Michel Zecler «Rester Debout» : une lecture nécessaire
« Qu’est-ce que vous faites ? » « Messieurs, vous vous trompez ! » « On va te défoncer, sale nègre » . Le 21 Novembre 2020, Michel Zecler, producteur, est victime de violences policières devant son studio d’enregistrement dans le 17ème arrondissement à Paris. L’explosion médiatique est sans précédent, mais c’est dans son livre Rester debout que Michel Zecler s’exprime sur son agression, sa carrière, les hauts et les bas qui l’ont construit, sur son histoire tout simplement.
De Marigot à Bagneux, d’un « havre de paix » à « un appartement au premier étage d’une barre d’immeuble » c’est à 4 ans que Michel arrive en métropole. Il décrit une jeunesse morose, où il est en quête de sa propre identité, de ses origines paternelles. Très tôt, il rencontre le milieu du hip hop qu’il perçoit et décrit comme un changement majeur dans sa vie, et pour cause, la naissance du hip hop, en France dans les années 90, représente une explosion culturelle, sociale et politique particulièrement chez les jeunes à cette époque. Ice-T, Public Enemy, Rohff, Kery James entre autres… Michel grandit avec en tête, toutes ses figures emblématiques qui ont représenté et représentent toujours aujourd’hui un repère pour beaucoup. Après être passé par la case prison où la coupure avec le monde extérieur l’a terriblement affecté, il entre en immersion dans le hip hop français, avec une rencontre bouleversante, celle de Anne-Valérie Atlan, alias Valou, marraine du rap français, à la fois journaliste, productrice et manager. C’est entre une petite chambre de bonne dans le 16e arrondissement au début des années 2000, et le Black Gold Corp Studio en 2015, que le duo indomptable évolue. De La Fouine à la tournée L’âge d’or du rap Français, Michel semble retrouver une ligne directrice après avoir passé septans en prison, jusqu’à ce soir de novembre où il est violemment agressé par trois policiers.
Rester debout c’est avant tout l’épopée d’un homme bercé par le rap, confronté injustement à la dureté du monde d’abord parce qu’il est noir.Il n’est pas question dans son livre de peindre un tableau manichéen de la société mais plutôt de prendre une fois pour toutes la parole non seulement sur le soir qui a fait basculer sa vie, mais aussi sur tous les chemins qu’il a rencontrés depuis son enfance, qui ont construit la perceptiondu monde, de la société qu’il a aujourd’hui. Une confidence ancrée dans l’ère du temps, en toute transparence et humilité, de l’auteur au lecteur, Rester debout c’est l’expérience d’un homme qui a failli chuter sans avoir eu son mot à dire, passé de l’état de victime au statut de coupable, pour des raisons qui n’en sont pas .
Le livre est en vente en librairie et en ligne.
Article par Véra Fesquet
