REKTA : « Avant, on voulait découvrir les artistes via les magazines, maintenant tout est sur internet »

Originaire de Rennes, REKTA est le seul artiste français à avoir collaboré avec des rappeurs de Compton, berceau d’Eazy E, Ice Cube, Dr.Dre et Kendrick Lamar. Aujourd’hui, il revient en France avec deux nouveaux albums « Rennes City » et « Hustle Life ».


Tu es avant tout un rappeur originaire de Rennes, mais tu t’es récemment exporté aux Etats-Unis, plus précisément en Californie. Peux-tu nous raconter comment s’est déroulé ce « trip » américain ? 

Dans un premier temps, je collaborais avec des artistes rennais et français. Et puis, grâce à  Myspace, je suis rentré en contact avec deux-trois Américains dont une rappeuse, Cognac du groupe Doggy’s Angels, un groupe produit par Snoop Dogg. C’est à partir de là que tout a commencé pour moi aux Etats-Unis. Là-bas tout est une question de feeling ou d’argent. C’est un gros business, même le feeling peut s’acheter si tu sors les gros billets. Alors qu’en France, c’est encore tabou dans les collaborations, peu importe l’argent qu’on peut se faire. 

Après la Californie, retour en France. Malgré tes nombreux featurings avec des rappeurs américains reconnus, les médias français boycottent. Comment expliques-tu le fait, de ne pas être autant mis en avant que d’autres sur la scène du rap français ? 

Je fais partie de la scène rennaise, et pour moi, Rennes est à part. Les medias s’intéressent surtout au format musical actuel ou bien à ce que leur fournissent les différents attachés de presse. Moi perso, je n en ai pas.

Je trouve ça dommage, j’aimerais clairement un peu plus de notoriété. Certes, je fais du rap pour mon propre plaisir mais je cracherais pas sur un peu plus de lumière. Et puis, les médias aujourd’hui, avec le déclin de l’industrie du disque, ils ont peur de prendre des risques. C’est toujours plus compliqué pour ceux qui ne suivent pas la tendance actuelle.

Le mois dernier, tu as sorti un projet « Rennes City » avec ceux que tu considères comme « la crème du rap rennais ». Comment as-tu fait pour réunir autant d’artistes sur un seul et même album ? 

C’est un ensemble de plein de choses qui m’a donné envie de faire ce projet. Mon rêve, c’est de faire définitivement ma vie en Californie mais avant d’y retourner, je voulais faire un projet officiel dans le but de mettre en lumière une autre ville qui me tient cœur, Rennes. Tous les artistes présents sur le projet ne sont pas spécialement des artistes que je follow ou que j’écoute mais ils sont les plus influents de la ville. Et puis c’est cool de se dire que le temps d’un projet, tout le monde se réuni. Personne n’a chipoté du style :  « Je ne m’associe pas avec un tel ou un tel. »

Pochette de l’album « Rennes City »

Sur la pochette, c’est écrit « La Niche », c’est ton crew ?

En 2013, Twareg et moi avons décidé de faire un projet ensemble, La Niche. On voulait juste se faire plaisir. De là, on a sorti deux mixtapes, puis un album, et puis on s’est séparé pour diverses raisons. Aujourd’hui, j’ai juste conservé le nom « La Niche ». 

Juste après, tu as sorti un autre projet Marche ou crève, quels ont été les retours ? 

Les retours ont été positifs, mais un peu moins que la mixtape « La Niche ». Les morceaux étaient moins écoutés en streaming. J’ai pris plus de temps pour produire « La Niche » que « Marche ou crève », ce projet s’est fait vraiment super vite. 

Avec l’album Hustler Life, qui sort le 09 juin, on retrouve tous tes collaborations des Etats-Unis mais aussi des rappeurs français comme Seth Gueko et Lacrim.  Pour le dernier, tu avais déjà fait un freestyle avec lui et Fianso. Et là vous faites un featuring ensemble…

Oui, il y a Lacrim et Seth Gueko qui ont donné de la force sur cet album. Le but c’est d’ouvrir le projet tout en gardant ma ligne directrice. Les plus jeunes pourront découvrir des américains comme RBX, BIG TRAY DEE ou bien Lil Eazy E (fils de Eazy E) et donc de revenir un peu plus sur le berceau du rap. Il y a tous les ingrédients pour capter les plus jeunes qui n’ont pas forcément la même culture musicale que les personnes de ma génération.

Pochette de l’album « Hustle Life »

C’est un de tes projets les plus aboutis ?

Depuis MC Made In West Volume.2 que j’ai sorti en 2010, c’est le projet le plus abouti.

Aujourd’hui  le rap compte beaucoup plus d’artistes qu’il y a dix ans. C’est aussi le genre musical le plus écouté en France. Quel regard portes-tu sur cette évolution ? 

Les gens ne cherchent plus, avant on voulait découvrir les artistes dans les magazines. Maintenant tout est sur internet, les jeunes ne vont pas chercher plus loin, ils prennent tout ce qui se passe. Pendant notre époque, on essayait de se renseigner les trucs un peu plus underground. La plupart des gens ne se fatiguent même plus, alors qu’il se passe énormément de choses. Il y a un peu « une flemme nationale » de découvrir de nouvelles choses.

Un p’tit mot pour Le P’tit Rennais ?

Merci pour l’interview et de mettre en lumière la ville de Rennes. Force à vous !

Written By: Sterling

Je partage mon temps entre écouter de nouvelles sonorités musicales, dévorer des séries télévisées et analyser les médias.

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