Muddy Monk : « Pour bingo paradis, j’ai eu envie de retrouver un univers soyeux mais croustillant. »
À l’occasion de son passage à l’Ubu à Rennes le 9 octobre, on a eu la chance d’échanger avec Muddy Monk, l’artiste suisse qui nous fait voyager entre mélancolie et synth-pop solaire. Avec son nouvel album Bingo Paradis, il continue de tracer une route musicale unique, entre sonorités vaporeuses et ambiances intenses. Rencontre avec un artiste qui nous emmène loin, tout en gardant les pieds sur terre.
Tu joues à l’Ubu à Rennes le 9 octobre, comment tu te sens à l’approche de cette date ? Tu as un lien particulier avec Rennes ou la Bretagne ?
Le concert à l’Ubu va être ma première date depuis deux ans donc d’un côté je suis stressé. En même temps c’est la première fois que je monte sur scène avec des musiciens, et je suis fier du show qu’on a monté et donc très excité de le présenter. Je connais relativement peu Rennes, mais j’adore la Bretagne. L’un de mes meilleurs amis est originaire du Finistère Nord. Il nous a fait découvrir cette région incroyable d’intensité.
Je t’ai découvert avec les morceaux “Le Code” et “Et si l’on ride”, et je suis tout de suite tombé sous le charme de ton univers. Est-ce que tu peux nous raconter comment ces morceaux ont vu le jour ? Ils ont marqué un tournant dans ta carrière ?
Si l’on ride a vu le jour dans mon studio à Fribourg. Durant une période où je cumulais plusieurs jobs. Je me sortais d’une période difficile et je commençais à me sentir à nouveau sur la route. Si l’on ride c’est aussi le premier morceau que j’ai composé avec mon premier synthétiseur que j’avais acheté dans une brocante.
Pour le code, c’est Myth Syzer qui est venu me proposer de rejoindre toute l’équipe sur ce morceau qu’il avait composé. Ce fut une belle expérience.
Ton nouvel album Bingo Paradis est hyper addictif, plein de vibes synth-pop, un vrai voyage. Qu’est-ce qui t’a inspiré pour cet opus ? Comment s’est déroulé le processus créatif ?
Pour bingo paradis, j’ai eu envie de retrouver une esthétique de boucles assez douce. Un univers soyeux mais croustillant. Mes inspirations ont été très variées et toujours très inconscientes. Je choisis rarement là où je vais en musique. J’expérimente et je vais là où mes intuitions me mènent.
Pour l’écriture de l’album, j’ai d’abord commencé par une période de recherche de sonorité, j’ai créé une palette de son que je pouvais ensuite utiliser pour composer mes morceaux.
Depuis tes débuts, ton son a évolué d’une manière assez unique. On sent que tu touches un peu à tout, des ambiances vaporeuses aux rythmes plus marqués. Comment décrirais-tu ton évolution musicale depuis tes premiers morceaux jusqu’à aujourd’hui ?
Je pense que mon évolution musicale a été impactée par deux choses. L’une est mon état émotionnel qui a évolué au fil des années, en passant par des périodes plus ou moins difficiles et d’autres plus ou moins lumineuses. Et d’une autre part, l’évolution de ma musique est liée à mon amour de l’expérimentation qui me donne toujours envie de découvrir d’autres procédés, d’autres types de musique, et me pousse à créer de nouvelles solutions.
On ressent un vrai mélange entre douceur et intensité dans tes morceaux, un truc à la fois mélancolique et solaire. Qu’est-ce qui t’inspire au quotidien, dans la vie de tous les jours, pour créer cet équilibre si particulier ?
Comme d’autres, j’ai eu des périodes assez lourdes dans ma vie qui ont laissé des traces et je pense que malgré la résilience, on garde un peu de ça en nous et c’est cela même qui dans la joie donne une teinte équilibrée et belle. Plus belle qu’un monochrome.
On parle souvent de la scène musicale en Suisse (d’où tu viens) comme une scène un peu “souterraine”, mais bourrée de talents. Tu te sens appartenir à cette scène ou ton style est plus influencé par tes découvertes personnelles et tes voyages ?
Je suis heureux que la scène suisse commence à bouger. La suisse n’est pas un lieu idéal pour se professionnaliser et tant qu’artiste. Cependant je ne me sens pas à appartenir à cette scène si ce n’est par ma nationalité. Je côtoie très peu de monde dans mon processus artistique, je le fais de façon très solitaire je ne me sens donc pas faire partie de telle ou telle famille.
Si tu devais choisir un lieu ou une ambiance pour écouter Bingo Paradis, ce serait quoi ?
Je pense qu’on peut l’écouter dans pleins d’endroit où l’on se sent bien et apaisé. En Bretagne ce serait la plage de Beniguet à saint-pabu, un jour de beau.
Pour finir, une petite question bonus : c’est quoi le dernier morceau que tu as écouté et qui t’as retourné la tête ?
Lowly – Baglaens