Thylacine

Mythos : Thylacine, entre voyages et musique, son histoire

Dans le cadre du festival Mythos, Le P’tit Rennais est allé interviewer Thylacine. Alors qu’il vient de sortir la bande originale du film « De toutes mes forces » et qu’il joue le 29 Avril prochain à l’Olympia, nous avons voulu en apprendre un peu plus sur lui, sa passion pour la musique et les voyages.


Donc tu es saxophoniste?

Ouais, tu verras ce soir mais ça m’arrive de le ressortir sur les lives parce que c’est un truc aussi où je peux m’éclater en improvisant en live, je peux même fermer les yeux et improviser pendant 10 minutes là-dessus et c’est assez rare que j’arrive à le mélanger avec la musique que je fais mais parfois ça marche donc y a quelques morceaux que j’ai réussi à faire. Ça me laisse la place pour improviser et faire du saxo là-dessus sans que ça sonne dégueulasse.

Et, tu joues d’autres instruments ?

Je tâte plein d’instruments: forcément un peu de piano, des sortes de guitares, mais après c’est vraiment purement pour composer, c’est que ça m’aide dans la composition. J’ai pas vraiment fait de la batterie mais je jouais de la batterie chez des potes, mais c’est quelque chose que j’ai toujours aimé faire.

Pourquoi en es-tu venu à la musique électronique ?

Parce que j’avais envie de composer, c’est-à-dire que je suis passé par un circuit un peu classique, formation de musique classique. C’est très cool mais bon, on t’apprend à tenir une partition, à écrire une partition, mais moi on m’a pas appris à composer, et en fait c’est ça que j’adore, c’est ça que je trouve le plus intéressant dans la musique. C’est comment tu peux faire passer une émotion à travers un morceau, tu t’enfermes dans ta chambre et pendant deux jours tu bosses sur un truc qui parle mais qui est assez intime et qui transporte quelque chose. C’est ce qui m’intéressait, et, en fait, je suis venu à la musique électronique juste pour ça. Pouvoir composer tout seul, avoir la main sur tout, c’était génial! Juste avec un logiciel cracké, un petit clavier, tu fais des trucs, tu enregistres des boucles et puis tu regardes sur Youtube pour voir comment ça marche et ça a commencé comme ça. J’avais pas trop de culture électronique, j’étais à Angers à l’époque, c’est pas la capitale de l’électronique même si c’est mieux maintenant.

 

Pourquoi tu as choisi le Transsibérien pour composer ton dernier album ?

Je me rendais compte qu’enfermé dans un studio j’étais pas hyper productif, j’avais besoin de bouger, de rencontrer des gens, de vivre des trucs pour raconter quelque chose dans ma musique et enfermé dans mon coin je trouvais ça fade et pas super intéressant. J’avais perdu cette espèce de volonté, le besoin de composer et de raconter quelque chose y a un moment donné où quand tu vis des trucs forts, tu ressens des émotions hyper fortes, t’as envie de coucher ça en fait sur le papier. Le train est mon moyen de transport préféré, et à l’époque je tournais toujours en train et j’aime bien à la fois le petit confort que t’as dans ton fauteuil avec la vitre, et puis tu vois la vue qui défile, en même temps tu es vraiment ancré dans le paysage, tu vis, tu n’es pas comme dans l’avion où tu es déconnecté. Tu peux t’arrêter à plein d’endroits, tu rencontres des gens et après le Transsibérien c’est le train le plus long au monde. J’y ai passé 160 heures C’était ça le but, je savais pas vraiment si j’allais faire un album où juste un gros EP, j’en savais rien, le but c’était de voir ce qui se passe, de là à là pendant ce temps là, qu’est ce qui va en ressortir.

Et qu’as-tu rapporté d’autre de ce voyage ?

Des rencontres très fortes humainement et musicalement. Il y a plein de voix au final dans cet album, comme un chaman rencontré là-bas, enfin plein de rencontres hyper fortes humainement et musicalement et ça c’est génial, d’une part tu rencontres des gens qui te racontes leur vie qui est quand même très différente de la tienne, c’est super enrichissant et en plus tu as cette matière sonore, une voix c’est un truc que j’aime beaucoup travaillé, une voix en plus dans des langues que je ne comprends pas c’est d’autant plus intéressant parce que c’est des sonorités différentes, en gros dans tout l’album y a du tatar, du bouriate, du chaman, y a un peu de russe et du bulgare.

 

Dans ton album, tu as des bruits, des chants, c’est-à-dire que ces personnes-là, tu t’es retrouvé à côté d’eux et tu t’es mis à enregistrer ?

A chaque fois, je suis parti avec une petite équipe vidéo pour documenter tout le projet. On s’était démerdé avant pour avoir un contact dans chaque endroit où on s’arrêtait, y a une personne qui nous accueillait, dont un mec que j’avais capté sur Instagram. Des trucs qui n’ont rien à voir mais c’est un contact là-bas qui, lui, te permet de te présenter des gens, qui peut te faire découvrir la ville et c’est souvent à partir de ces moments qu’on a rencontré plein de gens. Je leur expliquais le projet, et je leur demandais s’ils connaissaient des gens qui font de la musique ou du chant ou autre, un peu traditionnel. Sinon, il y a des sons qu’on a pu enregistrer directement dans les gares, à Moscou, dans le train, ou alors je me levais en pleine nuit et puis j’allais choper des sons soit sur des résonances, le bruit des rails …

 

T’as fait d’autres voyages autrement ?

Ouais, après en tournée plus. Là, on a pas mal joué en Asie l’année dernière, on a fait Le Japon, La Chine, La Corée du Sud, l’Indonésie. L’année d’avant, j’étais allé au Vietnam et là, on est en train de confirmer des dates pour le Kazakhstan, sinon je suis allée en Turquie, Tunisie… pas mal.

Moi, j’adore ces moments-là mais c’est compliqué quand tu as un planning assez strict de partir dans des moments de composition. Moi, parfois, je me pose et il ne faut plus me déranger. Je peux passer toute la nuit à composer sur un truc et du coup je suis obligé de dormir la moitié de la journée.

Et, quel est le lieu qui t’a inspiré le plus ?

J’ai adoré Tokyo quand même, parce qu’il y a ce rapport d’une culture qui est très différente et en même temps c’est un pays très développé. En Indonésie, c’était assez génial aussi.

 

Ils sont ouverts à ta musique en Asie ?

Oui, carrément. C’est un public qui est différent, un peu plus sage mais en Chine on a fait des super concerts ; Corée du Sud, Séoul c’était super cool. Je ne peux pas parler du pays mais je peux parler d’une ville, des rencontres que j’ai faites, je peux pas comparer des pays mais ceci-dit de voyager comme ça c’est aussi hyper bien parce que les personnes qui m’accueillent sont des locaux. Au Japon, en dix secondes t’as intégré un peu à la culture japonaise, ils t’expliquent un peu tout, ils t’emmènent même dans des endroits auxquels tu n’aurais pas pu aller tout seul parce que tu ne comprends rien de comment on mange ce truc, comment on fait. Du coup, je trouve ça génial parce qu’en deux secondes j’ai l’impression d’avoir la vision locale de la ville, enfin tu vois s’ils n’aiment pas leur ville ils me le disent. Je suis allé à Jakarta et c’est la première fois que je suis allé dans une ville où tout le monde m’a dit que c’était pourri. Ils m’ont dit « non mais nous on vient là pour bosser mais après tous les week-ends on se barre ailleurs » parce que c’est une ville qui a poussé en un seconde avec plein de buildings et tout mais y aucun endroit cool, c’est la pire ville en embouteillage, c’est sur-pollué, c’est que des bureaux, t’as pas de parc. C’est assez marrant mais nous on est resté que deux jours donc j’ai pas eu le temps de voir ce rapport-là. J’ai joué à Ankara y a pas longtemps, ça m’intéresse énormément de savoir ce qui a changé en Turquie depuis un an, de discuter avec des jeunes comme nous qui ont pu vivre tous les évènements récents, garder contact et d’échanger.

 

Tu joues ce soir au Cabaret Botanique. Heureux de faire partie de la prog’ de Mythos?

Le lieu est hyper bien, j’adore, j’avais déjà joué dans des Magics Mirror et c’est super agréable à la fois en terme de son, c’est très cool, c’est assez feutré et en même temps c’est quand même de la puissance. C’est bien, ça ne raisonne pas, c’est beau, c’est assez agréable d’y jouer .

Et, t’as des artistes que tu aurais bien aimé ou que tu aimerais bien voir et qui sont programmés à Mythos ?

Bachar Mar-khalifé .. Ah, Cléa Vincent, ça je suis très curieux de voir, j’aime bien cette espèce de naïveté et de fraîcheur du projet ça a rien à voir avec la musique que je fais mais ça me touche assez. Timber Timbre, j’en avais déjà entendu parler il y a quelques temps, je ne me rappelle plus trop ce que c’est mais je me rappelle que je me l’étais noté… Après, les pièces de théâtres il faut que je me penche dessus pour te dire si ça m’intéresse ou pas

 

Et tu nous joues des nouveaux morceaux ce soir ?

Je ne sais pas, ça dépend si on me laisse le temps ou pas, vu que je clôture c’est possible, ça va dépendre de l’ambiance en fait. En général il y a une partie de morceaux où je ne sais pas encore exactement si je vais les jouer ou pas. En fait, je décide un peu sur le coup, en fonction de l’ambiance. C’est de l’interaction avec le public. Il y a des morceaux où je me rencontre que dans ce cadre là ça passe moins bien

 

Tu as un dernier petit mot pour Le P’tit Rennais ?

Peut-être que j’aurai l’occasion de découvrir ce webzine que je ne connais pas!

Vas-y, c’est chouette!

Oh yes ça marche!

Written By: Le P'tit Rennais

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