Le rappeur Kenyon

Interview hors série avec le rappeur Kenyon

Le rappeur Kenyon prépare la sortie d’un nouvel album tiré de ses Hors Séries. Pour parler de ce projet, on l’a rencontré dans son quartier, Maurepas, autour d’un kebab maison arrosé de thé tunisien.

Le P’tit Rennais : Kenyon, que s’est-il passé de ton côté ces dernières années ?

Kenyon : Depuis mon premier projet avec Tairo, tout est allé relativement vite. On a enchaîné les concerts sans relâche. En 2016, on a décidé de lever un peu le pied, un petit break de remise en question.

Là, j’ai commencé à me demander si je continuais ou si je renouvelais mon truc. Il n’y avait aucun intérêt à refaire mille et un flows de reggae qui ressembleraient à ceux que j’avais pu faire auparavant. La question était donc : qu’est-ce que je fais ?

LPR : Comment a émergé le concept de Hors Séries ?

K : Ces dernières années, je sortais un clip tous les six mois. Je n’avais plus trop de motivation. Or, le rythme de communication et de sortie a changé. Il faut publier plus vite. Du coup, je me suis dit « on va se remettre dedans, on va suivre le rythme, on va envoyer un peu plus régulièrement ». J’avais plein de sons en attente. Pour le moment, trois Hors Séries sont sortis à l’été 2017. Je me suis organisé, on a créé un programme et je suis comme un nouveau-.

LPR : Hors Séries, ce sont des freestyles. Comment les construis-tu ?

K : Ce sont des morceaux de musique officieux que j’ai réalisés ces deux dernières années. Je compose le refrain et je vois s’il y a un truc, sinon je m’arrête avant. Quand ça commence, j’ai les premiers jets, le refrain et quelques couplets. Même si je m’arrête, je reprends le lendemain et je sais que je vais aller au bout.

Quand j’estime que des morceaux sortent un peu du lot, je les fais écouter et je vois la réaction. Il peut arriver que je me trompe, mais c’est rare.

Généralement j’écris seul, en deux soirées. Parfois, dans la précipitation, je demande à des amis de m’envoyer des phases, des pistes, des idées, mais globalement je fais ça tout seul.

Avant, j’arrivais à me mettre en mode silence, à faire le poète (rires). J’écrivais des cahiers et des cahiers. Je venais de découvrir l’invention du feu, mais maintenant, il me faut une production pour avoir le truc.

 

LPR : Dans tes Hors Séries, on a l’impression qu’un thème est récurrent : la soif de vengeance. Pourquoi ?

K : Je pense qu’il y a deux aspects : l’aspect très egotrip (rires) dans le côté très démonstratif du rap. C’est la culture qui demande ça. Il y aussi l’aspect contre-pied où je vais dire à un moment donné « c’est sur le plus gentil de la tess que la foudre a frappé ». Quelque chose de plus urbain et l’autre plus léger, hyper détendu.

Je n’ai pas le temps de me mettre la pression, je balance, les robinets sont ouverts à fond ! Je regarde les statistiques. Je prends les remarques, mais je fonce. Par exemple : ça fait des années qu’on me dit « t’es trop compliqué. Il y a trop de mots. C’est trop technique »… Mais moi, je ne m’en rends pas compte… Du coup, je me suis dit que j’allais mettre des sous-titres de manière à rendre plus accessible ce que je propose. D’ailleurs, j’ai pu constater, sur Hors Séries 1, que les gens saisissaient tout de suite le sens des propos. Une vraie nouveauté.

LPR : Tu prépares un projet, une suite aux Hors Séries ?

K : Les Hors Séries vont être compilés avec quelques inédits. On va faire une mixtape gratuite. Ça fera de la matière ! J’espère que l’album sortira fin 2018 ou début 2019. Aussi, j’ai rencontré Julius Bang Bang à La Réunion. C’est un génie ! Il a fait la prod de Don’t de Bryson Tiller. Avec lui, on va faire le squelette de cet album.

LPR : Finalement, es-tu plutôt scène ou studio ?

K : J’ai l’impression qu’on s’accommode vite à la scène. Tu ne retrouves ça nulle part ailleurs. Ça te procure des sensations que tu n’auras jamais en studio, mais quand tu fais moins de scène, tu te plais vite dans ce cocon qu’est le studio de création. Quand tu n’as pas fait de scène depuis longtemps et qu’on t’annonce qu’il y en a une de prévue, tu te dis « wouah, faut retourner se mouiller la chemise ! (rires) ». Alors qu’en studio, on se sent protégé. Mais la scène, c’est un plaisir que le studio ne peut égaler.

Written By: Nora Khalloul

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