Rencontre avec Born Idiot pour leur dernier album : Full Time Bored

Tout d’abord, comment vous allez avec ce contexte très étrange ?

A la fois bouillonnants et complètement perdus. Bouillonnant d’énergie donc on écrit, on compose, on se défoule, on boit, on essaye d’exister dans notre km carré. Tout ceci dans une but d’évasion. Mais une fois posés dans le canapé, la sensation d’abandon réapparaît.

Est-ce que tous ces événements impactent votre moteur créatif ? Comment vous vous adaptez à ces restrictions ?

Inconsciemment, mes textes sont forcément influencés par le monde qui nous entoure, plutôt désabusés. Néanmoins, la musique qui se dégage, c’est plutôt l’inverse. Elle se révèle légère et douce, un vrai vaccin pour lutter contre l’atmosphère pesante.

Donc vous sortez un nouvel album : Full Time Bored. Ça fait un moment que vous le peaufinez ?

J’ai écrit une bonne trentaine de morceaux en 2018 qui, après sélection avec le group, ont fini en un 12 titres compact. On a tout enregistré maison, et le temps ensuite de démarcher des labels et de préparer cette sortie proprement (clips, singles, artwork), la date du 20 novembre nous semblait être juste. Nous sommes armés.

En l’écoutant, j’ai l’impression de retomber dans l’enfance, celle de notre génération des années 90 des cités pavillonnaires, qui fait du skate et du vélo au bord de la mer. C’est ce que m’évoque cette album, ou pas du tout ?

Là où le seul problème était la montée du prix du tabac ou les gueules de bois ? Belle époque, on en est loin oui! Et je pense que notre musique représente bien une époque où les petits problèmes étaient presque plaisants. Donc à travers une musique naïve et pure, on se fait du bien au crâne, même s’il ne faut pas baisser les bras.

Il y a aussi un univers graphique très présent avec plusieurs tableaux d’une maison imaginaire. Comment avez-vous travaillé avec votre graphiste ?

Chaque visuel par morceau met en scène une pièce de notre maison imaginaire oui. Le rapport entre la musique et l’image est très fort lorsque nous créons car il permet d’approfondir une thématique et de représenter plus clairement ce que l’on a en tête. Notre graphiste fait partie du projet depuis le début et on se comprend artistiquement.

J’ai l’impression d’être dans un vieux Point’n Click avec ces tableaux et cette maison en 3D isométrique, est-ce une volonté d’appuyer cette référence ? D’ailleurs que raconte cette univers et quel lien peut-on faire avec les tracks ? Vous vous êtes basés sur quelles références pour vous mettre d’accord ?

Haha on n’y avait pas pensé, même si le côté 3D où l’on a envie de visiter chaque pièce par des clics nous avait traversé l’esprit. Nous travaillons main dans la main avec Camille Le Treust (1000rouges) depuis le début du groupe et elle nous crée une œuvre par morceau. Ça a été le cas pour nos précédents projets. Ici, chaque pièce évoque un morceau et forme une maison qui représente à son tour l’album dans son global. Un salon avec un jukebox à l’ancienne, une bibliothèque poussiéreuse, une cuisine vide avec un renard qui symbolise l’avarice, un bureau où un cadavre émet du sang bleu. On a travaillé sur ce concept de l’ennui et de l’imaginaire pour cet album. Le prochain aura son autre concept.

Ça fait combien de temps que vous existez ?

En 2015 notre premier single « Chillhood » est apparu et c’est en 2017 que « Afterschool » notre premier album est sorti. Nous sommes tous potes avant d’être « collègues »

Dans quelle direction a évolué votre son depuis vos débuts ?

Je dirais qu’au départ on était plus dans du brut et du lo-fi sans se mettre trop de contraintes dans la composition et dans l’enregistrement. Aujourd’hui, nous avons un son plus produit, plus « léché » comme diraient les snobs. Cette évolution s’est faite naturellement dans un besoin de toucher à autre chose, comme pour tout artiste j’imagine.

Vous étiez programmé à I’m From Rennes, déjà bravo, vous avez d’ailleurs pu jouer, c’était comment cette expérience ? Si on vous programme c’est que vous avez des idées de tournée sûrement ? vous le voyez comment le futur de Born Idiot ?

C’est vrai qu’on est très attachés à notre ville et ça fait toujours kiffer de jouer pour I’m From Rennes. Nous avions prévu en effet d’enchainer les dates au maximum mais là clairement on va stopper l’utopie.

L’avenir de Born Idiot on ne le regarde pas. Nous sommes très satisfaits de ce que nous faisons aujourd’hui et c’est le principal car le futur pollue généralement l’esprit. Aujourd’hui, nous sortons un album et préparons déjà le prochain, et ça nous fait toujours autant vibrer !

Vous avez un p’tit mot pour le P’tit Rennais ( question signature de toutes nos interviews, vous pouvez dire ce que vous voulez, un truc débile ou censé )

J’ai envie de dire en tant que chauvin que le nom est très cool. Merci de diffuser le local, c’est important.

Written By: L'Hermite Sombre

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