The Erikson Project nous emmène dans les abysses avec Blue Chase

Lorsque l’on rentre dans un imaginaire que l’on ne connaît pas, nos premières impressions restent toujours les mêmes. Ce sentiment presque impalpable de s’être perdu quelque part, dans un interstice, là ou les reflets ont d’autres couleurs. Aujourd’hui, je vais vous faire part de l’expérience que fut l’écoute du nouvel album d’Erikson Project : Blue Chase. Il est l’indice que quelque chose se prépare, un avertissement au changement. Une expérience vaporeuse et nostalgique qui ne laissera pas indifférent.

The Erikson Projet tout d’abord, c’est le projet perso voir intimiste du compositeur de HPPPRS, le groupe Jazz alternatif qui tourne pas mal ces temps-ci, M. Pierre Bouilleau. Accepter de rentrer dans son univers, c’est aussi accepter de se perdre et de na pas tout comprendre. Alliant avec brio l’expérimental et les références lisibles et cohérentes, l’artiste nous embarque dans son univers. Quel bol d’air d’écouter un album avec un concept derrière et une production réfléchie. Nageant à contre-courant des projets « fast-food » actuels, Erikson sait prendre son temps et surtout s’entourer d’artistes proches de lui et de son univers. A l’instar d’un Kaytranada dont les inspirations ne sont pas à démentir, il met en avant les artistes qu’il affectionne et les entoure de son univers poisseux aux nuances sépias.

Illustration : Panterrage

Nous pourrions bien sûr nous attarder sur les défauts, comme le manque d’aération dans les morceaux, un aspect expérimental qui va sûrement en rebuter plus d’un. J’aimerais leur dire de ne pas s’arrêter à ça, car les trésors qui en ressortent par la suite sont d’or. Tout d’abord le casting, toute la nouvelle garde de la musique rennaise se donne rendez-vous et offre à Erikson Project toute une palette d’émotions et de nuances qui rendent son album décisif à écouter pour comprendre dans quoi la scène rennaise s’embarque.

Je voulais au départ faire une analyse track par track de l’album, mais après plusieurs écoutes, je me rend compte qu’il faut prendre le projet comme un tout cohérent où tout se répond. On comprend que l’artiste cherche à nous raconter une histoire, un récit qui compte pour lui, voilà la vrai essence d’un artiste. Capable de prendre son vécu, d’en exploser la linéarité et de retranscrire cela par un médium précis, dans ce cas, la musique. Il donne une réelle ponctuation, une grammaire propre à lui. On ne pourrait pas réellement dire de quel style se tient cet album, tant les univers s’entremêlent. On peut quand même remarquer des courants plus fort que d’autres. Une première partie très vaporeuse, extrêmement ambiante qui se rapproche énormément du travail de Board of Canada, notamment sur l’album Geogaddi, qui est une véritable pépite de la musique ambiante pour ceux qui n’ont jamais écouté. J’ai beaucoup pensé à la K&D Session de Kruder & Dorfmeister durant mon écoute, aussi. Le fait de marier une direction musicale très forte mais d’harmoniser d’autres artistes aux sensibilités différentes autour est le maître mot de cette album. J’ai beaucoup pensé aux ambiances des jeux vidéos Bioshock ou encore FallOut dans l’univers abordé, enfin cela ne tient sûrement que de moi, à vous de juger.

Illustration : Panterrage

L’album est composé en son milieu d’une pièce segmentée en 3 parties. Comme une symphonie, elle permet de faire la transition entre la dimension ambiante et celle plus Pop à la Kaytranada. Mention spéciale à Pacific IV, un véritable joyaux Jazz qui fourmille d’idées et de références au label de Flying Lotus : Brainfeeder. Avec en feat le rapeur Lowdy Williams que je vous conseille fortement de creuser. La fin de l’album est totalement différente du début, comme si un autre artiste avait pris le relai, laissant les nappes de vapeur à des beats plus incisifs. Laissant le mystère de l’abstrait pour la lumière des néons 80’s, d’une nuit d’été, en plein cœur de Miami. Bien que cela apporte une forme de faux rythme à l’album, un manque de respiration dans l’enchaînement des morceaux, il en ressort une véritable sincérité, un aspect brut et vrai. Comme si Erikson Project vous balançait toutes ses émotions à la gueule et vous en redemandiez. On sent qu’il y a beaucoup d’amour dans la réalisation de l’album, mention spéciale au dernier morceau qui vous fera certainement verser une petite larme par sa sample d’ouverture.

Pour conclure, je ne vous conseillerai que trop d’écouter par vous même l’album et de vous en forger votre propre avis. Comme une boite à jouets remplie d’inventivité, il apporte de l’inspiration et tutoie des références actuelles, tout en alliant un sentiment fort de nostalgie. On le remercie pour sa pierre apportée à l’édifice du patrimoine culturel rennais et on attend la suite avec impatience.

Written By: L'Hermite Sombre

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