NEMIR : « J’ai un parcours assez complexe dans la musique. »

« Des heures », « Ça sert », ça faisait un moment qu’on avait plus entendu NEMIR en solo, environ 4 ans pour être plus précis. De ce fait et également par empathie pour sa musique et sa personnalité, nous l’avons rencontré juste avant son concert au festival Mythos. Aujourd’hui, l’artiste revient avec son nouvel EP de 6 titres « Hors-Série ».


Merci d’avoir accepté notre interview !

On m’a dit que lorsque je venais à Rennes, c’était à vous qu’il fallait que je parle, moi j’exécute les ordres (rires).

Comme beaucoup de gens je pense, je t’ai découvert sur le titre « Ailleurs » avec Deen Burbigo mais avant tu avais sorti deux mixtapes Next Level 1 & 2. Comment on passe d’un rap assez engagé à la chanson française ?

J’ai l’impression que c’est une question de dosage. Des éléments qui étaient comme des accents sont devenus des lettres beaucoup plus fortes. Mais je dirais que c’est un cheminement naturel. Le temps nous adoucit avec les années. On voyage, on continue la traversée et l’apprentissage et puis j’aime me renouveler tout le temps.

J’ai l’impression qu’il y a un côté spirituel chez toi ?

Spirituel oui mais pas ésotérique. Je suis très cartésien malgré tout. Après j’intériorise beaucoup mes émotions, donc j’ai, disons, un univers intérieur assez grand, c’est peut-être ça, le côté spirituel que tu peux ressentir.

De 2012 à aujourd’hui, tu n’as pas sorti de projet solo, on t’a juste vu en feat sur les projets de tes potes (Nekfeu, Deen Burbigo). Est-ce que c’était une volonté de ta part de ne pas sortir de projet pendant si longtemps ?

Après le projet de 2012, on a tourné pendant 2 ans. Et un peu comme un chercheur d’or, j’ai eu des périodes différentes. Après la tournée je suis rentré en studio pour chercher l’étincelle, mais ne la voyant pas arriver, les petits moments de déprime ont commencé à débarquer. On se décourage quant au bout de 6 mois on cherche et l’on ne trouve pas ce que l’on veut.

Tu ressentais une pression ?

La pression c’était plus celle que je m’infligeais au quotidien, que celle des autres même si elle existait.  Et puis comme il y a un côté perfectionniste maladif chez moi, et un côté un peu fainéant aussi. Donc après 6 mois en studio sans trouver, j’ai un peu déprimé. La voix la plus obscure au fond de moi me disait que c’était peut-être fini, jamais à 100% mais à 90%. Mais l’espoir revient, tu cherches la formule, tu finis par t’abandonner complètement. La meilleure chose qui me soit arrivé car finalement tu te dis : « je m’en fous, je fais ça pour moi, je me fais plaisir ». C’est là que la libération est arrivée. Ça a été beaucoup plus facile après de sortir des titres.

Pour en arriver à hier et la sortie de ton EP « Hors-Série »…

Je suis content, je n’avais rien sorti depuis 4 ans gros !

Donc c’est un 6 titres, avec Deen, Krisy et PLK comme invité, explique-moi un peu comment tu as fait ce projet, combien de temps ça t’a pris pour le faire ?

1 mois et demi voire 2 mois. Ce sont des morceaux spontanés, on avait développé une théorie avec Enzo avec qui je travaille tout le temps et qui produit tous mes sons. On rentre en studio, on fait un son et on le clip. Et donc, j’ai commencé à sortir un clip sur Facebook toutes les deux semaines. Ensuite voilà, on a rajouté deux inédits à ces morceaux-là et on a sorti le projet. Le morceau avec Krisy, je l’ai sorti en solo et il m’a appelé direct pour me dire « je ne veux rien savoir, je veux poser dessus », celui avec Deen on l’a fait en studio ensemble. PLK c’est le dernier morceau qu’on a produit. Comme on avait le même management, on parlait beaucoup, on voulait faire un morceau ensemble, je lui ai envoyer le morceau, il a eu un coup de cœur et m’a renvoyé son couplet 2 heures, après et c’était réglé.

J’ai été surpris parce que je pensais que des morceaux comme « Des Heures » et « Ça sert » étaient dans l’EP !

En fait c’est des titres d’album. Comme je m’étais absenté longtemps, j’ai sorti un 1ersingle « Des heures » en septembre qui a reçu un très bon accueil du public. Ça pouvait être déroutant pour le public qui m’avait connu avec « Ailleurs », « Des heures » peut être la continuité, mais il faut peut-être avoir une oreille aiguisée pour percevoir les liens entre mes anciens univers et les nouveaux. Pour quelqu’un qui m’a connu dans ma période rap, entendre une guitare voix aujourd’hui, il va se dire « C’est qui celui-là ! C’est le nouveau Christophe Maé ? Qu’est-ce qu’il nous fait ? » (rires).

Entre le rap et le chant tu as fait un choix du coup ?

Non non, je ne me pose pas la question. C’est la première inspiration qui me viens quand je mets play, qui me fait dire si ça sera rappé ou chanté. Dans mes raps, il y a énormément de chant caché, et dans mes chants énormément de placements rap aussi. Donc c’est un équilibre qui correspond à l’esthétique que je veux donner au morceau.

Je me retrouve un peu dans tes chansons, notamment « Ça sert » qui parle de l’amour pas forcément avec une femme, mais de l’amour en général…

Oui, c’est ça, on regarde toujours le verre à moitié vide. Et même si finalement tout porte à croire que rien est utile, tout est utile. En fait ce que veut dire ce morceau, c’est qu’au-delà de la difficulté il y a toujours un résultat qui vaut largement difficulté endurée. Et même si parfois c’est injuste, si des parcours plus méritants qui tardent à recevoir le fruit de ce qu’ils ont semés, ce n’est pas grave, ça forme quand même. Moi j’ai un parcours assez complexe dans la musique, on m’attendait à un moment, on voulait que j’explose tout et j’ai disparu. Fin 2012-2013, on a sorti le projet, on a signé chez Universal, on a eu beaucoup de concerts, fait la 1èrepartie de la tournée de Stromae. Dans l’idéal on aurait dû sortir un album dans les mois qui suivaient et on aurait dû péter le score. Mais j’accepte ce qui m’arrive, c’est en moi, c’est comme ça, c’est le destin

Je définirais l’EP comme une longue balade dans ta vie entre 2012 et 2018, et aussi une sorte d’introspection car il y a des sons dansants mais aussi, des morceaux plus personnels, tu me dis si je me trompe… 

Je trouve que le mot balade est celui qui correspond le mieux. Ce n’est pas une introspection type psychanalyse du tout, ça survole quand même. C’est une balade entre les univers qu’on aiment travailler avec Enzo mon beatmaker. Une balade entre les nuances de notre musique.

Donc cet EP c’était un prémice, avant l’album ?

Oui, l’album est prêt ! J’avais envie d’être généreux car je n’avais rien livré et j’avais envie de donner des titres avant l’album. Je trouvais que ça faisait un peu arrogant de s’absenter 5 ans, et de dire : « tenez mon album ». Pour moi, c’était comme si je repartais à zéro, que je n’avais rien sorti et que personne ne me connaissait. Une fois qu’on a livré l’album à Universal, on s’est dit qu’on allait offrir des choses aux gens avant. On vient donc de sortir l’EP et on réserve peut-être d’autres surprises, et on va peut-être annoncer bientôt la date de l’album, pas mal de clips vont débarquer.

J’avais une question sur la gente féminine car tu en parles beaucoup, est-ce que Nemir est pacsé, casé… ?

Il est amoureux, Nemir l’a toujours été toute sa vie, car il ne peut pas vivre sans !

Tu es quelqu’un de très gentil, de généreux, chaleureux ça se voit en tout cas.

C’est sur, c’est parce que je viens du Sud (rires), mais après je suis une vraie terreur au travail ! Il faut se méfier un peu (rires) ! On est là, on partage un moment convivial, je ne vais pas t’agresser, mais y a des amis juste à côté qui peuvent te faire un tableau un peu plus… (rires)

Je suis toujours bienveillant, mais après comme un mec sans filtre, quand je donne c’est à 100%, quand je suis agressif c’est à 100%, quand je suis frustré c’est à 100%.

Tu as hâte de jouer ce soir à Mythos ?

Ouais, hâte mais ça me fout la pression parce que je croyais qu’on jouait en 1ère partie, mais non c’est nous qui clôturons le truc. J’aurais aimé qu’il y ait une tête d’affiche, pour pouvoir me cacher derrière et lui mettre la pression et arriver au calme. Après, oui, je suis content, l’endroit est magnifique. On n’a pas souvent joué à Rennes mais je sais que la ville est bouillante.

Alors Nemir, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

De jamais arrêter, de jamais (re)disparaître, de faire le maximum de sons, dès qu’un projet est fini, en ressortir un autre très vite. C’est tout ce qui m’anime en ce moment ! Plus de pause pendant 3-4 ans au moins !

 

 

 

Written By: Samuel Garnier

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