FAKEAR : « Je fais une soixantaine de festivals par an depuis 6 ans »

Lors du festival Le Roi Arthur, le P’tit Rennais a rencontré Fakear, auteur-compositeur et musicien de 28 ans. Sous le soleil de cette fin d’été, ce jeune artiste de musique électronique a accepté de répondre à nos questions et de dévoiler une partie de lui. Retour sur cette entrevue.


C’est ta première fois au Roi Arthur ?
Oui, première fois ! C’est toujours bien les festivals en Bretagne !

Ca se prépare différemment un festival ?
Alors oui, y’a deux formules : la formule « festival » qu’on bosse pendant l’été, plus dynamique et plus directe; et la formule « concert en salle » pour laquelle tu prends plus le temps de développer, il y’a plus d’interactions avec le public, et tu peux créer des moments alors qu’en festival il faut plus tracer, tout envoyer.

Cette année t’as beaucoup tourné en festivals ?
Ouais, j’en ai fait plein de petits donc on n’m’a pas trop entendu sur les gros. Mais les gros que j’ai pu faire cette année c’est surtout Art Sonic en Normandie, Sziget et mine de rien ce soir le Roi Arthur, sur la grande scène, c’est un de mes plus gros festoch’ de l’été.

C’était quoi ton 1er festival ? Et aujourd’hui tu penses en avoir fait combien ?
C’était Chauffer dans la Noirceur, un festival en Basse-Normandie et je jouais à 11h du mat’ dans les chiottes du camping. *rires*. Je sais pas, je dirais que je fais une 60aine de dates par an depuis 6 ans, donc environ 360 festivals.

J’ai su qu’en tournée tu faisais attention à ce que tu manges pour éviter une hygiène de vie déplorable. Là en Bretagne, le Kouign Amann et la galette saucisse ne nuisent pas trop à ton régime ?
Mais ça c’est super sain! *rires* Nan, si quand même, faut faire gaffe parce que t’as vite fait de faire la fête et boire tous les soirs, c’est pas sain du tout et tu tiens pas sur la longueur. Tu tiens deux dates et t’es éclaté pour le reste de la semaine. Donc on essaye d’être raisonnables même si c’est pas le cas de toute mon équipe *rires*.

Tu sors un peu moins de morceaux qu’avant, c’est quoi tes projets ?
Je me relance dans un album qui ne va pas tarder, en février je serai en grosse phase de création. Ca va vraiment changer parce que j’en ai un peu marre de « Fakear ». J’avais envie de tout casser et de tout remettre à zéro. Donc ce sera un album beaucoup plus pointu de musique électronique, qui se rapprochera plus de mes références : Bonobo, Four Tet, Jon hopkins etc…

Pourquoi cette rupture ?
Alors pour plein de raisons : Déjà, en ce moment en France, la musique électronique n’a pas trop la côte donc on est tous là en mode remise en question « qu’est ce qu’on va faire par la suite ? ». J’en ai parlé avec d’autres gens dans le game, genre avec Mome, avec mon super pote Superpoze, etc… Tout le monde est sur le hip-hop, l’attention des gens est focalisée là-dessus. Donc toi, en tant que producteur, soit tu vas produire pour les rappeurs – parce que du coup c’est un peu notre taff de base (genre Superpoze qui a produit en partie le dernier album de Lomepal et c’est cool, il a raison) – ou alors repartir vers l’underground, les clubs, la house etc… parce que le public de club est toujours présent et fidèle à ce milieu; et moi ça me tente plus.

Ensuite, comme les médias se focus sur le hip-hop, on n’a plus cette pression médiatique. En tant que producteurs, ca nous permet de plus faire ce qu’on veut. Et le buzz, c’est ce qui tue un artiste. J’ai pas forcément envie que mon album cartonne de ouf et passe à la radio parce que c’est trop de pression. Au final, tu te retrouves embrigadé dans des trucs que t’as même pas envie de faire. C’est un peu comme dans ce film Lost in Translation avec Bill Murray où il joue un acteur un peu vieillissant qui n’a plus trop de succès et il va faire le clown dans des emissions au japon, bah moi j’ai plus envie de faire le clown. L’industrie du divertissement détruit l’art au bout d’un moment.

Tu penses que ça a été trop vite quand tu as été révélé?
Oui et non parce que d’un côté c’est cool, c’est vachement stimulant d’avoir tous les spots braqués sur toi d’un coup mais c’est vrai que moi j’étais très jeune. Quand t’es jeune et que tu ressors à peine de ta quête d’identité au début de ta vingtaine, tu te prends cette vague de notoriété dans la gueule et t’as tendance à prendre la grosse tête et partir en vrille. Ce qui m’est arrivé.
En fait, tu réalises au bout d’un moment que c’est que du vent, sans fond, et que les gens qui se mettent à te côtoyer, que tu crois être tes potes, bah en fait pas du tout. A un moment donné, tout retombe et tu réalises que c’était pas tes potes du tout, c’était juste des gens qui étaient là parce que t’avais du succès. Il faut vraiment garder ses vrais potes proches de soi, ceux qui te ramènent sur terre et te font redescendre un peu.

Est-ce que tu continues à jouer des instruments?
Ouais justement pour l’album qui se prépare j’essaye de jouer de la guitare de la basse et du saxophone.. J’essaye aussi de me perfectionner à la batterie mais sans cours donc il faut que je me mette dedans. J’essaye de m’améliorer au piano aussi parce que finalement je joue un peu de tout mais pas très bien.

Si tu devais faire un combat à la Booba vs. Kaaris, mais musical, tu choisirais qui ?
Bah Gabriel bien sûr, Superpoze! Depuis le temps qu’on doit se battre! *rires*
Non mais en vrai c’est marrant parce qu’avec Gabriel, on a une histoire assez drôle. On avait un groupe ensemble quand on était au lycée, on a fait de la radio ensemble. On s’est appris mutuellement des choses et puis après on est partis chacun dans nos bulles. Il y a eu autant de retrouvailles chaleureuses que de frictions. On pourrait tourner un film dessus. Donc si y’a un battle à faire, ce serait avec lui parce que ce serait trop drôle.

Du coup, pourquoi pas un featuring avec Superpoze pour le prochain album ?
Bah pour des histoires de planning, et je pense un peu de fierté aussi. *rires*
J’ai l’impression que même quand j’ai une semaine sur Caen et que je sais qu’il y est aussi et qu’on s’est pas vus depuis des lustres, bah on s’appelle pas. Je pense que moi j’ai pas envie de l’appeler par fierté et lui pareil. On attend que l’autre craque en fait. Alors qu’en vrai c’est un mec que j’aime énormément et qui a énormément de talent. D’ailleurs, il prépare son prochain album -et c’est même pas lui qui m’l’a dit- et c’est sûr que ce sera un album de ouf.

Petite question pour la fin, tu es de 91, t’as survécu récemment au club des 27, c’est rassurant ?
Carrément, putain grave j’suis pas mort, j’suis content. Par contre, 28 ans c’est relou : tu mets le double de temps à te remettre des cuites. T’en prends une le samedi en te disant « c’est bon, j’ai dimanche pour me reposer » mais non non, t’es mort le dimanche. Donc je fais d’autant plus gaffe à mon hygiène de vie !

Written By: Manon Payet

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