En route sur le chemin de Compostelle

Il y a des moments dans une vie qu’on ne vit qu’une seule fois. Des moments rares, précieux, enrichissants. Ils sont souvent courts, intenses, magiques. J’ai décidé de partir sur le chemin de Compostelle en Juillet dernier. Se lancer dans l’inconnu entraîne un sentiment étrange. C’est un mélange de peur et d’excitation, d’envie et d’incertitude. Je suis partie seule, avec pour compagnon mon sac à dos et mon sac de couchage.


Évidemment ce n’est pas un voyage facile, et il est nécessaire de le préparer. Pour ça, je me suis renseignée sur le site www.chemin-compostelle.fr. Sur ce site, vous trouverez toutes les informations nécessaires pour préparer au mieux votre chemin. De l’itinéraire que vous souhaitez faire jusqu’à ce dont vous aurez besoin dans votre sac à dos, tout y est expliqué clairement. Il vous sera aussi utile d’acheter « LaCrédential ». C’est un carnet qui vous permet d’accéder aux auberges de pèlerin, le principe est simple : quand vous entrez dans une auberge vous montrez votre petit carnet, la personne en face de vous le tamponne et c’est bon ! Je me souviens le plaisir que j’avais quand on tamponnait mon carnet, à chaque fois je me disais« c’est bon je l’ai fait ». Ce chemin est incroyable à tous les niveaux, vous en sortez grandi.

Personnellement, j’ai décidé de suivre le Camino Del Norte, je suis donc partie de St Jean Pied de Port. En descendant du bus, en pleine nuit, j’ai eu le sentiment que j’étais sur le point d’accomplir quelque chose d’important. J’ai tourné la tête de tous les côtés car je ne savais pas où aller,je n’avais pas fait une seule réservation dans une auberge alors j’avais un peu peur de devoir dormir dehors. Heureusement, ce chemin étant de plus en plus emprunté, vous trouverez toujours une auberge où aller. Et si vous ne savez pas quelle route emprunter lors de votre chemin, ne vous inquiétez pas, les balisages sont très présents et très simples à reconnaître. Moi qui ne suis pas très douée en orientation, je ne me suis pas perdue une seule fois. Ce soir là, à St Jean Pied de Port, j’ai donc suivi les balisages, et surtout la foule de personnes je dois dire. Je suis arrivée en haut du village, dans une petite rue de pierres, c’était les fêtes de St Jean. Quel bonheur d’entendre chanter, de voir danser, je suis restée quelques minutes regarder cette fête, tout le monde semblait heureux et mon esprit était apaisé, j’étais sur la bonne voie. Je suis entrée dans une petite auberge. J’ai eu la chance de rencontrer un monsieur extraordinaire, passionné et qui avait lui-même fait ce chemin. Ce que je retiendrai de cette rencontre c’est une phrase«Souviens-toi que le chemin ne t’apporte pas ce que tu veux, mais ce dont tu as besoin. Prends soin de ton corps, écoute-le et ne cherche pas à aller le plus loin possible, ce n’est pas une compétition». Je suis partie me coucher,sereine.
Le lendemain matin, je commence ma marche. Je dois dire que je ne m’attendais pas à ça.


Les paysages sont incroyables, les montagnes plus hautes que je ne pouvais l’imaginer et mon cardio plus fragile que prévu.
J’ai passé cinq jours sur le chemin de Compostelle, je me suis arrêtée à Los Arcos et suis repartie en bus jusqu’à Pamplona pour pouvoir prendre un train. Je ne voulais pas rentrer, mais suite à une blessure à l’épaule jen-ai pas eu le choix. «Il faut écouter son corps». Et c’est tout à fait vrai. Ce chemin m’aura beaucoup appris, sur moi, sur ce monde que nous délaissons, que nous polluons. J’ai vu les animaux vivre en liberté. Taureaux, Vaches, Chevaux, Moutons… Je suis montée sur des montagnes qui m’ont emmenée au dessus des nuages. J’ai dansé et chanté dans un désert de champs de tulipes. Et c’était aussi le désert dans ma tête, j’ai eu l’impression de retrouver l’enfant que j’étais, de retrouver tous les rêves que je pouvais avoir étant gamine. Mes yeux se sont émerveillés de chaque chose, de chaque personne. Car même si vous partez seul, n’ayez pas peur, vous rencontrerez forcément du monde, surtout si vous partez l’été.J’ai l’impression d’avoir vécu quelque chose d’incroyable et ce n’était que 5 jours alors partir les 30 jours je n’imagine pas ce que ça doit être, le bonheur que l’on doit ressentir. Et le dépaysement quand on rentre. En revenant «à la ville» je dois dire que le bruit des klaxons, les gens qui crient… m’ont donnée mal à la tête. Sur le chemin, il n’y avait pas de bruit mis à part celui de nos pas et celui des oiseaux qui chantent. Vous pouviez également entendre les cloches accrochées aux cous des animaux,mais ça s’arrête là. Ou alors, comme moi, vous tomberez sur un monsieur qui à décidé de faire le chemin accompagné de sa trompette et vous l’entendrez, de temps en temps, jouer au loin. On n’y pense pas souvent, mais quelques minutes de silence dans une journée font tellement de bien. Je me suis rendue compte aussi que je vivais en mode automatique : j’allais au boulot, je buvais un verre, je dormais… Et ainsi de suite. Je ne prenais pas le temps de faire les choses qui me tenaient réellement à cœur et qui me faisaient du bien. Nous n’avons qu’une seule vie, il est dommage de la passer à faire des choses qui ne nous font pas réellement plaisir, de se battre pour des choses qui ne nous intéressent pas tant que ça. Nous devons apprendre à nous écouter et à écouter ceux qui nous entourent. Nous devons apprendre à faire ressortir l’enfant qui est en nous.


Si jamais vous êtes intéressé par le chemin de Compostelle, foncez. C’est une expérience que tout le monde devrait vivre au moins une fois dans sa vie. Ce sont des émotions que tout le monde mérite de connaître. Je n’attends qu’une chose maintenant c’est de pouvoir y retourner et de le finir.Ce seront 30 jours difficiles, il faut en être conscient, mais tellement enrichissants C’est une expérience simplement belle et unique. On se reconnecte à la nature, à nous-même, on rencontre plusieurs personnes de différentes nationalités. On se sent vivants, vrais. On a l’impression de savoir où est notre place, et nous sommes tous à la recherche de ça. Nous voulons tous nous sentir bien quelque part, bien dans ce que nous faisons, bien avec nous-même. Le chemin vous apprend ces choses là. Subtilement, votre cerveau se déconnecte et quand vous commencez à réfléchir, vous savez. Vous savez ce que vous aurez à faire en rentrant. Ça ne sert à rien de partir la tête pleine de questions, laissez-vous simplement guider par vos pas, par vos rencontre, le chemin fera le reste. Alors, à tous les futurs pèlerins, je vous dis : Buen Camino !

Pauline Jollivet

Written By: Le P'tit Rennais

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