Et la folie fermenta sur internet : Notre rapport au réel ? [1/3]

Ceci est une sorte de billet d’humeur, ami lecteur je ne sais pas non plus où je vais, j’ai bien un semblant de structure, mais l’idée de faire jaillir l’esthétisme de la logique dans sa forme la plus brute me fait un bien fou. Comme une thérapie, j’ai besoin de m’exprimer, d’extraire en moi un pus qui commence à empoisonner toute ma pensée. Ami lecteur, j’aimerais parler de ce qui ne va pas, pardonne-moi…


J’entends depuis quelque temps résonner en moi cette petite litanie qui monte, qui monte. Un chant quelque peu triste qui veut me faire comprendre que le monde s’enferme dans une époque macabre, où les gens vont se déchirer dans des insultes mortifères. Aujourd’hui, j’aimerais parler de quelque chose d’intime, qui nous touche tous, le présent. Que nous arrive-t-il en ce moment ? La boule au ventre, une angoisse montante nous prend la gorge comme une main glacée venue du monde des morts. Lorsque l’on va sur internet maintenant, notre corps en ressent toutes les affres, les colères. J’aimerais ausculter avec vous ce phénomène montant qui nous atteint tous et s’infiltre dans toutes les thématiques. Il a pour conséquence le complotisme, la post vérité, la fake news, et bientôt les Deepfakes mais cette hydre à plusieurs têtes est composée du même corps.

Illustration : L’Hermite Sombre

Notre rapport au réel ?

Il est de plus en plus difficile à notre époque de pouvoir définir ce qu’est le réel. Nous nous enfermons dans notre sarcophage de croyances qui nous pousse à ne plus douter et ne plus nous questionner. Comprendre ce qu’est le réel n’est pas une chose aisée. C’est le monde des faits, là où les choses existent, selon moi. Ce qui est subtil car nous sommes de plus en plus dépossédés de cette dimension de réel. Nous sommes forcés d’être plongés dans son alter-ego : la fiction. Le contexte actuel nous oblige autoritairement à rester chez nous ( pour les plus chanceux ), tout du moins à ne plus avoir d’activité sociale et culturelle, ce qui est pourtant le nerf central d’une société et l’essence de l’humain. Il nous oblige à ouvrir la fenêtre de la fiction, j’ai nommé internet. Car qu’est-ce qui est réel sur internet ? Nous ne pouvons en avoir la preuve tangible vu que tout se passe sur un écran, dans une dimension abstraite où les idées fusent de toutes parts, le bruit surtout. Un bruit assourdissant qui vous ronge les chairs et n’apaise pas les maux, tout au contraire.

Nous vivons dans nos bulles ?

Pour surfer sur le net, comme on disait à l’époque, il faut avoir des digues, des repères, ce qu’on appelle en science, des axiomes. Ils sont représentés par les médias, ces figures d’autorités qui nous permettent de faire la différence entre le réel et la fiction. Sauf que comme vous devez vous en rendre compte, cette digue de confiance est grandement franchie. Nous ne savons plus faire confiance sur internet. Dans un univers où la fiction a pris le pas sur le réel, nous avançons dans l’ombre. Munis de notre seule torche de rationalité, nous avançons avec peine et nous frottons à d’autres qui font de même. Aveugles, nous ne pouvons plus nous voir, nous aimer, nous pardonner, car nous ne nous comprenons plus. Nous n’avons plus en face de nous des êtres pourvus d’empathie et de chair, mais des lignes de textes incendiaires, parfois haineuses, toujours pleines de quiproquos et d’incompréhensions. Ceci est la base de cette rage sourde qui fermente sur internet. Une folie destructrice qui se déverse par la suite sur le réel, lui bien tangible pourtant. Les élections américaines de 2016 ou 2020 nous ont bien prouvé cela. Les gens n’arrivent plus à s’écouter, ils se crient dessus. C’est celui qui criera le plus fort qui aura raison. En ressort énormément de rancœur et d’amertume.

Illustration : L’Hermite Sombre

La fermentation complotiste, de quoi est-elle le nom ?

Certains choisissent d’écouter leurs émotions et de se tourner vers l’obscurantisme et les théories complotistes. Non pas par envie ou par joie mais au contraire par désaveux. A force de leur envoyer à la figure de la haine et du mépris, ils se transforment en bêtes de somme d’idéologies tranchées où l’on rejette l’autre, où le monde est dominé par une métaphysique d’êtres quasi lovecraftiens, où des événements d’une horreur inqualifiable ont lieu. Mais c’est là où est la subtilité. Ont-ils tort ? En quoi leur vision du monde est-elle erronée ? Comment pouvons-nous prouver de manière crédible qu’ils ont tort ? Alors que nos élites représentent un monde opaque. La corruption gangrène le monde et moins d’ 1% de la population a plus de pouvoir que des pays entiers. Comment ne pas fantasmer et avoir peur des atroces possibilités qui s’en dégagent ? Le complotisme est un symptôme, pas une cause. C’est un témoignage de quelque chose bien plus profond. Prenons du recul et essayons de comprendre pourquoi certains plongent dans ces kabbales dans la prochaine partie.

Written By: L'Hermite Sombre

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