Lou Tavano

Mythos : Lou Tavano, bien plus que le Jazz

Avec entrain et bonne humeur, Lou Tavano et Alexey Asantcheeff ont répondu à nos questions dans le cadre du festival Mythos. De la musique mais avant tout des histoires à raconter, c’est avec une envie de partage que ces deux artistes nous ont parlé de ce qu’ils aiment.


Comment as-tu commencé la musique ?

Lou : « J’ai commencé la musique par le biais de mon papa, batteur dans le rock, et je pense qu’il a toujours eu cette frustration de ne pas jouer d’un instrument harmonique, ni de piano, ni de guitare… Quand j’ai eu l’âge de 5 ans, il m’a raconté le plus beau des mensonges pour que j’accepte de jouer un de ces instruments. Quand j’étais petite, je voulais être coiffeuse, comme beaucoup de petites filles et il m’a dit : “tu veux être coiffeuse, très bonne idée, par contre, il faut savoir jouer du piano !”, et je l’ai cru. Je me suis alors inscrite au conservatoire à l’âge de 5 ans et j’ai fait du piano jusqu’à 16 ans, aux environs de l’adolescence. Mais dès mes 10 ans, j’ai commencé à m’accompagner avec le piano, à découvrir ma voie et c’est donc par le biais du classique que j’ai découvert la musique. Même si le conservatoire m’a un peu “traumatisée”, très théorique, le fait d’apprendre le piano m’a permis de découvrir quelque chose de primordial dans mon parcours aujourd’hui : l’interprétation. »

© Franck Boisselier Studio au festival Mythos

Tu as donc commencé par le classique et aujourd’hui le jazz mais tu ne te définis pas en tant que chanteuse de jazz, n’est ce pas ?

– Lou : « C’est vrai, je t’avoue qu’il y a très peu de style de musique que je n’aime pas. Je suis très influencée par le biais de mon père, par la folk américaine, par la soul, le rock, le blues. Disons que j’en ai écouté beaucoup mais je n’en chante pas. J’ai découvert le jazz que très tard. Il y avait certains amis de la famille qui, eux, étaient musiciens de jazz et qui m’ont entendue chanter, j’avais environ 15 ans. Ils ont dit à mon père, “ta fille doit chanter du jazz”, j’avais répondu, “non pas du jazz, le jazz c’est chiant”. J’avais beaucoup d’aprioris sur cette musique. Un jour, on m’a fait écouter des chanteuses comme Nina Simone, Billie Holiday et, là, j’ai surkiffé. »

– Alexey : « On ne considère pas Lou comme une chanteuse de jazz, ce qu’on peut dire, c’est qu’on a commencé notre collaboration musicale avec un background jazz. On s’est rencontré à l’école de musique, on avait cette culture jazz en commun. Avec nos voyages à l’étranger, on s’est très vite rendu compte, particulièrement dans le premier disque “for you”, et dans le deuxième disque que l’on est en train d’écrire, qu’on avait envie de revenir à nos racines européennes. On a des origines diverses, je suis Écossais d’origine Russe et Lou est d’origine Italienne. On a grandi en France, on se sent très européen mais on a pas envie de faire un plagiat, une espèce d’ersatz de musique qui viendrait de New York ou des États-Unis. »

– Lou : « On a envie de retourner vers nos racines et du coup on se tourne un peu vers la folk celtique car on a commencé à écrire notre deuxième album en Écosse et on est très influencé par la musique folklorique, mais aussi par toute la mélancolie Slave. J’aime le drame (rire). Toutes ces influences qui nous touchent vraiment, c’est à dire : le classique, les musiques folkloriques, le story telling… »

– Alexey : « Petit aparté, on a un peu le “cul” entre deux chaises ! Pour les gens du jazz, on est pas assez puriste et pour tout ce qui est pop, folk, rock, on est carrément jazz. Dès qu’ils entendent un ou deux accords, c’est direct compliqué. Alors que, nous, on veut cette simplicité d’écoute et de toucher le public et, en même temps, on veut l’emmener dans ce que nous on a découvert en travaillant le jazz, c’est à dire, cette richesse, cette profondeur… C’est comme quand tu regardes un film, tu peux voir un blockbuster et passer un bon moment. Parfois tu vas regarder un film profond et être touché, bouleversé et avoir des sentiments, tu prends une bouchée d’un truc, c’est hyper sucré, hyper salé, hyper riche et non, c’est plus subtil. Et là, on est entrain d’essayer de marier toutes ces choses dans la musique. Donc dès qu’on dit que Lou est une chanteuse de Jazz, on enlève 98% de tout ce qui est dit. Notre volonté aujourd’hui c’est de dépasser le Jazz ! »

– Lou : « Aujourd’hui, j’ai envie de chanter devant toutes les générations, pas seulement devant celle de mes parents. »

© Franck Boisselier Studio au festival Mythos

En parlant de story telling, tu aimes raconter des histoires, pourquoi ?

– Lou : « Je trouve cela magique en fait et c’est le propre de notre métier. Je ne me considère pas comme une chanteuse. Pour moi, on est un peu des magiciens ; le but est d’arriver à faire oublier au spectateur ou à l’auditeur son quotidien en l’espace d’une heure. Raconter des histoires, plonger le spectateur ou l’auditeur dans un tableau, c’est réussir à lui faire oublier “sa vie”. »

– Alexey : « Le but de notre background de jazz, ce n’est pas de déblatérer le plus de notes possibles aussi vite et compliquées que possible et d’emmener le spectateur dans des “sphères supérieurs”. Le but, c’est de ramener la personne à des histoires simples, à des choses qu’on connaît tous. Quelque part, c’est ce que tous les artistes font, ceux qui t’émeuvent, te touchent, ce sont ceux qui te racontent des histoires sur lesquelles tu peux t’appuyer.

– Lou : « Pourquoi c’est si important pour moi aussi ? Les histoires qu’on raconte, ce sont nos histoires et je sais que j’ai besoin d’extérioriser, de faire une sorte de catharsis pour aller bien, de partager ! »

En attendant le deuxième album, comment s’est élaboré le processus de création de l’album “for you” ?

– Alexey : « On s’est clashé… beaucoup ! (rire) »

– Lou : « Le truc c’est qu’on est jamais d’accord. »

– Alexey : « On vit ensemble et l’album “for you”, c’est un peu le bilan de nos premières années ensemble. Ca fait 11 ans qu’on se connaît et l’album, c’était, pour elle, pour moi, pour les gens auxquels on a fait des dédicaces dans le disque. C’est aussi les premières histoires que Lou avait besoin de raconter. »

– Lou : « Oui, c’est vrai, d’ailleurs, le titre qui ouvre l’album c’est : “Quiet Enlightenment”. C’est un titre qui est dédié à mon père. C’est une histoire assez compliquée, c’est lui qui m’a transmis cette passion de la musique, cette raison de vivre mais aussi tout le bagage qui va derrière. »

– Alexey : « C’est celui qui la touche le plus, qui l’énerve le plus… »

– Lou : « C’est un peu mon mentor donc je l’aime autant que je le déteste (rire). J’avais besoin de mettre sur papier certaines histoires pour passer à autre chose, pour entamer une nouvelle page. Comme je dis souvent, “ça coûte moins cher d’écrire des histoires que d’aller chez le psy”, c’est un de mes dictons préférés. »

© Franck Boisselier Studio au festival Mythos

Est ce que vous auriez un petit mot pour le P’tit Rennais ?

– Lou : « Longue vie au P’tit Rennais ! Ce sont des associations comme vous qui permettent de promouvoir la culture. Si vous n’étiez pas là, ça serait beaucoup plus difficile de faire notre métier. »

– Alexey : « Bravo pour l’humilité ! Rien que dans le nom, “Le P’tit Rennais”. Contrairement à d’autres, Le P’tit Rennais reste humble et vient poser des questions intéressantes ! »

 

“Je vous avoue avoir été gêné, c’est pas tout le temps qu’on a de tels compliments ! “

 

Written By: David

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