Chauffer dans la Noirceur, la parenthèse suspendue

Après plus d’un an et demi sans culture et une époque compliquée pour tout le monde, l’époque des festivals revient. Il aura fallu du courage et beaucoup d’organisation pour arriver à mettre en place ce festival, en gardant son esprit de liberté. Le soleil nous aura fait honneur de sa présence et l’ambiance globale aura permis de garder intact l’esprit si particulier de ce festival presque unique en France.

Tout d’abord, remercions toute l’équipe de bénévoles, petite troupe de plus de 300/400 personnes qui permet la tenue d’événements comme celui-ci. Il faut aussi remercier les festivaliers. Une incroyable bienveillance règne sur ce festival. Aucun jugement : viens comme tu veux, déguisé, bien habillé… chacun sa façon de voir les choses. Tout le monde discute, rigole, fait des rencontres. Le vendredi, beaucoup de festivaliers me confiaient régulièrement qu’ils hésitaient à seulement rester sur la camping car le noyau de ce festival, ce sont les gens et la bonne humeur qui en dégage, plus important encore que la musique. Comme si le contexte n’était qu’un prétexte aux objectifs résolument plus sociaux.

Au delà de ça, je pense que le véritable force du festival fut de nous faire, bien que partiellement, oublier le contexte, assez anxiogène il faut avouer, lié au Covid. Malgré la lourdeur quasi administrative de devoir être masqué à certains moments et faire au moins 2 tests pendant le week-end, c’est intéressant de voir le niveau de relativité que pouvaient avoir les gens. Tout le monde avait réellement pris conscience que ces injonctions ne venaient pas du festival mais bien sûr des consignes du gouvernement. Le contexte ne s’immisçait que très peu souvent dans les discussions. Tout le monde était là pour penser à autre chose et oublier cette époque bien étrange pleine d’absurdités et de paradoxes contradictoires.

Passons maintenant au contenu du festival. N’étant pas resté le dimanche, je ne pourrai pas vous parler de cette journée. Déjà, le site avait été agrandi et des gradins avaient été installés par mesure sanitaire. Cela permettait de n’avoir jamais de queue aux stands et de ne jamais se sentir serré dans la foule. Les gros points forts côté prog’ étaient bien sûr Merzerg, que beaucoup prononçaient Mergez. Il a su faire ce qu’il sait faire, remuer le public. Grosse prestation pour quelqu’un qui est tout seul sur scène. Fakear aussi, bien qu’avec le temps, il devient plus prévisible et scripté : on sait par avance ce qu’il va faire. « Il fait le même show tout le temps » j’ai pu entendre dans le public pendant sa prestation. Grosse prestation aussi pour Réta, qui pourtant n’était pas programmé à un moment des plus propices pour pouvoir exposer son univers au mieux. Réta, ça s’écoute dans le noir.

© Francis Bellamy

Mais comme je vous disais dans l’article d’annonce, ce qui fait aussi le charme de ce festival, ce sont les animations et les associations sur le site et sur la plage. On a eu le droit à des marionnettes de 3 mètres se baladant sur le site. Grosse claque aussi pour le duo de batteries monté sur une installation en forme de moto. Le site accueille également tous les ans des associations qui viennent faire de la sensibilisation ou de la pédagogie sur des sujets très souvent en lien avec le littoral. Par exemple, SOS Méditerranée était présente pour raconter comment cela se passe sur un bateau en mer pour des migrants, au moyen de plusieurs anecdotes marquantes.

Vous l’aurez compris, Chauffer dans la Noirceur est loin d’être un simple enchainement de concerts. C’est un esprit, une philosophie qui traverse les esprits et lie les gens dans la bienveillance. Une bienveillance envers lui-même, les autres, l’environnement. On en ressort toujours beaucoup plus détendu, avec une envie d’aller vers l’autre, sans jugement, sans autre motivation que l’envie de connaître et d’apprendre. Enfin, c’est mon ressenti personnel.

© Rorold Photographie

Written By: L'Hermite Sombre

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