L’introspection reine sur Mythos 2019

Un public très hétérogène attendait la star de The Libertines dans le Cabaret Botanique, lieu précieux, digne d’accueillir Pete Doherty, fantaisiste qui transforme ses concerts en schizophrénie théâtrale.


Introspection n°1 : Pete Doherty  

L’homme au chapeau sort timidement, déstabilisé par la foule et les lumières comme une vieille étoile cherchant à rester jeune infiniment. Le disciple d’Oscar Wilde a montré sa meilleure version avec un esprit de poète vagabond et insatiable qui demandait d’être écouté et admiré. Toujours en gardant son air sérieux et malade, Pete Doherty, le fils d’Albion, a salué la « Britanny » avec son chapeau.

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© Elodie Le Gall

Le récit, bercé par une instru harmonique folk, a été fait d’une façon intime, comme seul lui sait le faire. Le spectacle nous a montré deux facettes de Pete Doherty : le rockeur incontrolable bavant sur le micro mais aussi le poète embrassant et caressant le micro.

Pete a clairement fait comprendre et entendre pourquoi il est encore sur scène, sa voix est puissante et belle, tout ce que son physique, extenué à chaque reprise de chanson et mouvement, ne montre pas. Comme un malade en train de mourir après chaque chanson mais un phénix qui ressuscite à chaque arpège. Ses yeux, timides, ne cherchent pas son public et restent fermés pendant presque toute le concert.

Un héros angoissé et amoureux du deuil, Pete Doherty s’est montré tel qu’il est. Toujours excentrique, le fils maudit du garage rock a donné sa meilleure version et nous avons adoré.

Introspection n°2 : £Y€$

La pièce de théâtre de la compagnie flamande Ontroerend Goed a donné de quoi parler avant mais surtout après l’immersion le samedi 9 avril. La salle Guy Ropartz était calme, les gens entraient timidement, le silence régnait et on avait du mal à croire que deux heures plus tard on allait comprendre ce que la richesse symbolise. Un sujet de tous les jours dont on parle parfois trop mais qui contrôle nos vies plus que l’on ne l’imagine.

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© Ontroerend Goed

Un décor d’enquête policière, une disposition de tables rondes tout au long de l’espace avec une lumière qui vient pointer un présumé coupable à chaque table. Des chaises à disposition pour le public, qui va interagir au début timidement et qui va se laisser porter au fur et au mesure.

Le but de la compagnie était de mettre mal à l’aise. « J’ai ressenti des frissons à un moment donné » a dit Guillaume, qui a trouvé que la mise en scène et le ton étaient grandiloquents. « Nous trouvions l’idée géniale et on n’a pas été déçus, ça fait vraiment peur parfois l’argent et on l’a ressenti », « ça faisait escape room » corroborait un jeune couple.

Introspection n°3 : Faraj Suleiman

Le Cabaret Botanique a eu son étoile filante le lundi 1er avril. Cette étoile, aux yeux noirs et incisifs s’appelle Faraj Suleiman et il a consacré du temps au jazz avec son piano.

Il s’apprêtait doucement à arriver sur scène, sans bruit, tel un chat, face aux gens qui le fixaient. Faraj a commencé à « parler » avec son piano et s’est mis à rythmer le spectacle à travers celui-ci.

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Le P’tit Rennais

Son regard sur les touches, sa tête touchait presque le piano, comme s’il voulait des fois l’arracher, des fois l’embrasser. Intimité, douceur, calme et élégance mais aussi rage et force sont les mots qui me viennent à l’esprit. Faraj est l’improvisation du jazz, la sagesse du piano classique et la beauté de l’Orient.

Le rideau du cabaret botanique tombe. C’était #tropdeplaisirs Mythos !

Written By: Laura Jones

Journaliste passionnée du septième art et l'espace numérique. Je me balade entre la comm et le storytelling. Créatrice du verbe to hitchco(o)ck.

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