[URBAINES 2018] Interview de l’Or Du Commun

Les Urbaines furent le temps pour notre équipe de rencontrer le groupe le plus cool de la Belgique. Comme une discussion entre potes, nous sommes revenus sur leurs débuts, leurs avenirs et plus.

Vous voyez un peu les différences entre le rap belge et français comme ça à chaud ?

Oui et non, parce que je pense que ce n’est pas la nationalité qui fait la différence. En Suisse par exemple, on avait un public qui nous connaissait plus à nos débuts, alors que la France nous connaissait moins. En Suisse ils seront plus réceptifs à nos anciens morceaux même si cela est en train d’évoluer. Et part rapport à la France, déjà c’est tellement grand. Je trouve que la France c’est trop grand. Même à Paris, chaque quartier est différent. On va dire que la seul constante c’est le public qu’on a en face de nous.

Il y a pas mal d’évolution entre ce que vous faites maintenant et ce que vous faisiez avant. Comment ça se fait ?

Il y a plusieurs choses déjà. On a eu beaucoup de chance. On a eut assez vite un petit public, un petit terreau et les premiers clips c’était vraiment notre tout début. L’évolution elle est très rapide au début d’une carrière et par la suite elle se ralentit. C’est normal. Et puis il y a eu plusieurs événements, comme le départ de Félé Flingue. On a aussi rencontré Vax1 qui lui, a amené une couleur plus particulière. Il nous a poussé à davantage explorer le chant. Et puis on a été influencé aussi bien sûr par l’ère du temps. Ce qu’il y a aussi c’est quand on a démarré on le faisait aussi un peu naïvement, sans grande ambition, il y a toujours une approche plus professionnelle pour nous. On va beaucoup plus penser en terme de fréquence de sortie par exemple. Et puis aussi de produit. Nos choix sont influencés par d’autres choses qu’à nos balbutiements.

Vous vous êtes rencontré comment déjà ?

On était deux binômes au départ ! Primero et Loxley d’un côté, Swing et Féfé Flingue de l’autre. Félé a rencontré Loxley. On faisait partie d’un petit groupe de pote du même quartier, il nous a fait rencontré son cousin (Swing). Ça a matché direct.

 

 

En Belgique il n’y a pas de rap game, contrairement à ce qu’on peut retrouver en France. Est-ce que vous pouvez m’en parler ?

Après ça dépend de qui tu parles. Des artistes comme Damso par exemple sont plus dans le game. Mais la Belgique c’est tellement petit, quand tu commences réellement à fonctionner comme Damso tu es plus rapidement assimilé au rap game français. La Belgique c’est tellement petit que c’est normal. Et puis c’est assez récent aussi qu’il y ait de réelles carrières dans le rap en Belgique. Il y a deux ans, il y avait pas d’argent investit dans le rap. Il n’y avait presque personne qui en vivait. Peut-être dans les maisons de disques. Mais cette concurrence qu’il y a en France, on ne l’a pas remarquée tout de suite. Finalement c’est un truc qu’on apprend à observer en marge. On sent qu’il y a une différence avec la France. C’est la taille du territoire et le fait qu’il y ait deux langues aussi. On se connaît quasiment tous. S’il y avait de l’argent dans le rap en Belgique, cette compétitivité on l’y retrouverait également. Comme souvent l’argent c’est le nerf de la guerre. Après j’espère que ça va rester comme ça.

Il y ‘a une différence entre la France et la Belgique aussi par rapport au climat social. On n’a pas besoin de jouer des coudes de la même façon. Socialement il y a des trucs plus ancrés dans la réalité. La vie est plus chère et plus difficile en France. Je pense donc que dans n’importe quel milieu, d’autant plus dans la sphère culturelle, les gens doivent jouer des coudes pour réussir. Alors qu’en Belgique, on a moins de soucis sociaux, il y a de la place pour tout le monde. On est au début d’un truc, il n’y a pas de raison de se tirer dans les pattes. On est aussi la génération qui n’a pas non plus vécu le début du rap, donc on ne peut pas vraiment en juger.

 

 

Et par rapport à l’Hymne National et Damso ?

Pour tout te dire on a pas d’avis sur la chose. C’est un non-débat. On comprend les pressions qui ont motivé le « faut pas que ça se passe », mais je crois que dans l’ensemble, la plupart sont à côté de la plaque. Ils pointent le problème vers une personne, alors que ce n’est pas lui le problème. C’est un faux débat, c’est un peu comme tout, on va en parler et on va passer à autre chose. Damso a parlé de lui, il a fait sa pub, donc en définitive c’est positif. On adore ce qu’il faut, on respecte à fond son travail, pour nous il n’aurait pas dû être interdit. Mais il y a eu des institutions qui relèvent qu’il doit représenter la nation, et qu’il a des textes qui ne sont pas facile pour tout le monde. Le fait que le débat ait eu lieu, je trouve que c’est déjà une avancé. Après la finalité que l’Union Belge retire parce que derrière il y a des sponsors, c’est Proximus et Coca-Cola, et du coup il y a de l’argent en jeu.

Et sinon vous, individuellement maintenant, est-ce que vous avez aspirez à d’autres projets en solo ? Je sais que Swing le fait déjà avec son projet Marabout ?

Déjà je vais te dire (Swing), je ne sais même pas si on peut appeler ça un projet solo, pour moi ce n’est pas encore une carrière. J’ai adoré le faire et il m’apporte beaucoup de choses qui permette d’en faire de nouvelles. Ce qui est nouveau du côté de Swing c’est qu’il fasse de la scène en solo. Moi (Primero) j’ai aussi fait un projet solo en 2015, mais avec les moyens qu’on a eu depuis ça nous a permis de sortir le solo de Swing de manière plus conséquente. Chacun de nous trois à des envies de solo ça c’est sûr. On le fera en temps voulu tu vois. Moi sinon (Loxley) j’ai une émission pour le service public belge. Ils ont lancé une chaîne web dédiée au hip-hop et je tiens ça. C’est des interviews en mode émission, parfois proche du documentaire.

 

 

Et le futur ?

On le voit positivement. Le fait qu’il y ait des gens qui maintenant s’identifie à nous, on y était pas spécialement préparé. Maintenant le fait de pouvoir appréhender le truc, avec nos réseaux, c’est pas mal. Mais au-delà de ça, on fait de la musique qui parle à des gens. Il faut toujours essayer de le voir de la bonne manière. Naturellement on a beaucoup de retenu vis-à-vis de ça. On voit les choses avec beaucoup de retenue. Il y a des gens qui cherchent ça, pour nous c’est plutôt le contraire. C’est parfois compliqué. Et puis même tous les trois on tient à véhiculer des valeurs que l’on juge bonne. Au niveau du futur, concrètement, c’est dans notre optique d’aller loin. Mais on ne sait jamais ce qui peut se passer. L’objectif pour nous c’est de gagner notre vie bien et ne pas retourner faire un job de merde. Avoir une vie de créateur qui nous enrichit. On a tous fait des job étudiants, tu n’as pas trop l’impression de t’accomplir.

Written By: L'Hermite Sombre

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