MANIFESTATIONS CONTRE LA RÉFORME DES RETRAITES :LA JEUNESSE SE MOBILISE[2/2]

En cette fin de semaine, la jeunesse est toujours autant mobilisée. Cependant, la répression policière se durcit aussi. Certaines interpellations vont alors se transformer en scène de violence auxquelles seront confrontées de nombreux jeunes …   

Le mercredi 8 février aux alentours de 19 heures, les étudiants réunis à l’assemblée générale de Rennes 2 votent pour se rendre à la salle de la Cité, salle emblématique du militantisme rennais avec ses mémoires ouvrière, syndicale et culturelle. Dans cette salle, se tenait à 19h30 un meeting de la NUPES regroupant le PS, LFI, EELV,  le PCF et leurs organisations de jeunesse, ainsi que le Parti de Gauche, Générations et le NPA. L’objectif de cette manœuvre est d’occuper la “Maison du Peuple” (ancien nom de la salle de la cité) à l’instar des militants de Nuit Debout qui l’avaient occupée durant douze jours lors des différents mouvements de contestation contre la loi travail en 2016.

Débordée par l’ampleur de l’évènement, La NUPES décide d’annuler le meeting et de quitter la salle. Le lendemain matin, la mairie de Rennes dirigée par Nathalie Appéré (PS) demande l’évacuation de la salle de la cité et envoie une vingtaine de camions de CRS pour déloger les occupants réfugiés sur les toits. S’ensuit alors une forte répression des forces de l’ordre qui sera condamnée plus tard sur le compte Twitter de La France Insoumise. Au total, 26 personnes seront interpellées dont 6 mineurs, pour certains des lycéens étant venus soutenir la mobilisation étudiante. On compte aussi deux blessés pendant l’intervention des forces de l’ordre ainsi que trois personnes placées en garde à vue.  

crédits : mobilisationmédiatique

Le vendredi 10 février, L’université de Rennes 2 est alors complètement débloquée et les cours reprennent. Cependant, de nombreux lycéens sont toujours mobilisés au sein de leur lycée puisque les lycées de Descartes et Bréquigny sont une nouvelle fois bloqués. La mobilisation des étudiants de Rennes 2 est quant à elle loin d’être finie puisque les étudiants ont voté ce lundi 13 février lors d’une nouvelle assemblée générale de l’université un nouveau blocage de la Fac les mercredi 15 et jeudi 16 février.

En dehors de ces mouvements de blocages, la jeunesse était une nouvelle fois mobilisée lors de la grande manifestation du samedi 11 février où plus de 40 000 personnes défilaient dans les rues de Rennes, un record depuis les manifestations de 1995 contre le “Plan Juppé”.

crédit : inforennes2

 Lorsque la marche se clôt, de nombreux militants se déplacent vers la place Saint Anne pour se retrouver entre eux autour d’un verre dans une ambiance de festivités post-manifestations. S’ensuit une très forte mobilisation des forces de l’ordre qui commencent à bloquer toute la place, les manifestants se retrouvent alors pris au piège sans aucune échappatoire. C’est alors que débute une violente répression des forces de l’ordre envers de jeunes manifestants qui tentaient de s’échapper.

“Un riverain a filmé cette scène depuis sa fenêtre près de la place Sainte-Anne à Rennes, dans la précipitation, elle ne pense pas à enlever un filtre audio qui rend les paroles inaudibles”

Gautier Langlois, étudiant en Droit et militant au sein de la France Insoumise nous raconte ce qui s’est passé. “En fin de manifestation, la police est arrivée place Sainte-Anne où les terrasses étaient pleines. Nous avons été obligés de bouger et nous nous sommes retrouvés bloqués dans la rue de la salle de la cité” raconte le jeune homme.

Les CRS ont ensuite lancé plein de bombes lacrymogènes. Les policiers de la CI ont chargé alors que nous n’avions aucun moyen de nous enfuir”.. Gautier arrive alors à ouvrir la porte d’un hall d’immeuble où il est suivi par une vingtaine d’autres jeunes. Ils ressortent par la porte de derrière et se retrouvent dans une cour. “C’est là que des policiers arrivent en hurlant. Directement, les policiers se déchaînent et tabassent un mec à côté de moi, au moins une vingtaine de coups dans le ventre. Un policier vient décaler son intention sur moi et me met un énorme coup de matraque télescopique, puis vient replier sa matraque en utilisant mon ventre comme support” témoigne le jeune militant. Gautier essaie de prendre une vidéo de la scène mais range rapidement son portable sous peine de le perdre.

“ Gautier a enregistré l’arrivée des forces de l’ordre dans la cour de l’immeuble où il s’était réfugié”

S’ensuit alors un déferlement d’insultes accompagnant les coups. “Pendant 10 minutes, ils nous ont insultés de tous les noms, bandes de pd, niquez bien vos mères, bandes de putes, voila ce que l’on a entendu” raconte Gautier. “Les policiers ont alors demandé à ceux qui travaillent de lever la main puis se sont adressés aux autres en disant : ‘Vous n’êtes que des profiteurs, vous voulez juste vivre du RSA, vous servez à rien bande de merdes !’ ” détaille le jeune étudiant de 19 ans. “Puis, ils ont mis les 20 personnes à genoux, les mains derrière la tête avant de nous faire sortir un par un”. Les scènes de violence se poursuivent. “Un camarade devant moi possédant un mégaphone se fait traîner par la barbe, baffé, frappé dans les genoux. Quand ce fût mon tour, ayant une cravate, un policier s’est amusé à serrer le nœud au maximum pour m’étouffer. Ensuite, il s’est amusé  à me traîner par la cravate comme un chien en s’exclamant à ses collègues ‘regardez mon p’tit chien !’ avec les autres policiers hilares bien sûr. S’ensuit une simple fouille sous les insultes et il me laisse repartir”. Gautier se dit alors “indigné” des humiliations et violences qu’ont subies ces jeunes, d’autant plus que selon Gautier, certaines personnes présentes avec lui se seraient retrouvées ici par hasard et n’avaient pas forcément participé à la manifestation. 

Anaël Le Floch

Written By: Le P'tit Rennais