Bruxelles arrive ! [BARS EN TRANS]

20 heures, et il y a déjà la queue devant La Notte, là où doit avoir lieu le concert de Caballero, Jean Jass, et Romeo Elvis. Avec mon acolyte, on se dit qu’on a encore une demi-heure pour aller boire un demi picon et un shooter à l’Aeternam. Chose faite, on revient juste à temps pour le début du show.


La Notte est plein à craquer, et tout le monde a l’air chaud, même les jeunes gens sans place restés devant les barrières.

Personnellement, ça fait quelques années que je prête une oreille attentive à ce qui se fait en Belgique niveau rap. Et les gars qui vont monter sur scène font partie de la fine fleur du hip-hop bruxellois. La cerise sur le gâteau, c’est de voir que Primero (qui a lancé Roméo Elvis sur scène avec L’Or Du Commun) l’accompagne. On a hâte de voir ce que peuvent envoyer ces deux-là.

Mais d’abord, ce sont donc les deux protagonistes de « Double Hélice », EP sorti début 2016, qui lancent les hostilités. Avec Eskondo au style raffiné aux platines, ils balancent leur punchlines acérées sur Oh Merde ou Yessaï. Le public est de toute façon, déjà conquis. Ça saute, ça chante en cœur, ça sue. L’endroit est évidemment beaucoup trop petit, mais ça, c’est un détail. Le principal, c’est de se jeter des godets et d’écouter du bon hip-hop des familles avec tes potes non ?

Quand Caba enchaîne avec son classique C’est aussi simple que ça, difficile de ne pas s’incliner. Ce track, pour moi, c’est un peu dans une certaine mesure le Demain c’est loin du rap belge. Il nous dit juste à quel point il kiffe ce qu’il fait, et comment il doit se frayer son chemin à travers le milieu. Produit par Mani Deïz, le morceau est un boom-bap plutôt ordinaire, mais terriblement efficace. Le genre de truc qui te fout la chair de poule quand tu l’entends pour la première fois en live.

« Des idées noires et des pleurs à partager à côté des ratsQui ont raté leurs vies et qui espèrent qu’je foire la mienne. » – Caballero (C’est aussi simple que ça)

 

Vers la fin de leur set, les deux comparses se fendent d’un Repeat que le public a l’air d’écouter tous les matins sous sa douche. Le morceau constitue vraiment le climax de leur E.P. punchlines sur punchlines, c’est surtout de l’egotrip, mais c’est très bien fait, et on ne peut qu’applaudir.

Là-dessus, Romeo Elvis, Le Motel, et Primero prennent le relais un quart d’heure plus tard. Et c’est un tout autre concert qui nous attend. Il y a d’abord la différence de prods et de gars aux platines. Le Motel, avec qui Romeo a sorti Morale, son dernier E.P, c’est plutôt des nappes électro posées, des instrus léchées et parfois lentes. Et niveau textes on se situe ici beaucoup plus du côté du storytelling que de l’egotrip.

Mais ce qui frappe, chez le très grand bruxellois, c’est son assurance, son flow, sa prestance sur scène. Il emmène tout le monde avec lui, et personne ne bronche. Détail important, qui est bien plus marqué dans le duo Romeo/Primero que Caba/Jean Jass : l’écart dans la hauteur et le timbre des voix. Qui apporte aussi une ambivalence assumée.

Une demi-heure après le début du set, le gars au t-shirt trempé décide de le faire tomber : il mouille le maillot comme on dit. Il finit comme attendu sur son titre fédérateur Bruxelles arrive en feat avec Caballero. Et là, tout le monde est fou, plus encore que sur les titres du premier duo.

« Passez-moi cette foutue maille, j‘ai attendu trois piges avant de réclamer les pépettes, tout travail mérite salaire et me parle pas de caissière. » – Roméo Elvis (Bruxelles arrive)

Leurs lives actés maintenant, quelles conclusions en tirer ? Visiblement, le jeune loup qu’est Romeo Elvis sait où il va, comment, et avec qui. On ne peut qu’attendre son prochain E.P Morale 2 avec impatience.

Quant à Caba et Jean Jass, il ne faudrait pas qu’ils se reposent sur leurs lauriers. Très bon show, pas de souci. Mais sans vouloir cracher dans la soupe, refuser une interview de 15 minutes sous prétexte qu’ils sont trop fatigués, Merci Beaucoup ! 

Written By: Le P'tit Rennais

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