Fuzeta : « Chaque morceau est un chemin »

Après avoir assisté à leur concert à l’Antipode MJC le mois dernier, j’ai pu poser quelques questions au groupe vannetais, Fuzeta.


Comment s’est formé votre groupe ? Qui faisait quoi auparavant ?

Nous faisions tous de la musique depuis quelques années lorsque Dorian a eu l’idée d’écrire des chansons qui parlaient de son histoire. Le concept était de partir d’un fond authentique et de sortir des postures mimées. Assez naturellement, étant ses frères ou ami de longue date, nous l’avons rejoint tous les trois. De cette démarche a découlé une musique très solaire, chantée à trois voix, qui évoque une journée d’été ou quatre gamins joueraient sur une plage du Golfe du Morbihan à l’ombre d’un chêne. Cette représentation colle bien aux titres de notre premier Ep « Dive » sorti en 2015 même si les gens y trouvent souvent autre chose. Si les histoires racontées dans ce disque sont personnelles, l’universalité des thèmes évoqués (fraternité, innocence, perte d’un proche…) raisonne différemment chez chacun d’après les retours encourageants que nous avons reçu depuis sa sortie. 

Qui a eu l’idée de l’appeler FUZETA et pourquoi ?

Fuzeta est le nom d’un petit village de pêcheurs, situé sur la côte sud du Portugal, en Algarve. C’est un lieu où nous allions très souvent pendant notre adolescence. On y trouve des plages magnifiques et une île sur laquelle les journées passées sont hors du temps.

Authentique, solaire et légèrement exotique : tout pour rencontrer l’unanimité lorsque Dorian l’a proposé.

Vous avez été lauréat 2015 du prix RICARD S.A LIVE, comment l’avez-vous vécu ?

Ce fut une très grosse surprise pour nous. En novembre 2014, cela faisait un an que nous travaillions dans notre coin soutenu par l’équipe du Manège à Lorient. Nous étions prêts à monter sur scène avec de bons morceaux. Après un premier concert au festival Les Indisciplinées, Jean-Louis Brossard et l’équipe des Transmusicales nous ont offert une chance d’exposer notre univers à de nombreux professionnels. Dans l’enthousiasme des premiers retours, nous nous sommes dit que le Ricard Live Music pouvait être un sacré coup de pouce. Cependant devenir lauréat parmi plus de 1000 groupes était tout à fait impossible à anticiper ! Ce fut très positif d’obtenir cette reconnaissance au tout début.

Comment s’est déroulé votre carrière juste après avoir obtenu ce prix ?

Nous avons trouvé chez Ricard Live Music une équipe attentive, motivée, prête à nous soutenir en s’adaptant à nos besoins. L’année passée à leur côté nous a permis d’aller rencontrer le public dans toute la France de manière très large pour un jeune groupe. Notre premier Ep « Dive » est sorti avec un certain retentissement : beaucoup d’écoutes en streaming, une distribution digitale gratuite, pas mal de presse/radio… Cela nous a permis de vendre tous les exemplaires physiques du disque.

Dans cette même année nous avons trouvé deux partenaires professionnels très importants : notre tourneur, François Levalet (les tontons tourneurs) et notre éditeur, Sylvain Gazaignes (BMG Rights Management).

Parlons de votre deuxième Ep. Je le définirais en deux parties. La première commence par une sorte d’appel à la révolte avec les musiques « Accros » le titre Eponyme « « Pavilhão Chinês » et « Falls Playgroud ». Les mots « mind » et « soul » sont récurrents.  Suite à cela, on enchaîne sur un sentiment beaucoup plus aérien avec « On the road We came Back » et  « Canopy »  à la fois dans les textes et dans les instruments. Dans quel état d’esprit étiez-vous lorsque vous avez composé ces chansons ? 

Notre deuxième Ep « Pavilhão Chinês » est un peu la suite de l’histoire initiée par « Dive ». On y trouve des instants de notre adolescence, suite logique de l’enfance, qui nous ont permis d’aborder plus de textures que précédemment. Il y a toujours cette base solaire mais aussi des couleurs plus sombres. Des péripéties vécues plus difficiles, faisant aussi partie de nous, devaient transparaître dans notre musique à ce moment. Il a été enregistré en 6 jours chez Amaury Sauve à Laval, sur une base de prises « live » (tout le monde joue en même temps dans la même pièce). Nous voulions conserver l’énergie et l’interprétation la plus directe afin que les émotions multiples des morceaux soient les plus intenses possible. Nous sommes très fiers de ce disque, de son chemin sinueux mais cohérent, son univers parfaitement illustré par la pochette réalisée par Romain Barbot de I AM SAILOR et surtout du rendu énorme amené par le « combo » Amaury Sauve(prises/mix) Bon Weston (mastering).

J’ai remarqué de nombreux interludes, en milieu / fin de titre, c’est votre petite marque de fabrique ?

Chaque morceau est un chemin. Certains sont balisés, d’autres plus surprenants. Nous ne nous posons aucune contraintes de format : si nous entendons une fin épique de 2 minutes ou bien un pont très aérien au milieu d’un morceau intense, nous le faisons. C’est comme un film : le plus vital reste l’histoire mais avec un vrai parti pris de réalisation, c’est encore mieux. Nous essayons de pousser au maximum tous les curseurs à notre disposition au service des émotions ou du tableau que chaque chanson représente. Les parties instrumentales sont, au même titre que la mélodie ou le texte, un vecteur essentiel de notre expression. 

On ressent beaucoup de sentiments enfouis dans cet Ep, la tristesse, la mélancolie, la joie, l’apaisement… « Pavilhão Chinês »  évoque –t’il  vos vies ou bien le message est-il destiné à un plus large public ?

Nous évoquons toujours un événement ou un pan de nos vies. C’est évidemment plus facile à interpréter et à incarner mais surtout cela correspond à l’idée fondatrice de FUZETA. Dans un sens, il peut paraître présomptueux de vouloir toucher les gens en parlant de nous même. Mais, n’est-il pas plus crédible d’atteindre émotionnellement une personne avec nos histoires, plutôt qu’avec une fiction ? Vous pouvez admirer une  très belle photo d’un mec surfant une vague de 12 mètres mais jamais elle ne vous fera le même effet que de prendre une vague plus modeste vous même.

Vous êtes au courant que le nom de votre EP « Pavilhão Chinês » est également le nom d’un bar réputé à Lisbonne ?

Oui bien sûr. C’est même fait exprès 😉

Le nom de votre EP a t’il un rapport avec ce lieu / la ville ?

Nous connaissons très bien le Portugal car nous y séjournons souvent. Comme vous l’avez noté, ce disque comporte deux facettes principales : une sombre et une claire. Vous avez aussi remarqué qu’elles se démultipliaient dans une myriade d’émotions suivant les morceaux. Nous avons donc chercher un titre qui ferait référence à ces deux côtés, qui évoquerait aussi un certain foisonnement mais surtout qui porterait la marque d’un caractère fort. Le Pavilhão Chinês est un lieu qui répond à tous ces critères : emblème lisboète, ou se croise touristes et mannequins pour des séances photo, festif mais ambiance club house britannique avec un décorateur fou, chaleureux mais dans les heures tardives l’atmosphère devient électrique…

Pour qualifier votre EP, je dirais que c’est une multitude de vagues qui viennent alimenter le rivage… vous êtes d’accord ?

Nous sommes ravis que la référence que ce disque vous évoque soit la mer : c’est une source d’inspiration qui nous parle beaucoup. Elle est pleine de surprise, elle ne triche pas, elle est parfois calme et accueillante mais aussi souvent démontée et puissante. Ayant tous les quatre grandis en Bretagne, ils nous plaît à dire que, même si nous ne la chantons pas directement et que nous sommes loin d’être des marins, la mer vit en nous et donc dans notre musique.

Comment avez-vous ressenti votre concert à l’Antipode MJC ?

Ce fut très agréable. Le public rennais nous a toujours fait un très bon accueil que ce soit à l’Ubu, à l’Étage ou à l’Antipode. De plus, nous avons participé à un accompagnement mutualisé (Antipode/Echonova à Vannes/le Manège à Lorient) durant l’année 2015. Nous avons pu profiter de la scène pendant toute une semaine pour travailler notre set en résidence. Il nous tardait de pouvoir restituer nos progrès face à la chaleureuse équipe qui fait vivre ce lieu et avec qui nous avons beaucoup appris.

Quels sont vos prochains projets ? Etes-vous actuellement en train de composer votre premier Album ?

Nous travaillons déjà depuis plusieurs mois à l’écriture de notre premier album. Nous avons la chance de prendre le temps pour explorer de nouvelles facettes de notre univers. L’impatience de dévoiler nos nouveaux morceaux affronte notre volonté de pousser les curseurs encore plus loin et plus fort pour ce disque : nous voulons vraiment que ce premier LP soit énorme. Nous sommes pour l’instant très satisfait des nouveautés mais il reste encore un peu de chemin avant de pouvoir les partager.

Dans les choses plus proches, nous jouons au Café de la Danse à Paris le 30 janvier prochain.

Vous êtes originaire de Vannes mais connaissez vous bien Rennes ?

Nous y avons fait quelques années d’études avant de plonger dans nos rêves musicaux. C’est une ville très agréable à vivre ou le bouillonnement culturel n’a d’égal que celui de ses nombreux lieux de perdition 😉

Un p’tit mot pour Le P’tit Rennais  ?

« Qui aime la jeunesse, aime la mer. » Tennessee Williams

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Written By: Sterling

Je partage mon temps entre écouter de nouvelles sonorités musicales, dévorer des séries télévisées et analyser les médias.

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