Jazz Sous les Pommiers 2018 : une leçon de musique

On est très content de vous parler de cet événement, Jazz Sous les Pommiers, qui est selon moi THE festival de musique jazz. 


Retour sur Jazz Sous les Pommiers, pour lequel il a fallu se rendre au fin fond de la Manche, à Coutances très exactement. Une région merveilleuse aux multiples nuances de vert et d’azur quand le soleil daigne nous rendre visite. J’en rajoute des couches bien sûr, étant normand, je suis quelque peu aliéné dans mon avis. Mais tout de même, c’est un incroyable havre de paix. Ce fut pour moi un week-end rempli de bonheur, notamment grâce au cadre tranquille, à mille lieues de l’agitation urbaine. Les gens y vivent plus lentement, peut-être mieux, avec moins de stress, en somme un cadre parfait pour écouter du jazz.

 

 

Dès le premier concert, le ton est donné : on va en prendre plein les oreilles pendant deux jours. C’était celui de Kamasi Washington, un très grand monsieur du jazz moderne, surtout connu pour avoir travaillé sur l’album de Kendrick Lamar, Pimp My Butterfly. Sous le label Brainfeeder créé par Flying Lotus, il a su, au fil de ses compositions, donner au jazz une lumière nouvelle et mystique.

Musique et harmonie

C’est une vraie leçon de musique. En vrai musicien empli d’humilité et de sagesse, il s’est effacé tout le long du show au profit des autres musiciens. On ne peut que le remercier pour ce professionnalisme. Ensuite, c’était le tour du Kronos Quartet. Pour sa première représentation en Europe, le groupe nous a proposé une heure de classique moderne aux sonorités maliennes. Encore un grand moment ! Il est difficile de résumer en quelques lignes 48 heures de festivités. Je suis sorti enthousiaste de chaque événement auquel j’ai pu assister. En revanche, un coup de coeur se démarque largement de l’événement.

Grande surprise avec Omar Sosa & Seckou Keita. J’avais la sensation de vivre une ode à la musique. Je pense avoir rarement vu autant de complicité sur scène. On pouvait croire que tout était écrit au vu de l’aisance et de la fluidité des morceaux. À la sortie du concert, les artistes croisés par hasard nous ont expliqué qu’en 20 ans de collaboration, ils n’avaient jamais répété une seule fois ensemble et plus de la moitié de leurs sets étaient improvisés. Le public a fini debout, entraîné par la chaleur humaine des artistes. Une attitude qui relève de l’admiration, de la reconnaissance et du respect.

 

 

Le samedi fut rempli aussi de surprises et de talents. Mention spéciale à China Moses, une grande voix du jazz qui renferme beaucoup de générosité et de savoir-faire, et au pianiste qui n’a pas hésité à bluffer l’audience avec des improvisations qui modifient totalement son image de timide londonien aux cheveux roux. Je crois n’avoir jamais entendu quelque chose d’aussi prestigieux.

Un événement sincère

Se rendre à Jazz Sous les Pommiers, c’est aussi accepter d’en ressortir chamboulé par le niveau de certains artistes. C’est aussi la grande force de ce festival : une programmation unique en Europe. Autre grande surprise : Stanley Clark et sa leçon de musique. Entre fusion et jazz classique, il s’est entouré de jeunes talents du monde entier. Avec des sonorités afghanes et un zeste de funk, ce bassiste, connu pour avoir joué avec les plus grands comme Carlos Santana ou encore Jeff Beck, ne manque pas de nous rappeler qui est le patron !

Je reste encore sans voix face au talent du batteur de 25 ans originaire du Bronx. Je me souviens m’être exclamé : « Whiplash à côté, c’est la pisse de chameau », à la sortie du concert. Je pourrais aussi parler de la MambaNegra, un groupe colombien de cumbia/funk/jazz latin qui a mis le feu. L’Amérique latine sait vraiment y faire quand il est question de mettre l’ambiance !

S’il fallait ne retenir qu’une chose de ce festival, ce serait bien le saxophoniste Raphaël Imbert dans la cathédrale. Le Monsieur nous a proposé une création spéciale pour le festival, basée sur une improvisation avec un orgue. Il a entremêlé des influences empruntées au classique de Bach et au free jazz de Coltrane. Le résultat est au-dessus de la perfection. Je me souviens avoir eu des frissons pendant les morceaux, tellement l’acoustique de la cathédrale ajoutait une aura réellement mystique à l’ambiance générale. Raphaël Imbert a par ailleurs marqué une pause entre chaque titre pour expliquer les liens entre le classique et le jazz, mais surtout mettre le doigt sur la place de la spiritualité et de la religion dans ces deux univers musicaux. Un grand moment, unique en son genre. La venue de cet artiste à ce festival méritait d’être saluée.

 

 

Si je n’avais qu’un seul mot pour résumer Jazz Sous les Pommiers, ce serait… la sincérité. Une musique honnête, franche, qui ne demande qu’à être partagée. C’est l’essence même du jazz.

Cet événement fera définitivement partie de mes découvertes de l’année. Je n’ai qu’une hâte, y retourner l’année prochaine ! Comme dirait Monsieur Soro Solo, journaliste culturel sur France Inter et animateur de l’émission l’Afrique en Solo, avec qui nous avons eu la chance d’échanger : « La Culture est le seul pays au monde où les gens se retrouvent et se rassemblent ».

Written By: L'Hermite Sombre

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