Møme en interview – 1 an après

Møme à l’étage du Liberté, c’était il y a deux semaines. Artiste en vogue et prisé par tous les festivals cet été, il revient dans cette entrevue sur les débuts de son parcours et de sa carrière musicale. On a eu la chance de le re(voir) avant son set et on le partage avec vous !


Tu passes souvent par ici…Est-ce un hasard de tournée ou tu reviens en Bretagne car tu aimes trop les bretons ?

J’adore le public Breton mais c’est le bookeur Allo Floride qui organise la tournée. Il y  a pas mal de festivals, pas mal d’endroits où aller et c’est un plaisir à chaque fois de venir, pas mal de souvenirs d’ici d’ailleurs comme Pano, les Trans…

Comment est-ce que tu es tombé dans la musique ? Qu’est-ce qui fait que ça te touche autant ?

Je suis tombé dedans quand j’étais petit, j’ai commencé le piano vers 6 ans. J’ai fait par la suite un conservatoire en piano classique et ça a vraiment été une passion dès le départ. Dès que j’ai vu le piano la première fois, je ne le lâchais pas, j’ai pris quelques cours et c’est vite devenu quelque chose d’indispensable à ma vie. Je me suis ensuite intéressé à la guitare et d’autres instruments. Et à la musique électronique il y a un bon bout de temps maintenant. Au moment de la fac j’ai décidé de vivre de la musique car j’avais des plans à droite à gauche avec des projets de compos, de reprises et je faisais les deux. Et depuis, je suis là-dedans !

On t’a vu aux Trans en 2016, tu as fait énormément de festivals, de concerts… Est-ce que tu as pris du recul sur ta notoriété, sur tout ce qu’il s’est passé ?

Oui carrément, c’était une année ultra riche dans tous les sens : il y a eu aussi bien les lives que l’album qui a commencé à circuler. J’ai pris du recul sur pleins de choses, notamment sur ce que j’envisage l’année prochaine sur mon prochain live, j’ai beaucoup de pistes. Ce qu’il y a justement de cool dans la tournée c’est qu’on se remet tout le temps en question. Aujourd’hui j’ai l’impression d’avoir installé quelque chose, un style, une scénographie. Le fait de travailler avec des techniciens, une équipe qui a amené mon album en live jusqu’à un certain point, je n’avais jamais fait ça avant. Ça me donne l’expérience aujourd’hui pour faire quelque chose, je l’espère, d’encore mieux l’année prochaine. Donc oui j’ai pas mal de trucs en tête et beaucoup d’espoir pour la suite.

À trop jouer tes morceaux ça t’arrive de te lasser de ce que tu joues ?

Oui, quand je me lasse, j’essaye de trouver un petit détail qui va me remettre dedans. C’est la fin de la tournée et j’ai l’impression d’avoir vraiment poussé au détail près ce live. Aujourd’hui c’est un peu l’apothéose, c’est le moment où les gens viennent me voir en concert et où je ne peux pas donner mieux de ce que je donne sur cette tournée avec cet album.

Quelles sont tes influences, sont -elles uniquement musicales ou bien tu pioches à droite à gauche ?

J’écoute beaucoup de musique, je suis toujours comme ça. J’apprends énormément des tutos mais ça reste toujours porté très musique, très geek, c’est très ciblé. J’apprends toujours et ça c’est indispensable. Pour moi c’est vraiment la clé de tout, de connaître les nouvelles technologies, de s’inspirer d’autres producteurs qui travaillent autrement. J’ai mon mode de vie aussi, là il y a eu la tournée, avant ça l’Australie… C’est un peu comme ça que je prends mon inspiration, je sais maintenant où je veux aller, quel type de vie j’aimerais avoir… J’apprends aussi de mon entourage, de mon environnement.

On sent que tu as un rapport fort au voyage, on sait tous que tu as composé Panorama en Australie. Quel lien tu fais entre le voyage et la musique ?

Quand tu pars à l’étranger, tu perds tes repères et tu ne t’en rends pas compte sur le coup. C’est quand tu rentres que tu prends du recul et que tu te dis : « Ah ouais putain j’ai fait ça ». Ce qui est assez cool en musique c’est que tous ces moments-là tu n’y attends pas et tu créés des choses que t’aurais jamais réalisés si tu n’étais pas parti.

 

Møme c’est une équipe ou c’est vraiment toi qui fait tout de A à Z ?

De base c’était moi et ça l’est toujours sauf qu’aujourd’hui je suis entouré d’un label indépendant, d’amis qui ont leurs projets et j’ai un contrat en major qui me permet de toucher encore une autre sphère. C’est ce qui m’a permis d’avoir la radio l’année dernière. Je fais de la musique pour moi, pour le live, je me considère comme un artiste indépendant et pas un artiste radio. Aujourd’hui les radios me suivent plus trop mais on verra sur le prochain album comment ça se passe.

Qu’est-ce qui a donc fait exploser Aloha ?

C’est Electro Posé (chaine YouTube) qui a vraiment été le premier à partager mes sons au commencement du projet Møme. Aloha était un titre fort avec la voix de Merryn. Tout ça c’est surtout une question de timing. Au moment où j’ai écrit Aloha j’avais une dynamique de compos et de projets qui étaient au plus haut niveau. Je partais en Australie sans matériel pour faire un album car je n’avais pas vraiment les moyens à l’époque-là. J’avais même des ambitions qui étaient trop haute par rapport à ce que je voulais faire finalement. Et c’est le jour où Aloha a été partagé, que cela m’a fait sortir un peu de l’ombre, ça a vraiment été une étape très importante. Ça m’a tout de suite donné les moyens de faire et de me mettre totalement à fond. Et aujourd’hui je suis très content d’être arrivé là. J’espère continuer, être inspiré mais il n’y a pas de raison que ça s’arrête.

Es-tu d’accord avec l’étiquette Chillwave qu’on colle sur ta musique ?

Les gens qui sont venus me voir en live ne disent plus trop que je fais de la Chillwave ! À partir de la moitié de mon set je pars dans quelque chose d’autre plus électronique et c’est vraiment ça qui me plait au fond. J’adore la Chillwave aussi mais comme tout, ça a été une période de ma vie artistique et mes goûts musicaux changent très vite. J’écoute tout le temps de la musique différente, je m’inspire de tout. Ce style sera pour moi associée à Panorama et il y aura certainement encore des sonorités dans le prochain album qui rappelleront cette histoire.

Tu bosses en ce moment sur un autre album ?

Oui, tranquillement, j’ai beaucoup d’idées. Mais c’est toujours pareil, je ne veux pas me perdre, je ne veux pas partir en cacahuète quelque part où on ne me comprendra plus.

Des labels qui te suivent, te drivent, est-ce que tu arrives quand même à garder ta ligne de conduite ?

Oui carrément. Je décide de tout. J’ai une notion qui est pour moi très importante, celle des compromis dans la musique. Il y a beaucoup d’artistes excellents qui ne font pas de compromis et qui se retrouvent bloqués par des décisions, c’est dommage. Et j’essaie justement d’éviter ça sans vendre trop son âme, donc jongler entre les deux pour moi c’est un truc vraiment important. Il faut connaître son industrie et savoir où on est. C’est quelque chose qu’on apprend avec le temps à force de faire de la musique et d’être entouré de gens du même milieu qui essaient d’en vivre toute leur vie.

Tu comptes essayer d’explorer d’autres styles dans des projets futurs ?

Oui ! Je me suis beaucoup posé la question. Mais une chose est sûre, je vais rester dans quelque chose de très électronique et organique. C’est vraiment ma ligne de conduite artistique. Je ne veux pas partir dans trop de synthèse, des sons trop indus’, mais j’ai justement envie que l’électro ouvre des idées à des gens qui font de la musique qu’avec des instruments. J’explore pleins de nouvelles technologies, de nouveaux instruments. Et ça va me permettre d’avoir des sonorités, des techniques auxquelles même le meilleur musicien du monde n’aura pas pensé car il sera concentré sur sa batterie par exemple. Faire de la musique aujourd’hui c’est de plus en plus facile car tout se trouve partout, n’importe qui peut en faire. Après c’est la patte de chacun qui fait le reste.

J’ai hâte de retourner en studio. Là je suis dans une période où je prends tout avec moi, j’attends juste le moment où je serais un peu posé pour poser des bases. L’année prochaine je vais sûrement voyager à nouveau pour trouver la touche qui va faire la différence sur mes titres. Ce truc qui leurs donnent une histoire, avec un vrai vécu derrière. C’est un peu comme ça que l’album australien s’est fait.

Quelle est ta manière de procéder quand tu composes ?

Souvent je me dis qu’il y a une technique qui est plus simple comme trouver une sonorité sur un synthé, faire une boucle et puis construire tout autour. Sauf que la plupart du temps ça marche une ou deux fois et puis après je bloque, j’ai plus d’inspiration. Je trouve donc une autre manière de composer. Avec un autre instrument, une voix, une autre manière, ça se n’arrête jamais il y a toujours un quelque chose de nouveau qui va me donner une inspi’. Mais la manière de composer change tout le temps.

Après j’ai toujours la même manière de procéder. Il y a le moment de création, le moment de mise en forme et après le mix. Le mix c’est ce qui me prend le plus de temps en général car ce n’est pas évident de prendre du recul et mixer quand tu composes. Souvent tu demandes à d’autres gens. C’est quelque chose de très dur à faire mais j’ai la fierté de me dire que j’ai mixé mes morceaux moi-même !

Tu bosses avec quels logiciels ?

Je bosse avec Ableton en compo et en live, un peu FL Studio de temps en temps auquel je suis en train de m’initier. Avant c’était Logic. C’est vraiment histoire de voir un peu les différents logiciels mais je suis vraiment sur Ableton.

Est-ce que tu es toujours sur ton petit nuage en live ?

Oui, il est toujours là ! Il a un peu évolué depuis le début. On l’a animé, maintenant il y a des LEDs dedans qui s’allument en fonction du set. On a fait quelque chose de plus flash.

Le nuage ça vient du côté enfantin, c’est lié à Møme. Il y a une question d’insouciance quand je suis sur scène. Je m’en fous, je ne suis pas aussi exigeant. Je suis très perfectionniste pour tout le reste, quand je suis chez moi ou en studio mais dès que je suis en live, je me dis que je n’ai rien à prouver et que je suis là pour m’amuser et c’est peut-être aussi comme ça que j’arrive à me lâcher. Je suis conscient de pas avoir le meilleur niveau, mais c’est ma manière aussi d’avoir du jeu de scène et c’est vraiment mon équilibre. J’ai eu un déclic. Avant j’étais tout l’inverse, je voulais tout faire parfait sans qu’un truc puisse passer à côté et après je me suis rendu compte que ce n’est pas ça le plus important.

 

Il a Y a un truc qui t’a donné ce déclic-là ?

Il y a un an aux Trans j’étais dix fois moins à l’aise qu’aujourd’hui, c’est vraiment un truc qui se prend sur le temps. Souvent quand je n’ai pas joué depuis longtemps la première date est un peu spéciale mais après ça va, ça revient vite !

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

De l’inspiration et du fun !

En effet, nous n’avons pas été déçus. Première partie qui nous met bien dans l’ambiance avec un son électro très planant. Saavan, on valide !

Puis Møme, sur son petit nuage, nous a fait visiter les 4 coins du monde le temps d’une soirée comme on l’attendait. La deuxième partie du set part en effet vers un style beaucoup plus électronique qui promet énormément pour la suite. On a hâte d’être au prochain album. On lui souhaite donc beaucoup d’inspiration et de fun !

HAVE FUN

 

 

Written By: Chloe

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