« Make more ! » ou comment j’ai appris le capitalisme

Un après-midi d’octobre, je me promenais au parc du Luxembourg à Paris où j’étais en week-end. Marchant sur les traces d’une partie de mon enfance, je revisitais, en bon pèlerin, les lieux qui m’avaient fait vibrer : le kiosque à marionnette, la mare aux bateaux miniatures, les statues baignant dans leur intemporalité, les bosquets colorés …


C’est alors qu’une grosse averse décida d’apporter une note dramatico-mélancolique à cet instant. Je m’assis sur un banc à l’abri d’un arbre pour goûter le temps et je portais mon regard sur les visiteurs, les passants, les curieux, les consommateurs de vie. Rien d’inhabituel, finalement : des joggeurs, des familles, des couples unis par les liens de Pokémon GoTant de beautés, à faire rougir un hédoniste. A cette vue, je me réfugiais sur mon merveilleux petit portable plein de distractions. Je cherchais un moyen de m’évader, parcourir un autre monde et c’est là que je tombais sur cette petite curiosité : le jeu « Make more ! ».

Un principe simple

Le « Grand boss » doit faire produire des objets par des travailleurs célèbre (oui, on peut engager Hulk) dans des usines destinées à évoluer sous la surveillance de « boss » qui les motivent en tapant des poings sur la table. L’évolution se fait assez rapidement, on emploie le maximum de travailleurs, on les forme pour augmenter la productivité de l’usine, on développe les capacités en améliorant les surfaces de travail, on ouvre de nouvelles usines à ambiance et… on remplace les travailleurs par des robots. L’apprenti capitaliste que je suis a donc joué le jeu du parfait petit esclavagiste moderne en recherche de profit. Je suis arrivé à la production de diamant de l’usine classique en une journée à force de poings sur la table, de bonus de vitesse rendant les travailleurs heureux, d’achats de multiplicateur de profits et surtout : de temps.

Le Grand boss by MakeMore!

Le Grand boss by MakeMore!

Essayer de comprendre…

J’avoue avoir encore du mal à comprendre les subtilités mais je crains que le goût pour le développement exponentiel soit dans ma nature d’humain. Voir se développer un empire financier à partir de « l’achat » d’un simple travailleur et de la sueur de son front pour arriver à la production de pierres précieuses taillées dans chacune de ses usines par des robots gris aux yeux rouges, l’envie de stimuler ces joyeux petits bonhommes issus de différents univers à la force des impacts de mains fermes sur une table rigide… Ford et Taylor n’ont qu’à bien se tenir.

Sur ce, je m’en vais supprimer ce jeu et faire des câlins à des bébés chats. J’ai de toute façon atteint l’objectif absolu : des millions rapportés par la production de produits de luxe par des robots sans personnalité dans des usines supervisés par nos pires cauchemars du patron à calvitie, au clown colérique, en passant par le roi tyrannique, le fermier productiviste et l’institutrice aux gros sourcils.

by Make More!

by Make More!

Written By: Tristan

Étudiant en formation pour adulte au numérique, je suis passionné d'anthropologie, d'éducation, de développement personnel et de culture. Appréciant l'écriture, l'échange et l'insolite, je suis devenu membre du "P'tit Rennais" dans le but de m'ouvrir à de nouvelles réflexions et rencontres.

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