Olivia Ruiz

Mythos : Olivia Ruiz, une femme plus que chocolat

Chanteuse, danseuse, actrice, réalisatrice et compositrice, Olivia Ruiz a répondu à nos questions dans le cadre du festival Mythos. Avec un nouvel album, “A nos corps-aimants”, une comédie musicale, “Volver”, c’est une femme protéiforme qui s’est dévoilée à nous.


Comment as-tu commencé à écrire des chansons ?

Mon père est chanteur et musicien donc ça a toujours fait partie de ma vie. Vers 7-10 ans, j’écrivais des chansons pour qu’il les chante. J’imagine que si on les retrouvait, ça serait “ridicule” car il ne les a jamais chantées… Il devait y avoir une raison (rire).

C’est génétique chez Olivia Ruiz la musique alors ?

Je ne sais pas si c’est dans les gènes ou si c’est culturel de vivre dans un milieu tel que celui là, de voir tous les musiciens. J’ai grandi dans un café qui était tenu par mes parents, mes grands parents et deux de mes oncles et je voyais, comme moi aujourd’hui je voyage en tour bus, celui-ci venir chercher mon papa, tous les musiciens, cet esprit « colonie de vacances ». J’avais pas encore mesuré cet aspect “célébrité”. Ce que je voulais, c’était chanter sur scène, comme mon père, et c’est vrai que c’était la surprise qui n’était pas vraiment la cerise sur le gâteau. On regardait jamais la télé, c’était quelque chose qui nous était étranger… Les maisons de disques, passer à la télé… Ça m’est un peu tombé dessus. J’aurais rêvé d’une carrière à la Daft Punk, les gens connaissent mes chansons sans connaître mon visage pour garder une vie 100% normale au quotidien et diffuser ma musique au maximum.

© Philippe Remond au festival Mythos

Suite à la Star Academy, est-ce que ça n’a pas été trop compliqué de se détacher de l’image qui t’avait été donnée ?

Tout le monde le pensait mais au final non. Tout d’abord je n’ai pas essayé de me détacher de quoi que ce soit, j’ai assumé mon parcours de A à Z et c’est ça, je pense, qui a fait la différence. Dès mon premier album, “j’aime pas l’amour”, la critique la plus spé a été assez unanime, donc au final ça n’a pas été aussi compliqué que ça.

Quand tu étais petite, tu voulais que ton père chante tes chansons mais aujourd’hui ton père et ton frère participent aussi au dernier album.

A tous mes disques en fait, ils sont présents sur tous les albums à part le premier où mon frère n’était pas encore là. Mon frère, c’est vraiment la plume la plus acérée que je connaisse dans son registre : rap, slam… Et mon père, lui, a une voix très grave, très chaude qui se mélange merveilleusement à la mienne donc quand il y a besoin de renforts, il semble évident d’aller chercher des gens talentueux à portée de main.

Donc ton frère écrit très bien mais, toi, sur tes albums, comment as-tu composé tes titres notamment celui à Cuba “Le calme et la tempête” et le dernier “A nos corps-aimants” ?

Je n’ai pas forcément de méthodes, je peux tout aussi bien écrire dans une rue qui grouille de monde ou toute seule sur mon lit. Ce sont des fulgurances sur le premier jet et donc ça peut être dans la rue avec un visage qui va m’interpeller et il faut vite que je m’arrête, que je jette une base pour ne pas oublier. Ensuite, je retravaille en fonction de la construction du morceau. Par exemple, pour “Mon corps, mon amour”, j’ai acheté un nouveau clavier, j’ai fait la compo et tout de suite ça m’a fait penser à un texte qui trainait dans un tiroir depuis des années. J’ai alors terminé le texte grâce à la compo. D’autres fois c’est l’inverse… Je n’ai pas d’habitudes, de recettes particulières. J’aime bien être à l’étranger car c’est inspirant. Une bonne partie des chansons ont été composées à Los Angeles parce que j’adore cet endroit. Il fait beau, “Venice Beach”, c’est un endroit qui me correspond tout à fait. Être au milieu des skateurs, des surfeurs et des musiciens dans un espèce de bordel un peu pour touriste mais aussi une vrai vie underground.

Le lieu dans lequel tu vas aussi peut-être influencer ton écriture et ta musique ?

Je ne sais pas si il y a une influence directe. Par exemple, sur ce dernier album, j’ai beaucoup écouté de la cumbia colombienne, et c’est plus ça qui m’a influencé que le fait d’être à Los Angeles. C’est avant tout le fait que quand tu es à l’étranger, tu te retrouves seule face à toi même et tu te poses des questions que tu ne te poserais jamais dans ton quotidien confortable entouré de ta famille, de tes amis… C’est une façon de se retrouver seule face à soi même et de sortir de sa zone de confort.

© Nico M photographe au festival Mythos

Tu as eu la bonne idée de solliciter les internautes avec le choix de tes chansons, de ta tenue pour les concerts, de la crush zone avec le partenariat Happn. Comment t’es venue l’idée ?

Il y a plein de choses qui se sont accumulées dans ma tête et qui ont fait que j’ai eu cette idée. Tout d’abord, je me rendais des fois à des concerts seule et dès que j’en voyais un très bon, je me sentais frustrée de ne pas pouvoir discuter de mon expérience avec les autres. Je suis une grande timide et je ne me vois pas venir vers des gens pour leur demander ce qu’ils ont pensé du concert. Je me disais que c’était “con” de ne pas avoir un moyen, justement, pour les grands timides de se donner rendez-vous dans des endroits où le dialogue peut s’établir naturellement. D’où le partenariat avec l’application Happn. J’étais également allée voir une compagnie de danse catalane qui donnait des boîtiers à l’entrée du concert pour permettre au public d’interagir avec les mouvements du décor.

Avec ce système, est ce qu’on retrouve d’une ville à une autre les mêmes chansons ?

Non pas du tout, bien sûr, certains morceaux sont récurrents mais du jour au lendemain, on peut arriver dans une ville où il va y avoir 4 morceaux qui ne sont jamais demandés. C’est plutôt drôle pour nous et ça permet pour des longues tournées comme la mienne de casser la routine qui peut s’installer au sein de l’équipe.

En parallèle de ta tournée, tu danses avec la comédie musicale “Volver”. Quels sont tes retours sur cette expérience ?

C’est quelque chose qui est à fleur de peau pour moi, c’est en grande partie une fiction inspirée par mon histoire familiale. En écrivant ce projet, j’y ai mis toutes les douleurs inhérentes à l’exil de ma famille et qui malheureusement se répètent aujourd’hui avec les migrants qui sont pas accueillis comme il se doit chez nous. C’était une façon de dire “arrêtons ce qui se passe”.

Olivia Ruiz danse « Volver » chorégraphie Jean-Claude Gallotta – © Jean-Louis Fernandez

C’est pas trop difficile de mener plusieurs projets à la fois ?

Quelques fois, c’est un peu dur en terme de concentration. Ce ne sont pas les mêmes chansons, c’est avant tout de la danse dans “Volver” même si je chante également. Mais comme on a eu une grosse période où ce n’était que “Volver” et une autre où il s’agissait que de la tournée “A nos corps aimants”, on était assez surpris de voir comment on arrivait à dissocier les deux. C’est à ce moment là qu’on se rend compte que tout est possible avec du boulot tout en prenant du plaisir. On n’a pas le temps de se lasser d’un projet ou de l’autre, on est sans arrêt ballotté. C’est assez délirant. C’est aussi une équipe extraordinaire, on est une trentaine sur la route avec 9 danseurs, les musiciens et les techniciens.

La chanson, la danse, le cinéma en tant que réalisatrice et actrice, l’écriture, tu es une artiste protéiforme. C’est quoi la suite ?

J’aimerais bien réaliser à nouveau, jamais 2 sans 3. J’ai déjà réalisé 2 courts métrages peut être un troisième pour me faire la main et ensuite un long. Je suis une raconteuse d’histoires donc j’aimerais bien, un jour, porter à l’écran une d’entre elles. Et puis, évidemment, jouer pour un réalisateur, que je désire, qui me désire avec une histoire pour laquelle je pourrais amener quelque chose, ce serait génial. Malheureusement, ce projet-là n’est pas encore arrivé entre mes mains.

Aurais-tu un petit mot pour le P’tit Rennais ?

Je connais plein de grands Rennais, c’est la première fois que je rencontre Le P’tit Rennais et j’espère que ce n’est qu’une première.

© Franck Boisselier Studio au festival Mythos

Written By: David

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