Et la folie fermenta sur internet : Si les choses sont gratuites, alors ce sont nous les produits [2/3]

La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet du débat, nous prédisait Hannah Arendt. Les médias mainstream garants du jeu démocratique, par la multiplicité des opinions sont détenus par quelques personnes de l’élite. En résulte une dégradation immense de la qualité et de l’éthique journalistique, mention spéciale aux chaînes d’info en continu.


La grande brisure pour moi a eu lieu sur le traitement médiatique des gilets jaunes. Et maintenant de toute contestation, prenant le parti de l’ordre et omettant les bavures policières, faisant pourtant partie des faits avérés. Si dans ces grands médias, le fait, base de l’information, n’est plus la matière centrale de leurs contenus, alors sur quoi se base l’opinion ?

Dans un contexte où nous n’avons plus accès au réel tangible et objectif de la rue, de la ville ou de la nature, c’est à dire au monde des faits. Comment sculpter une opinion de qualité, sans tomber dans les écueils des émotions ? Où est le curseur de la vérité, où s’arrêtent les faits dans les discours ? Nous sommes enfermés dans la bulle subjective d’internet où tout est vrai et faux. D’ailleurs, qu’est-ce qu’un complotisme ? On décrit maintenant tout opposant à la pensée unique comme « complotiste ». Ne tombons pas dans ce piège encore plus toxique de la division, essayons de comprendre la cause de ces mouvements.

illustration : L’Hermite Sombre

Si les choses sont gratuites, alors ce sont nous les produits

Ne rêvez pas, nous ne vivons pas dans un conte de fées, l’accélération des événements présents sont nichés dans la psyché commune, depuis très longtemps. Mais internet et plus précisément, les réseaux sociaux, polarisent nos opinions. Nous sommes enfermés dans des tunnels, nous déterminant, de plus en plus. Ainsi, il est plus simple pour eux de nous mettre en contact avec du contenu qui va nous faire réagir : nous mettre en colère ou bien nous faire adhérer. Dans les deux cas, nous allons créer de l’information, des datas, qui par la suite, seront revendues à prix d’or. C’est le business plan d’un réseau social et ils ne s’en cachent plus. Nos données sont compilées et revendues à des agences publicitaires pour cibler au mieux vos envies. Voire même, fabriquer votre consentement à une idéologie, comme nous l’a révélé l’affaire Cambridge Analytica.

Internet, c’est là où l’on vend notre futur. Non je ne vous mens pas. Le but des réseaux sociaux est de nous conditionner à devenir de plus en plus prédictible pour pouvoir penser avant vous à vos besoins. Et oui, Minority Report c’est pour aujourd’hui. Pour cela alors, on nous enferme, grâce à des algorithmes, dans un tunnel de pensées. Une bulle filtrante, où ne passe que des contenus qui iront dans un sens précis pour nous radicaliser, dans ce sens précis. Ainsi, vous deviendrez plus simples à lire et vous utiliserez plus vos émotions dans vos choix. Vous n’êtes alors plus réellement maitre de vos choix, vous êtes inconsciemment aliéné, reprogrammé pour ne devenir qu’une usine à data, utile seulement à faire du profit.

Ajoutons à cela toute l’utilisation des biais cognitifs par un design persuasif. Comme avec les publicités, la structure même de comment est construit un réseau social va communiquer avec votre inconscient et le rendre addict à la dopamine qu’il lui procure. N’oubliez jamais ça, les gens qui ont conçu tout ces sites qui vous « facilitent la vie » on 15-20 années d’avance sur vous en terme de savoir. Beaucoup de vos comportements sur internet ne viennent même pas de vous, ils vous manipulent et induisent avec tout un arsenal de subterfuges prenant leurs racines dans les recherches, en neurosciences et sur le concept de cognition. Il faut en prendre conscience et commencer à se désintoxiquer.

Illustration : L’Hermite Sombre

Pas besoin d’être anti-système pour savoir cela, on vous l’enseigne dans les écoles de commerce ou de communication. Le Savoir n’est pas bloqué, nous n’avons jamais eu accès à autant de savoir, le problème est qu’il est noyé dans une masse de bruit. C’est à dire d’information non qualifiée, les chats qui fond du clavier, des challenges débiles, des gens qui chutent de manière rigolote et de fakenews. Tout ce marécage de bruits va nous plonger dans une sorte de torpeur tiède où la fainéantise règne et l’envie de savoir la vérité n’existe plus. Nous nous dépolitisons, déspiritualisons et devenons de simples coquilles vides avec comme seul but, abreuver ces réseaux d’encore plus de bruits et ainsi continuer ce cercle infini. Nous sommes passés d’un système disciplinaire à un système de contrôle. Je vous invite par ailleurs à vous intéresser à ce grand monsieur qu’est Gilles Deleuze qui a beaucoup travaillé sur cette nouvelle forme de surveillance

Pour conclure cette deuxième partie, je vous invite à regarder cette vidéo extrêmement bien faite sur le processus de fabrication de notre consentement par les médias. D’après les écrits d’un très grand monsieur de notre temps, Noam Chomsky, cette vidéo résume en quelques minutes beaucoup d’éléments qui doivent être perçus par la population pour comprendre notre époque.

Sous-titre en français

Après ce constat plutôt amer nous allons voir vers où ceci nous mène. Quelle est la suite pour notre futur ? Pouvons nous le savoir ?

Written By: L'Hermite Sombre

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