REDOUANNE HARJANE : « Mon but, c’est de toucher les gens »

Un talent parmi les talents, je suis allé interviewer ce personnage afin que vous puissiez en apprendre plus avant d’assister à son spectacle le Dimanche 5 Mars, à l’Antipode MJC.


Qu’est-ce qui t’a poussé à faire le métier d’humoriste ? 

Déjà, je ne me considère pas vraiment comme un humoriste, enfin disons que je ne me considère pas comme un mec qui cherche à faire rire les gens coûte que coûte. Alors je dois forcément avoir un mal-être quelque part, mais ce n’est pas ça que je cherche à compenser en essayant de faire rire les gens. En fait, je cherche à toucher les gens. C’est sûr que je fais un spectacle d’humour, mais du coup dans lequel j’essaie de faire rire les gens avec intelligence, avec discernement. Je veux pas juste que le public, si tant est qu’il y a des gens dans la salle, qu’il consomme une blague comme ça se fait maintenant sur le net ou sur scène ou bien qu’ils rient sans savoir pourquoi.

C’est vraiment un moyen de véhiculer ta vision de la société actuelle par le biais de l’humour ?

Exactement, mais sans non plus faire de la politique.

C’est la vision d’une personne lambda qui vit avec les autres….

C’est exactement ça, on vit dans le même monde, ça part en couilles pour tout le monde. Alors il y a certains milliardaires, millionnaires qui n’en sont peut-être pas conscients, mais attention, je ne suis pas un anti-capitaliste, à un moment donné faut être conscient qu’on vit dans le même monde et que le libéralisme est partout. Et que moi à ma petite échelle avec un spectacle ou deux, je peux changer des choses en étant justement correct et en respectant mon éducation, et en ne devenant pas le produit d’un truc parce que sous prétexte que j’aurais un minimum de succès ou machin truc, du coup, il faut rester attentif et je pense que par l’humour on peut réussir à mettre le doigt sur des choses très sérieuses, mais toujours avec beaucoup d’humour.

Du coup, ton humour est plus basé sur l’humour noir ? 

C’est sûr que je dis des trucs trashs, des trucs un peu obscurs par moment, mais mon but, ça reste jamais de choquer. Mon but, c’est de toucher les gens, et j’adore faire rire autour d’un sujet très pointu et qu’il y ait tout type de publics qui rient à la même blague.. J’adore.

Tu as commencé à prendre de la notoriété, je puis dire sur la scène française par le biais du « Jamel Comedy Club ». Comment s’est fait ce premier contact ? 

Lui, il a monté une salle de théâtre qui s’appelle  »Le Comédie Club » dans laquelle il fait des scènes ouvertes tous les mardi animées par Jean-Michel Joyeau. Et du coup, j’y suis allé une première fois, Jean-Michel m’a invité à revenir puis qu’il aurait aimé que Jamel me voie, il a fait venir Jamel et il m’a découvert un soir. Ça a été très vite, il m’a tout de suite proposé de l’accompagner en première partie de son spectacle et de travailler avec lui.

Je voulais savoir si tu pouvais me définir les spécificités de ton personnage en quelques mots ? 

Chapeau ; Conscient ; Inconscient ; Rêveur ; Je t’ai défini mon personnage en quelques mots (rires). Non, mon personnage, pour faire court, c’est un mec comme toi et moi qui vit dans un monde qui sombre petit à petit, et donc cet homme-là, i raconte un peu comment il perçoit les choses. Il ne dit pas comment faire pour aller mieux ou ci ou ça, il dit juste ce qu’il ne va pas, il observe, il décortique.

Je voulais savoir ce que tu recherches dans le stand-up ? 

Bah moi ce n’est pas le stand-up ou seul-en-scène ce que je recherche, contrairement à ce que l’on pourrait croire ce n’est pas du tout la solitude, c’est le contact que je peux avoir avec le publique.

On a l’occasion de te suivre au cinéma, notamment dans « Comment c’est loin » avec tes potes Orel et Gringe, ou bien dans « Tout à fait ». Que représente le cinéma pour toi actuellement, c’est un avenir concret ou c’est juste du bonus qui est présent à côté de l’humour ?

Pour moi, le bonus dans la vie, ce n’est pas juste une sélection que je fais par rapport aux spectacles ou de façon carriériste, après bien sur que quand un réalisateur ou une réalisatrice font appel à toi, c’est classe, tu te dis que ça fonctionne ou ci que ça. Maintenant, il faut être au service d’une histoire, quand je fais le film d’Orel, déjà, c’est un ami, on n’est pas dans une prétention autre que celle d’être au service de mon ami et d’être au service de son histoire, même s’il y a beaucoup de légèreté dans le film, c’est un premier film, avec un vrai discours sociétal, c’est un mec de province, moi je suis un mec de province aussi, donc il y a une espèce de cohérence à être dans ce film-là.

Et puis, les autres films que j’ai fais jusqu’à maintenant, c’était des comédies assez classiques assez populaire, « Prêt à tout » avec Mac Boublil Aïsa Maïga ou alors « À toute épreuve » où là, j’interprète un prof, ça reste des comédies assez légères. Là, le film de Sarah Forestier,  »M », c’est une tout autre histoire, on est dans un truc où c’est un premier rôle masculin, c’est ma première expérience à ce niveau-là, donc je ne peux pas te dire, te répondre, tant que le film n’a pas de vie, tant que personne ne l’a vu. Mais en tout cas pour l’avenir, si on doit me proposer des trucs, j’irais que si ça reste cohérent avec moi. Le monde part trop en vrille pour que l’on fasse des films qui n’ont pas de sens. Il y a trop d’argent dans le cinéma pour que ça n’ait pas de sens.

On a pu te voir également dans les dessous du rock avec Oxmo Puccino, comment s’est faite cette entente, d’où est venu le projet de base ? 

C’est moi. J’avais envie d’écrire une série dans cet univers-là, autour de la musique, autour de la tournée, autour du Off de la tournée.

Après cette expérience de micro-série si je peux la qualifier comme ça, as-tu d’autres projets similaires dans cet univers ? 

Je suis en train d’écrire, aussi bien en série que le long.

On peut te qualifier comme « confirmé » sur scène, je pense. J’aimerais bien que tu me parles de ton nouveau spectacle que tu vas jouer ce week-end à Rennes. Quelles idées veux-tu y véhiculer ? 

Moi, je ne véhicule pas d’idées, encore une fois ce n’est pas de la politique. Maintenant, c’est sûr qu’il y a une sensibilité quoi. Moi, je pense qu’il faut assumer, je suis un homme qui assume sa sensibilité, qui assume sa mélancolie. J’écris mes blagues comme je voudrais et comme j’espère pouvoir écrire des poèmes. C’est comme ça que je le pense.

Je voulais te parler de ton personnage Gabriel Simon, d’où vient ce personnage ? 

Il y a des choses que j’ai envie de dire en chanson, donc je me suis permis de me donner le droit d’inventer ce personnage, et je vais le faire exister de pleins de façons différentes ; là, j’ai fais un clip déjà avec lui. Je vais essayer de le faire exister différemment, peut-être dans une petite série, on va voir.

Ce personnage est-il d’un côté un aboutissement qui rassemble l’humoriste et l’artiste musical ? 

Ouais peut être, c’est ça, ouais. C’est judicieusement observé, ouais, peut-être. Mais attention, je vais quand même faire de la musique sous mon propre nom à moi.

Tu m’as dit que tu avais des projets d’avenir autour de ce personnage. Au niveau de tes confrères humoristes, j’aimerais que tu me donnes ton top 3 des meilleurs humoristes que tu côtoies ou connais.

En femme, je dirais Blanche Gardin. Sinon y’a Maxime Gasteuil qui est sympa, j’aime bien le bonhomme, il a une bonne… Sympa. Sinon, bah, les potos quoi, Malik Bentalha.

Tu dois certainement connaître Jonathan Cohen qui joue le rôle de Serge le Mytho. Je voulais savoir si tu avais pensé à faire une sorte de combo entre vos deux personnages ? 

(Rires) Bah pourquoi pas, très bonne idée, je lui en parlerais, mais pourquoi pas.

On part sur autre chose, j’aimerais que tu me cites 3 films de ton enfance qui t-on marqué. 

Man of the Moon, Sacré Graal, j’ai pris une claque, et Terminator 2.

Au niveau de ton couvre tête, on peut voir que tu le portes souvent. Qu’est-ce qu’il représente pour toi ? C’est un symbole ou juste un accessoire de mode ?

C’est un accessoire de mode et aussi, c’est pour me permettre de faire des films sans chapeau.

Quelles sont tes principales influences musicales ? 

Le punk rock et la musique classique.

Si tu devais me donner les titres de chansons que tu écoutes tous les jours, ça serait lesquels ? 

Tout Nate Dogg ; Colin Hay – Beautiful world ; The Clash – London Calling

 

Tu connaissais Rennes avant de venir jouer dimanche ? 

J’y suis allé il y a des années. Quand je te dis que j’y suis allé il y a des années, c’est il y a plus de 12 ans.

Ça va être la redécouverte alors…

Ça va être un comeback, le retour de l’enfant prodige. (Rires)

Pour finir, un petit mot pour Le P’tit Rennais ? 

Eh bien, merci d’avoir pris le temps de me parler, et je suis sûr que même si vous avez l’humilité de vous appeler Le P’tit Rennais, je suis sûr que vous êtes des grands. La Bretagne, vous êtes des grands.

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