Slim

Mythos : Les aventures de Slim, rencontre avec Lamine Diagne

Les aventures de Slim, ou l’histoire d’un jeune Marseillais, vendeur au rayon BD de la Fnac, vivant dans son 25m² avec son petit chat. Une vie normale quoi. C’est surtout l’histoire d’un jeune homme dont la grand-mère, Mame Comba, partie un peu trop vite avait encore beaucoup d’histoires à lui raconter; tant pis, elle revient dans son quotidien pour les lui transmettre. Le conte se mêle à l’humour, au voyage et à la réflexion. Voici l’interview de son auteur, Lamine Diagne, au festival Mythos.


 

Ce spectacle laisse une grande place à l’improvisation?

 

Ce n’est pas réellement ça. En fait, c’est un spectacle qui naît en improvisation, et, avec le temps, ce premier épisode s’est cristallisé et a pris forme.

 

Mais ce n’est pas toujours du mot pour mot?

 

Non, il y a des épisodes qu’on improvise totalement, par exemple lorsque je suis accompagné par Wim Welker, le guitariste qui m’accompagne lorsque je crée des histoires, et là on est totalement en impro en musique et en histoire. Certains épisodes sont donc parfois entièrement improvisés. C’est un exercice assez périlleux qui nous coûte en sueur et en trac avant de monter sur scène, qui est vraiment délicieux une fois qu’on se glisse dedans.

 

Comment improvise-t-on? Comment réussit-on à captiver les personnes?

 

Il s’est créé un peu un terrain de jeu pour Slim, les personnages. L’improvisation était vraiment le processus de création de ce spectacle. J’ai travaillé avec un accoucheur qui s’appelle François Cervantès, qui m’a torturé (rires)… Il me faisait improviser en tapant avec son stylo sur la table, et en improvisant, je devais être capable de compter le nombre de fois qu’il comptait. On a fait pas mal d’exercices, et finalement il m’a demandé de constituer un jeu de tarot. Au fur et à mesure des improvisations que je faisais naissaient des lieux, des personnages, dont le personnage de Slim, son appartement, son lieu de travail dans lequel il a pu croiser, et ça balise l’improvisation, ça la maintient dans un tout. Ça permet de ne pas partir dans tous les sens.

© Nico M photographe au festival Mythos

Vous avez étudié la musique, pourquoi avoir voulu lier les univers du récit et de la musique?

C’est le même univers, puisque la musique raconte. Cela me paraît complètement naturel en fait, je ne me suis pas posé la question de lier les deux, si ce n’est que je suis venu au conte par la musique. J’avais écrit une histoire, « Asaman, contes conté à raconter », j’étais au saxophone et je n’ai pas trouvé de conteur en question, c’est comme ça que j’ai endossé cette charge et que je suis devenu conteur. J’ai raconté Asaman, et après ça a dégénéré !

 

Quel genre d’enfant étiez-vous?

 

Un enfant avec beaucoup d’histoires dans sa tête! D’ailleurs, je pense que les aventures de Slim, c’est un bel hommage à l’enfant que j’étais, on ne sait pas si ce passe vraiment ou si ça se passe dans sa tête.

© Nico M photographe au festival Mythos

Connaissiez-vous déjà le festival Mythos?

On m’en avait parlé mais je n’étais jamais venu. Je suis très impressionné, parce que je trouve que c’est un beau festival qui mêle des disciplines différentes, c’est rare. Le milieu du conte est un peu puriste, alors qu’ici, c’est un mélange des deux, il y a de la fête également.

 

Et justement, avez-vous repéré des artistes que vous souhaitez voir?

 

Oui, je voulais voir Gaël Faye, mais malheureusement, je ne pourrai pas car je serai déjà reparti. J’adore cet artiste, sa poésie. J’aurais aimé le rencontrer, mais cela sera pour une prochaine fois.

 

La suite pour vous?

 

 Je vais jouer à un spectacle qui s’appelle « Le tarot du Grand Tout », qui est moins dans le conte, plus dans le théâtre, qui est une création qui a commencé l’année dernière et se poursuit cette année. On va jouer ça à La Manufacture à Avignon. Ce spectacle est un tournant pour moi, il me touche et me remue beaucoup. Je l’ai écris à à l’hôpital pour enfant de la Timone à Marseille, où j’ai passé beaucoup de temps au chevet des enfants malades, à raconter des histoires. Avec comme co-auteur François Cervantès, on avance sur ce spectacle qui continue à évoluer, mais qui est vraiment une belle aventure humaine avant tout.

 

Comment aborde-t-on ce quotidien d’enfants malades, comment réussir à les faire rire?

 

C’est inacceptable de voir la maladie chez les enfants, la mort. Il m’arrivait parfois, le soir, de rentrer chez moi et d’être complètement coulé comme un bateau qui prend l’eau, et de me dire : « Demain, je ne vais pas pouvoir y aller ». Mais dès que j’y retournais, dès la première histoire, j’étais complètement rechargé, il y avait comme une espèce de pompe qui s’est mis en route, qui fait que, plus je donnais, plus je recevais, plus je me vidais et plus je me remplissais. Et les gamins ont un tel appétit d’histoires, de rêves et de jeux, dans ce lieu aseptisé, d’ennui, avec beaucoup d’angoisses des parents autour, et ces enfants sont souvent vaillants et héroïques. J’ai pris la mesure de ce qu’est être conteur, c’est presque comme de savoir que conteur peut être comme un organe vital dans l’organisme, cela a vraiment une fonction. Et c’est en cela que ça m’a fait cheminé, m’a touché, et que ça continue à faire écho au spectacle du Grand Tout.

© Nico M photographe au festival Mythos

Written By: Anne Sophie Gombert

No Comments

Leave a Reply