Interview de la semaine #35 : Jeremy Picard

Dans le cadre de Transat en ville, l’association 3 Hit Combo a donné carte blanche à Play Fool pour animer l’espace public sur le thème du jeu vidéo le temps d’une journée. Play Fool est un collectif composé de designers, d’ auteurs multimédia et de musiciens. Le vendredi 5 août, ils nous ont présenté leur nouvelle création « Ouïte », un totem vidéo-ludique de forme octogonale invitant 8 joueurs et des perturbateurs à l’aide de leur smartphone à évoluer dans un immense bac à sable.


Le P’tit Rennais a rencontré un des membres du collectif, Jérémy Picard, qui a bien voulu répondre à nos questions sur cette date bien particulière de la programmation de Transat en ville.

Quel est le rôle de Play Fool au sein de 3 Hit Combo ?

Play Fool est un collectif d’installation vidéo-ludique et 3 Hit Combo nous chaperonne sur Transat en ville. 3 Hit Combo était une association dédiée avant à la jeunesse et au sport, et se consacre maintenant à la culture. On s’est affilié à eux de façon à être une réponse culturelle. Nous échangeons souvent entre nous car c’est une grosse association sur Rennes qui fait beaucoup pour les jeux vidéo. Thomas, l’un de nos membres, fait même partie du bureau de 3 Hit Combo. On travaille dans le même milieu, celui du jeu vidéo avec le même medium, on a donc tous un réseau et on s’échange des contacts pour avoir des activités complémentaires, si besoin. Par exemple, si nous avons réussi à faire venir Hitboxx, c’est grâce à 3 Hit Combo.

Pourquoi avoir choisi de faire un après-midi sur le thème du rétro-gaming ?

Nous nous sommes beaucoup inspirés de cette esthétique des jeux des années 90 avec des gros pixels. Comme nous avons beaucoup évolué techniquement il est possible de faire ce genre de jeux avec des ordinateurs à faible puissance, c’est donc aussi plus simple à réaliser techniquement. Personnellement, je n’aime pas les jeux réalistes. Ça ne sert à rien de faire quelque chose qui ressemble à la vraie vie dans un jeu vidéo parce que tu peux faire tout le reste. Quand Mario mange un champignon et devient grand, personne ne se pose la question, alors que dans un jeu réaliste si quelque chose de fou se passe ça va manquer de cohérence.

L’élan rétro-gaming est dû aux trentenaires qui sont nostalgiques des jeux de leur enfance sur internet (forums, vidéos sur YouTube…) et cela amène les plus jeunes à vouloir connaître ces jeux. La majorité des gens qui parlent des jeux vidéo sont des trentenaires. Les gens qui jouent actuellement ont également envie de savoir d’où viennent leurs jeux et comment en est-on arrivé à des technologies comme la 3D ? Il y a un besoin de connaître les origines du jeu vidéo pour comprendre ceux qui sortent aujourd’hui.

Avez-vous rencontré des problèmes par rapport au dispositif mis en place cet après-midi ?

Bien sûr, comme c’est une installation vidéo-ludique et non un jeu vidéo, on ne peut pas le tester pleinement. Pendant 1 mois et demi on l’a fait fonctionner sur 3 écrans au lieu de 8 et ça marchait très bien, et aujourd’hui (ndlr : 5 août) on a découvert qu’on avait un problème de déconnexion des manettes, du coup les personnages changent de place ce qui n’était pas prévu. On a eu aussi quelques problèmes techniques. Le dispositif est complexe: on a 8 ordinateurs branchés en réseau sur un serveur en local, qui lui-même est branché à internet et communique avec un autre serveur pour les smartphones. Les gens sur leur smartphone, renvoient des informations à un serveur « online » qui les communique au serveur offline pour transmettre les informations aux 8 écrans. Il y a donc bien évidemment eu des difficultés à faire communiquer l’ensemble.

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Installation vidéo-ludique « Ouïte » par le collectif Play Fool. © 3 Hit Combo

Cependant, comme on a décalé la date d’un jour (en raison des intempéries annoncées), on a eu une journée supplémentaire, ce qui nous a permis de finaliser le travail.

Que veut dire « Ouïte » (le nom du jeu vidéo créé pour Transat en ville) ?

C’était juste une blague sur l’accent belge ! Il y a 8 écrans, du coup on a appelé le jeu « Ouïte » parce que les belges disent « Ouïte » et pas « huit ». Une fois le nom choisi, on a décidé d’appeler nos personnages : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 mais avec des orthographes différentes ! Ce qui est marrant, c’est que les joueurs ne s’en rendent pas compte tout de suite. Ils nous demandent « – mon joueur s’appelle Ain dans quel écran va-t-il ressortir ? – dans l’écran n°1. ».

Quels sont vos jeux vidéo préférés ?

Je dirais Windjammers, un vieux jeu de borne d’arcade. Le pitch c’est des matchs de frisbee avec parfois des coups spéciaux. Et sinon TowerFall Ascension, qui se joue à 4 et où tu dois tirer avec des flèches sur ton ennemi.

Que pensez-vous de votre collaboration avec Transat en ville et pensez-vous réitérer l’expérience l’année prochaine ?

Carrément ! Tout d’abord on a été super bien accueilli et ensuite parce que je conçois que ce soit difficile pour un évènement ou une organisation de faire confiance et de donner un budget à des gens qui vous disent « bonjour on fait du jeu vidéo, par contre on ne sait pas encore ce que l’on peut vous proposer mais si vous nous donnez de l’argent on va faire un truc! ». On a pu avoir de vrais échanges et discuter nos projets avec l’équipe de Transat, qui nous a donné leurs retours sans rien nous imposer. Ce n’était pas juste « on donne carte blanche », l’équipe a suivi l’évolution du projet, en essayant de répondre le plus possible à nos demandes.

Et puis, au début, on devait juste mettre notre nouvelle création « Ouïte », et Transat en ville nous a fait remarquer que notre installation n’allait pas occuper tout le plancher. Ils nous ont donc amené à penser qu’il ne fallait pas seulement présenter « Ouïte » mais aussi créer une atmosphère « jeux vidéo ». On a donc rajouté des Gameboy en versus Tetris, mis un concert de Hitboxx et des bornes d’arcades en libre accès. Cela a pris une autre ampleur!

On a pu créer un univers et pas un simple jeu vidéo. On a réussi à ramener un peu l’esprit Stunfest à Transat en Ville.

Written By: Le P'tit Rennais

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