La nuit de l’Erdre embrase la ville pendant trois jours

Coup de chaleur sur La Nuit de l’Erdre les 28, 29 et 30 juin 2019 pour la 21ème édition. Des concerts cuisants. Des scènes flamboyantes. Des artistes enflammés. Un public ardent. Flashback d’une fin de semaine caniculaire. 


Roger Hodgson et son sourire légendaire

Supertramp a ce don unique de rassembler. Avec eux, les gens s’aiment. Roger Hodgson, le chanteur, filme le public à son entrée. Grand smile, il s’installe au clavier avec sa jolie chemise verte estivale. Quelques phrases apprises expressément en français; “Vous aimez la musique?”  

“Talk less, play more”

C’est son mantra. 1h10 de show familial et généreux. Accompagné à la clarinette, puis au mélodica, Roger Hodgson nous fait revivre les années 70. Sur scène, des bambous en arrière-plan ainsi qu’une sorte de paravent transparent qui isole le batteur. C’est le premier jour d’une tournée qui comprend beaucoup de dates. “Heureux que ce soit ici” nous confie-t-il.

“Makes pleurer”

Un franglais trop mignon pour lequel on fond. Il conclut alors le spectacle sur une jolie photo de groupe !

Divine Clara Luciani

Derrière elle, comme des vitraux d’église sur lesquels sont apposés ses initiales. “Faites attention, vous êtes en train de devenir mon public préféré”. Cherche-t-elle à nous séduire? Rien n’est moins sûr. “Merci beaucoup, je ne résiste pas à l’envie de vous offrir des fleurs”. C’est alors l’heure de l’épreuve de la danse. “Si vous êtes trop timides, ou que vous avez trop chaud, vous pouvez onduler”. Un public intime lui fait face. Elle danse avec frénésie. Une jolie baignade musicale avec une instru de Metronomy saisit avec élégance. “Vous accepteriez de faire une photo avec nous” lance-t-elle avec son regard enjoué. “Attention, on lève les bras!”

Un feu étouffé

L’introduction de Nekfeu était éblouissante. La tension était à son comble. Le public excité à l’idée de retrouver son idole après trois ans d’absence. Des extraits vidéos de son film diffusés sur grands écrans. Puis, un magnifique plan rapproché. On s’attendait à un show coordonné, même millimétré, un de ceux où l’on en prend plein la vue. Pourtant, le spectacle a pris une toute autre tournure. Beaucoup de couacs sont advenus. Problèmes de son répétitifs, interruptions intempestives, éclipses momentanées de l’artiste pour laisser place à “la famille”. La promesse de ses deux sublimes albums n’a pas été tenue. Concours de circonstances? Probablement. La scénographie nous a semblé plutôt banale avec les bulles qui traversent le public et des fumigènes portés sur le devant de la scène. C’est du déjà vu. Nekfeu, blême, ne semblait pas au meilleur de sa forme. Demander trois pogos en l’espace de huit minutes sous 40° nous paraît relativement exagéré. La foule s’épuise. Par chance, l’artiste témoigne de sa bienveillance. Il demande au public de s’écarter lorsqu’une personne se retrouve au sol. Bien que le S-crew l’accompagne, sa prestation nous a laissé un goût d’amertume. Peut-être un accident de parcours. La deuxième crêpe est toujours plus réussie, espérons qu’il en soit de même pour sa prochaine date !

Un show complètement malade

Roméo Elvis s’est métamorphosé et transcendé le temps de son concert. Il a beaucoup d’humour, compte sur de merveilleux musiciens qu’il qualifie d’“incroyaux” et se donne à quelques 300%. On croirait presque que la fièvre l’emporte. Dès son entrée, il nous lance un défi à relever: “c’est possible de faire plus fort que les Vieilles Charrues?” Après son interprétation de “Drôle de question”, il vient titiller le public “c’est 15% de ce qu’un breton peut donner.” Encore un qui confond la Bretagne et les Pays de la Loire… Arrive l’heure de “Pogo” et c’est un cercle plus grand que celui de Nekfeu que l’artiste sollicite. Puis, place à la douceur avec “J’ai vu”. Une petite raillerie fraternelle survient alors. En parlant d’Angèle:  “c’est tellement pété, qu’elle n’a fait que trois accords.” C’est ensuite le tour des annonces. Au risque de vous décevoir “je ne vais pas être papa, mais on va sortir un clip le 1er juillet.” Une jolie scénographie tout en sobriété l’accompagne. Sur ce, l’artiste nous envoie des bisous volés. 

Le clip en question:

Disclosure à son apogée

C’était grand. Poétique. Enivrant. Disclosure nous a jeté le plus beau des sorts. Une scénographie captivante, des titres renversants, une interpénétration entre les artistes et le public. Disclosure ne se contente pas de laisser des traces sur les coeurs de ses spectateur.rices. Il les remplit de joie et de satisfaction. C’est émouvant, presque saisissant. Un instant suspendu au temps. 

Samedi en famille

Une début de journée au festival avec le groupe Minuit, mené par Simone Ringer, fille de la célèbre Rita Mitsouko Catherine Ringer. Une pop bien mené et chaleureuse.

C’est le moment de découvrir les animations et le site du festival.

Le groupe est suivi de Gaëtan Roussel bien connu des scènes françaises puisqu’il est l’électron libre de Louise Attaque, maintenant bien ancré en solo.

C’est au tour du KID de prendre place sur la grande scène. Fidèle à lui-même, il a réussi à captiver un public en quête d’identité.

Après la magnifique prestation d’Eddy de Pretto, c’est Dub Inc qui prend le relai. Un mood reggae se diffuse devant pas loin de 20 000 personnes. Le public kiffe la vibe. Les gens dansent, leurs esprits flottent au-dessus de nous et les corps se balancent. Parmi le public, certains portent des lunettes 3D. Les artistes en profitent pour annoncer la sortie de leur nouvel album mais se lancent avant tout un défi de taille: le faire découvrir au public dans un premier temps. Des chansons fortes et engagées, contre un système qui s’essoufle. Parce que oui, des gens dorment encore et toujours dans les rues. 

Bigflo & Oli nous ont donné rendez-vous sur la lune

Une introduction décalée et originale. Il s’agit de la diffusion de leur vidéo de promotion. On y voit Jamel Debbouze, McFly et Carlito, Michel Drucker et même Deschamps qui leur conseille un 4-4-2 pour les musiciens. C’est drôle, assez loufoque et bon enfant. On y aperçoit aussi Will Smith. Presque surréaliste. Cela dit, légèrement déçu par leur entrée qu’on attendait plus spectaculaire. Sur scène, les artistes déclenchent un bouton géant on/off. Le show peut commencer. La vie de rêve telle qu’on l’entend, avec une entrée de cabaret ou de vieux cinéma, qu’importe. Un food truck nommé “Visionnaire”. “Merci pour l’accueil, merci pour les sourires.” Des personnages entiers et sincères. De magnifiques décors et animations nous imprègnent de leur univers. Pour “Alors alors”, c’est une scénographie qui met en avant une planète, des sms et des cartes postales. “Papa” met lui en avant des photos de famille qui nous rendent presque nostalgiques. Des écritures et dessins d’enfants intégrés à l’espace accompagnent leur interprétation de “Plus tard.” Une constellation de flash s’allume à la demande de Bigflo & Oli. Dans le même temps, on distingue de jolies projections dans les arbres. “J’avais l’impression de faire un concert chez moi dans le sud.” Que de compliments !

Un rock vibrant avec Editors 

C’est rock. Les gens valsent. Les basses sont plutôt mal réglées au début du spectacle. Vers la fin, cette sensation s’atténue. C’est so british. Les vibrations nous traversent de toutes parts. Beaucoup de notes électro’ et de chansons de lover. On valide. 

L’éclosion de Bon entendeur

On se croirait sur une planète inconnue. Au début, comme un télézapping. Les DJ viennent d’acquérir depuis deux jours un superbe plateau télé. L’objet de nos rêveries diffuse des images d’archives sur les plages. C’est la deuxième prestation à laquelle le P’tit Rennais assiste et nous ressentons deux fois plus de plaisir. Bon entendeur se bonifie avec le temps. Ils se saisissent des codes et les détournent. Ils séduisent les plus jeunes et conquièrent le coeur des parents avec leurs visages angéliques. PPDA, Pierre Niney, François Damiens, Beigbeder. Et des morceaux “un peu plus à eux”. Pierre Della Monica, taquin, ne manque pas de chambrer le public “on se croirait dans une maison de retraite.” Et c’est alors une ovation pour Arnaud Bonnet qui fête son anniversaire. Merci pour cet instant de haute voltige !

Merci La Nuit de l’Erdre et à l’année prochaine ! 

Written By: Jade Ropers

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