Arnaud Rebotini : l’Antipode aux temps des machines

Vendredi soir, on nous avait promis une furieuse soirée à l’Antipode et on n’a pas été déçu·e ! Forte de ses programmations électroniques mémorables à la Salle de la Cité, l’Uzine ou au Jardin Moderne – mais aussi au diabolique Macadam à Nantes, entre autres – l’association LENA déroulait ce week-end un plateau entrée-plat-dessert humains/machines. Trois groupes, quatre artistes, des patchs modulaires bien tordus et des milliers de kicks étaient réunis pour nous offrir une fin de semaine fracassante.

La rutilante salle cubique de l’Antipode et sa qualité technique sons et lumières ont fait honneur à chacune des ambiances proposées tour à tour par Bye Bye Panke, Cate Hortl et Arnaud Rebotini venu.e.s d’ici et d’ailleurs faire trembler Rennes.

Bye Bye Panke d’abord, expédie dès 20h30 notre digestion dans nos talons et impose son univers digne d’un voyage intersidéral pour notre plus grand bonheur. Les deux amis sont du cru et accompagnés par les Transmusicales grâce auxquelles ils performent déjà en 2021 à l’Étage. Leur duo est d’une efficacité redoutable et nous prend par la main avec leur plaisir communicatif à mesure qu’ils appuient sur l’accélérateur. Avant que la soirée n’oublie tout instrument mécanique (sinon quelques cordes vocales), les coups de caisse claire nous cognent les tympans tandis qu’arrivent les retardataires. Voilà une première partie qu’il ne fallait pas louper. Il paraît qu’il ne faut pas faire de sport après manger… c’est raté !

Cate Hortl prend alors possession de la scène. Son live, sombre et tout en progression remet nos pendules à l’heure. Après un duo parti en roue libre sur l’autoroute de la teuf, Cate temporise. Elle casse, elle broie et reconditionne à sa sauce la salle de la MJC quasi pleine. Clairement diplômée d’une maîtrise en potars, touches noires & blanches et signaux analogiques, Cate Hortl aka Charlotte Boisselier déroule un show singulier. Forte des propositions variées de ses précédents projets, elle propose un live tantôt torride et entraînant, tantôt glacial et affuté. On raconte qu’elle serait allée composer ses tracks aux quatre coins des mondes, sur l’autre rive du Styx, en Sibérie soviétique et même sur l’étoile noire, cette gigantesque boule disco maléfique. Merci pour tout ce chemin parcouru, on sort du concert chauffé·e·s à blanc.

L’aura d’Arnaud Rebotini arrive finalement parmi nous, suivie de près par son enveloppe charnelle. L’homme dont la réputation n’est plus à faire, à la carrière longue comme l’arrivée du métro et au style inimitable enfourche ses bécanes pour plus d’une heure et demie vrombissante et tonitruante. Avec le talent qu’on lui connaît pour empiler boîtes à rythme, lignes de basses synthétisées et mélodies calibrées, l’icône techno aux allures de rockeur propulse la salle comble dans une autre dimension. Ce soir-là, le compositeur oscarisé fait littéralement des pieds et des mains avec ses 360° de machines pour embraser le public du sol au balcon. On trouvait cette soirée déjà très réussie, nous voilà soufflé·e·s par l’onde de choc Rebotini. Aux manettes de plus de 800 fêtard·e·s en ébullition, le taulier jouera jusqu’à ce qu’on le foute dehors. Mouillant le maillot comme on chauffe un stade rouge et noir, il enchaîne les titres et les tubes. On ne boude pas notre plaisir tandis que le chanteur de Black Strobe agrémente le sien au micro de sa grosse voix faussement hardie.

On surveillera de près les futurs évènements de LENA qui offrait ce soir-là un line-up cohérent, riche et sans faute allant de l’electroclash à la techno en passant par une sombre pop aux accents italo. On savoure, une fois encore, la qualité de la salle encore fraîche, capable de déclencher de tels shows atomiques. De quoi faire transpirer l’hiver à coup de Techno modulaire.

Photos : Marie Kowalski




Written By: Clément Bataillon