La ZAD, laboratoire projectiviste #1

Où allons-nous ? Que faisons-nous ? Telles sont les questions que l’on peut lire sur les lèvres de ceux qui s’interrogent sur les événements de Notre-Dame-des-Landes. En tant que Rennais. Issus de surcroît d’une génération pleine d’avenir. Je me suis découvert l’envie de soulever des problématiques et d’y répondre de manière la plus apolitique et objective, même si cela s’est révélé presque impossible. Cet article en est le résultat.

 

Je suis allée à la rencontre de Rennais qui m’ont donné leur avis sur la ZAD. Je m’en suis servi, pour y accoler mon avis. Cet article sera donc basé sur une ressource objective, et orienté par mon avis. En somme, il sera quelque peu subjectif et j’espère qu’il vous apportera quelques lumières de même que l’envie d’aller de l’avant.

 

La ZAD, concrètement, qu’est-ce que c’est ?

Force est de reconnaître que l’image médiatique de la ZAD reste un peu floue. On a l’impression d’assister à une perpétuelle rave party tenue par des punks à chien… Cliché au possible, une image parfaite pour s’intégrer à l’imaginaire d’une ménagère d’un certain âge, angoissée à l’idée de faire ses courses en banlieue de peur d’y croiser des « gens des cités ».

Pour vraiment comprendre ce qu’est la ZAD, il faut pouvoir s’y rendre, et faire un travail actif de documentation. C’est seulement à ce moment que l’on commence à en entrevoir le potentiel, car la ZAD est un événement historique. Sa partielle destruction résulte logiquement d’une campagne de désinformation systématique. Ici, je vais tenter d’expliquer que cela s’inscrit dans une logique implacable, et que cela ne marque que le début d’une longue aventure. Du moins, je l’espère.

Et quelle surprise pour moi de reconnaître la complexité des différentes réflexions que j’ai pu recueillir pendant ce dernier mois de recherche ! Personne n’est totalement pour ou totalement contre. Il existe des paradoxes dans le débat, des questions sans réponses, des portes sans serrures.

 

 

La ZAD est mal comprise

L’argument premier qui revient chez les personnes interrogées reste que la ZAD est mal comprise. Pour beaucoup, elle se résume à une action contre l’aéroport : puisque ce projet est abrogé, il n’y a plus de motif légitime à ce que la ZAD continue d’exister. En fait, c’est bien plus complexe,pour moi, c’est un laboratoire créé pour penser les sociétés de demain. Des actions y ont été menées en ce sens et une autosuffisance y est née, ou tout du moins a commencé à émerger.

Ce qui nous conduit à la grande problématique du mouvement : la communication. Laissant les médias traditionnels dicter l’image qu’ils voulaient lui donner, les gens se sont vu prescrire une opinion préconçue de la chose. La ZAD a perdu du terrain dans l’opinion générale. Quelles en sont les causes ? C’est la question que j’ai souvent posée. La réponse est toute simple. La ZAD n’est pas une entité propre mais des groupes disparates de personnes aux valeurs divergentes, qui ont voulu construire un projet commun. Ce qui, peut-être, a conduit à un manque d’efficacité et de précision au niveau de la communication autour de ce projet.

Dans une posture cybernétique et d’étude des systèmes d’information, pour qu’un système clos comme la ZAD fonctionne, une interaction avec son environnement est nécessaire. Il faut donc atténuer les frontières. Dans le cas contraire, le système ne peut qu’imploser sous l’effet de la force appelée entropie. Elle contrôle tout dans l’univers : elle crée comme elle peut détruire. Je vous invite d’ailleurs à creuser cette notion, déterminante pour comprendre notre société.

Aucune civilisation ni organisation d’individus ne peut résister à la force et à la pression exercées par des systèmes qui les englobent, et donc à l’entropie. Pour grandement simplifier, c’est une force qui pousse chaque chose à se complexifier avec le temps, et donc à devenir instable, désordonné, car sujette à une grande multitude de paramètres pour se maintenir au niveau de complexité atteint.

 

 

Rentrer dans des cases

Le démantèlement de la ZAD ne peut donc qu’être perçu comme une réaction systémique et non juste une décision politique. Bien que l’extrême violence de cette dernière mérite d’être lourdement condamnée, nous ne reviendrons jamais sur ce point. Ceux qui sont allés défendre la zone savent combien le sentiment de guerre n’a jamais été aussi présent. « Ils balançaient de véritables obus, des trucs qui te fracassent le crâne si tu es en dessous. »

On a l’impression d’un combat mené contre une forme de liberté incomprise par les autorités. D’ailleurs, il est intéressant de constater que notre – si belle – culture occidentale supprime systématiquement ce qui ne rentre pas dans ses cases. On se dirige alors vers une pensée unique, orientée vers l’égoïsme et la paresse. Mais revenir sur ce point, c’est enfoncer des portes ouvertes et, ce qui nous intéresse ici, c’est le moteur, la cause de ces événements. Car la ZAD est un événement qui ne date pas d’hier. On est donc en droit de se demander pourquoi il a fallu attendre aussi longtemps pour s’en inquiéter…

 

Deuxième Partie Lundi prochain.

Written By: L'Hermite Sombre

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