Les Essentiels : Esprit Planète (Gobelets Réutilisables)

Suite à la crise du coronavirus, les PME/TPE locales sont très impactées, parfois même dans l’impossibilité de travailler. Aujourd’hui, il est nécessaire de se rapprocher des commerçants qui sont près de chez vous, qui contribuent à votre quotidien et au rayonnement de votre ville.


Vu la situation, nous avons décidé, au P’tit Rennais, de recueillir le témoignage de plusieurs entreprises locales, dont on apprécie le champs d’action, les valeurs et les idées. Gérants de cafés-restaurants, salles de concert et de sport, de boutiques vestimentaires, freelance, entreprises éco-responsables sont dans notre dossier : “Les Essentiels”

Le quatrième rendez-vous est pris avec Clément Carbonnel, gérant de l’entreprise Esprit Planète

Pourriez-vous vous présenter?
Je m’appelle Clément Carbonnel, et je suis le gérant de l’entreprise Esprit Planète.

Décrivez-moi votre activité.

Notre métier consiste à remplacer le gobelet en plastique jetable par une solution réutilisable. Nous personnalisons, louons et lavons des gobelets réutilisables depuis 10 ans maintenant. Les Rennais connaissent bien nos gobelets car nous sommes les fournisseurs de Mythos, du Liberté, du Space et de la plupart des bars de la ville.

Esprit Planète au Festival Yaouank

Depuis combien de temps êtes-vous installé ici ?

L’entreprise existe depuis 10 ans.

Qu’est-ce qui vous a poussé à faire ce métier ?
C’est un métier avec un sens profond puisque nous remplaçons un produit jetable par du réutilisable. Avec nous, la ville de Rennes a été la première ville en France à interdire le gobelet plastique jetable lors des événements (la fête de la musique par exemple). Pour le lavage, nous travaillons avec la Feuille d’Erable qui travaille avec le secteur de l’insertion. Notre mission est à la fois de réduire les déchets, de promouvoir la réutilisation mais aussi de privilégier l’emploi et l’économie locale.

On a décidé, au P’tit Rennais, de recueillir les témoignages des commerçants locaux. Le Covid a sévèrement touché les TPE/PME. Quelles sont les premières choses que vous avez faites pour réagir à cette crise ?

Nous travaillons énormément avec le secteur de l’événementiel et de la culture. Après l’annonce du premier confinement, nous avons perdu près de 90% de notre chiffre d’affaires. Cela tombait d’autant plus mal, que nous avons fortement investi dans de nouveaux locaux et embauché de nouvelles personnes pour conforter la croissance que nous avons depuis 3 ans.

Le premier confinement est un coup de massue. Nous avons vu s’annuler rapidement toutes les manifestations, festivals, fetes de villages et d’écoles.

L’entreprise est digitalisée depuis longtemps, donc la mise en place du télétravail a été assez simple, mais le problème, c’est que nous n’avons plus d’activité. Alors que faire ? Notre entreprise est solide et avait près de 3 mois de trésorerie d’avance. J’ai continué les investissements, principalement sur le web, pour rebondir très fort une fois que l’orage serait passé.

Sauf que 9 mois après mars, l’orage ne passe toujours pas. Pire, la possibilité d’une reprise s’éloigne de plus en plus. Il ne faut pas être docteur en économie pour comprendre qu’une entreprise qui perd 90% de son chiffre d’affaires ne va pas bien. L’angoisse monte encore plus avec le deuxième confinement. Quand est-ce que cela va s’arrêter ? Aurons-nous un 3ème puis un 4ème confinement ? quand est-ce que la réunion de personnes sera-elle possible ?

En ce moment, je commence à cogiter. Que faire de plus ? se réinventer ? sauf qu’après avoir développer l’entreprise pendant 4 ans, c’est comme recommencer une entreprise de 0 mais avec des emprunts et des banquiers moins enthousiastes.

Est-ce que l’État, ainsi que les collectivités locales, vous ont suffisamment aidé dans leur apport financier pour sauvegarder votre entreprise ?

L’Etat aide. Nous ne sommes pas aux États-Unis et il y a quand même des mesures qui ont été prises. Donc, je trouve que l’État à plutôt bien joué son rôle. Malheureusement, pour nous la crise dure…. En mars, nous aurons connu quasiment 12 mois à l’arrêt, nous allons perdre 120 000 euros en 2020, soit la quasi-totalité des capitaux propres de l’entreprise durement acquis sur les 10 dernières années.

C’est un tsunami que nous avons pris en plein visage. Il nous faudra plus d’aide.

Quid du PGE (Prêt Garanti par L’état) y avez-vous procédé ?

Bien sûr, il fallait le prendre. Nous avons eu le droit à 12% de la somme que nous aurions pu avoir et nous avons demandé le complément à notre partenaire bancaire la semaine dernière.

Sans lui, nous serions en cessation de paiement à la fin de l’année.

Malheureusement, le PGE reste un emprunt, et nous mettrons des années à la rembourser. Pour survivre, nous sommes obligés de nous endetter, mais les conséquences seront lourdes. Une capacité d’emprunt quasi gelée pour les 5 ou les 6 prochaines années, ce qui nous obligera à réduire notre croissance future. Bref, cette crise va laisser des traces pendant des années.

L’état propose le chômage partiel pour les salariés d’entreprises, pensez-vous que ce soit une bonne solution ?

Sans le chômage partiel, nous aurions licencié l’ensemble du personnel. C’est un excellent dispositif sauf pour les TNS qui ne le touchent pas.

Esprit Planète au bureau

Click & Collect, Livraisons à domicile, sont des solutions que vous avez utilisées pour sauvegarder la boite ?

Nous avions déjà pris le virage du digital les années précédentes et c’est d’ailleurs ce qui a permis notre croissance (entre 2016 et 2019, notre chiffre d’affaires a été multiplié par 3). L’un des seuls avantages de la crise, c’est la digitalisation à marche forcée du petit commerce. Il y aura beaucoup d’entreprises qui vont fermer, mais celle qui vont survivre pourront s’appuyer dessus et faire concurrence à une entreprise comme Amazon qui me fait très peur.

Comment voyez-vous les jours à venir ? Pour vous, et le monde de manière générale.

D’un point de vue du business, c’est dur. Je m’attends à 6 mois très difficiles pour Esprit Planète. J’attends bien sur un vaccin, ou un remède qui nous permette d’avoir de la visibilité.

D’un point de vue macroéconomique, j’ai aussi très peur d’une crise de la dette et du financement qui nous pend au nez… Bref, l’après Covid n’est pas très réjouissant.

Je pense aussi à tous mes clients, les bars, café-concert, le monde de la culture qui souffrent terriblement de la situation. Il faudra être incroyablement résilient pour que nous puissions nous relever ensemble.

Comment nos lecteurs peuvent-ils contribuer à soutenir votre activité ?

J’invite d’abord les politiques à réfléchir sur la dette PGE et sur un moyen de l’effacer. Nous pouvons mettre des conditions, environnementales par exemple, pour permettre à de nombreuses entreprises de prendre un virage plus écologique. Pour vos lecteurs, j’espère qu’ils pourront boire à nouveaux dans les gobelets Esprit Planète.

Esprit Planète aux Rendez-Vous de l’Erdre

Psychologiquement, avez-vous déjà pensé à tout arrêter ?

La vie de chef d’entreprise n’est pas simple, même sans la COVID. Chaque dirigeant d’entreprise s’est un jour posé la question de tout arrêter.

Mais c’est une vocation, les chefs d’entreprises sont résilients et optimistes de nature, on s’arrêtera lorsque l’on ne pourra pas faire autrement.

Êtes-vous satisfait des annonces d’Emmanuel Macron et du gouvernement ?

L’ouverture pour les fêtes et les cadeaux de noël ne me concerne pas. Je suis quand même content pour les commerçants qui ont pu ouvrir pour décembre et toujours un peu peiné pour mes collègues restaurateurs et barmaids.  J’attends avec impatience les prochaines mesures sur la réunion de personnes qui interviendront à mon avis pour le mois de mars. Par contre, j’ai pu bénéficier des 10 000€ d’aides et c’est une très bonne mesure qui nous donne de l’air, surtout que cela a été payé rapidement. Je ne remplis pas toutes les cases pour bénéficier des 20% du chiffre d’affaires du mois d’octobre 2019, mais j’espère pouvoir en bénéficier en novembre.  Pour le moment, nous tenons, et j’attends avec impatience les annonces concernant les festivals et les concerts. 

Une anecdote à nous partager sur Esprit Planète ?

J’ai mis un cierge pour que nous puissions tous nous retrouver au printemps pour l’ouverture de Mythos en avril et que nous puissions à nouveau boire une bière tous ensemble dans un gobelet réutilisable Esprit Planète !

ESPRIT PLANÈTE

4, rue la roberdière

35000 Rennes

contact@espritplanete.com

Written By: Sterling

Je partage mon temps entre écouter de nouvelles sonorités musicales, dévorer des séries télévisées et analyser les médias.

Comment: 1

  • Patrick

    Répondre 10 décembre 202021 h 45 min

    Belle interview, réaliste mais malgré tout optimiste. La situation est effroyablement difficile, elle laisse une grande place aux doutes quand à sa gestion trop controversée. Le vaccin ou la possibilité de se protéger est urgentisime. Les conséquences vont être terribles.
    Tiens bon la barre Clement, terre, terre, à l’horizon.
    PC

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