda est très peu corrompu. Si demain, tu vas au Rwanda, que tu te fais arrêter et qu’on te demande de payer une amende, ne cherche même pas à lui donner de l’argent pour passer, ça ne va faire qu’empirer ta situation. La lutte contre la corruption a été un des axes forts de ces dernières années. Je te conseille de lire l’histoire :  « Au Rwanda, pas de visa, pas de chocolat ». 

Au niveau des autorités rwandaises, est-ce que c’est facile de promouvoir un projet comme le tien ? Est-ce qu’il te faut certaines autorisations ?

Pour être honnête, ce n’est pas facile d’avoir les autorités rwandaises. On travaille beaucoup ici en France avec certains organismes avec le label « solidarité internationale ». C’est l’un des enjeux de ce projet, à savoir le faire connaître auprès des autorités rwandaises. Pourquoi ? Parce que c’est un concept intéressant qui peut se pérenniser. Quand les jeunes du collectif d’artistes vont organiser leur temps-fort, ils devront aller voir les autorités locales pour obtenir certaines autorisations. C’est comme partout, ce n’est pas forcément facile d’en avoir, mais c’est nécessaire pour l’élaboration de projets à plus grande envergure.

As-tu pensé à créer une branche de Démozamau là-bas ?

Je ne sais pas si c’est vraiment pertinent de créer une branche de Démozamau au Rwanda, par contre il faut continuer à agir, et travailler sur le long-terme entre la France et le Rwanda.

Avec quels membres de l’association fais-tu le voyage ?

Elian Moreau, qui est secrétaire de l’association. Benoit Vallée, qui est membre du conseil d’administration.

Hâte d’y être ?

Carrément ! ce n’est pas la même chose que la première fois. Je connais mieux le pays, j’ai crée plus de lien avec les gens. Vraiment hâte de construire une nouvelle fois quelque chose là-bas. 

Un dernier p’tit mot pour Le P’tit Rennais ?

Merci Le P’tit Rennais pour l’interview. Toujours un plaisir de discuter ! 


Written By: Sterling

Je partage mon temps entre écouter de nouvelles sonorités musicales, dévorer des séries télévisées et analyser les médias.

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