Julian Assange : symbole de la liberté d’expression journalistique

Quelle place donne-t-on à la liberté d’expression des journalistes dans ce monde globalisé ? C’est la question que soulève Julian Assange et toute l’affaire dont il est accusé. 


Depuis avril 2019, la prison de Belmarsh abrite celui qui fut l’un des hommes les plus traqués au monde : le créateur de Wikileaks, Julian Assange. Après avoir dévoilé nombre de documents confidentiels de la CIA ou du FBI, fondé un site internet permettant aux lanceurs d’alertes de publier leurs informations, ou encore bousculé les élections présidentielles américaines de 2016, le journaliste doit aujourd’hui répondre de ses actes. En effet, l’exil à l’ambassade d’Équateur à Londres, source de nombreux tourments des États-Unis, a pris fin l’année dernière. Face aux autorités de nombreux pays, l’homme se bat pour éviter l’extradition de Grande-Bretagne. Mais le combat est loin d’être gagné. Malgré ses nombreux soutiens, comme par exemple l’ancienne députée européenne Éva Joly, l’exilé n’échappera probablement pas à son jugement. Il risque ainsi une peine de 175 ans d’emprisonnement.

Tout cela ne change rien au fait que l’affaire Assange a chamboulé les opinions de chacun. Celle-ci a créé de nombreux débats à travers les pays. Le créateur de Wikileaks a séparé le monde en deux camps : d’un côté, ceux plaidant en sa faveur et en la transparence totale des informations que l’on nous donne, et de l’autre, ceux s’opposant à ses actes, les jugeant criminels et à l’encontre de l’équilibre mondial. À l’heure actuelle, les oppositions sont toujours aussi fortes et les soutiens de l’accusé sont d’autant plus présents pour protester contre l’extradition de l’accusé.

Manifestation en faveur de Julian Assange devant le tribunal de Westminster à Londres – crédit photo : Daniel Leal Olivas pour L’Humanité

Mais à la vue du contexte actuel, un débat naît autour de Julian Assange. En effet, l’homme explique avoir peur d’être contaminé par le Covid-19, déjà présent à Belmarsh, et craint pour sa santé. Il a donc été entendu par la justice britannique le 25 mars dernier pour espérer obtenir une libération sous caution. Demande à laquelle la juge Vanessa Baraitser a répondu négativement. Pour elle, ainsi que pour la justice britannique, le coronavirus n’est pas une raison suffisante pour libérer le hacker. En effet, elle pense que « s’il était libéré aujourd’hui, il ne reviendrait pas pour faire face à son audience d’extradition ». Ainsi, encore une fois, cette décision fait naître de vives controverses. Nombreux sont les partisans de Julian Assange à penser que cette décision n’est pas juste, parlant même d’un acte inhumain.

Ce nouveau retournement de situation dans le procès de Julian Assange amène à divers débats. Ce n’est pas un secret que les conditions de vie du journaliste pendant cette affaire sont sujettes à de nombreuses controverses : maltraitance, absence de soins médicaux de première nécessité, vidéo-surveillance dans son intimité…

Sachant tout cela, comment peut-on estimer son procès équitable ? Comment peut-on juger un homme objectivement si celui-ci est incapable de se souvenir de son propre nom durant ses auditions ? Les droits fondamentaux de Julian Assange ont été bafoués car il a mis à mal l’autorité de grandes puissances mondiales, notamment les États-unis. Pourquoi un tel traitement ? Si Assange n’est pas traité comme n’importe quel être humain en détention et présumé innocent, qu’adviendra-t-il des autres journalistes révélant des documents sensibles prouvant la corruption d’entités étatiques ou privées ? 

Written By: Elise Fortin

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