Benjamin Dierstein : « Le label joue sur les codes esthétiques du travail et ceux de la révolution industrielle. »

Le P’tit Rennais est parti à la rencontre de Benjamin Dierstein, fondateur de Tripalium Corp, structure composé de plusieurs labels et d’un roster très diversifié. Une bonne occasion de revenir sur l’historique de Tripalium et d’évoquer la prochaine soirée à l’UBU avec en guest, Phase Fatale !


Depuis 2014, Tripalium Corp a produit des événements à Berlin, Paris, Bordeaux, Bruxelles, Nantes, Nancy, Rennes… Comment t’es venu l’idée de monter cette structure et pourquoi avoir choisi la techno ?

On n’a pas vraiment choisi la techno justement : dès le départ, l’objectif de la structure a été de mettre en avant tout ce qui gravite autour de la techno mais qui reste en marge – expé, EBM, acid, rave, indus, IDM, breaks… Aujourd’hui ça paraît naturel d’intégrer tout ça à la sphère techno, parce qu’heureusement les choses ont beaucoup changé en 2/3 ans. Mais quand on a commencé en 2014, à la grande époque de la techno 4/4 tradi, c’était loin d’être simple d’imposer ça sur des line-ups ! Maintenant les gens veulent des choses différentes : la jungle revient en force, les sons durs, les sons rapides, les sons pétés. Tout ce que j’aime ! Par contre ça devient plus difficile de se démarquer avec son label ou sa structure d’organisation…

D’où vient l’idée du nom « Tripalium » ?

« Tripalium » est un mot latin qui désignait un instrument de torture pour punir les esclaves rebelles. Il est traditionnellement reconnu comme l’origine du mot « travail » en français. Ça pose des questions, forcément… Et ça correspond à notre idée du travail moderne, déshumanisé. L’homme reste un esclave du travail, deux mille ans après, bien qu’il soit payé pour ça. Le label joue sur les codes esthétiques du travail et ceux de la révolution industrielle pour mieux montrer que c’est un leurre.

Tripalium est subdivisé en 4 labels, pourrais-tu m’en dire d’avantage ?

Le label principal est paradoxalement le plus jeune des 4 : c’est TRPLM, sur lequel nous sommes attachés à l’esthétique de base de Tripalium, celle d’un groove froid entre techno, EBM, indus et synthwave.

Il y a également Acid Avengers, qui fait honneur au fait que l’acid ne soit pas un style mais un son qu’on retrouve dans une chapelle de styles : techno, house, breakbeat, jungle, IDM, hardcore…

Tripalium Rave Series est un hommage aux sons des raves 90s, celles des pionniers anglais comme des français : ça va des synthés typiquement UK Rave à la techno martiale de hangar.

Enfin, contrairement aux trois autres qui sont des labels vinyls, Digital Mutant Series est un label k7. C’est aussi le plus prolifique (bientôt 30 sorties) et le plus hétérogène en terme de styles. Ça part dans tous les sens, mais toutes les sorties ont un grain original. Ça nous permet aussi de sortir des trucs complètement pétés avec des breaks de partout qui font peur aux gens et qui seraient invendables en vinyl !

Coté programmation, on a pu voir du beau monde dans vos événements, Minimum Syndicat, Jerome Hill, Helena Hauff, Boston 168… Comment procédez-vous à la programmation des artistes ?

Ce sont tous des artistes que l’on connaît d’abord via le label ou notre série de podcasts et de shows radio (sur Rinse France). C’est tout naturel qu’ensuite on les invite à rejoindre nos line-ups. Certains sont des guests que l’on adore et que l’on sait qu’on ne pourra pas faire revenir tout le temps, mais une bonne partie des artistes invités sont aussi des artistes maison, avec qui il y a déjà un historique.

Votre dernière soirée à Rennes, c’était au 1988 Live Club avec Altern 8, Dave The Drummer, plutôt content du déroulement de l’événement ?

Oui c’était une très belle soirée ! C’était beau d’avoir des ces artistes cultes de la scène UK 90, épaulés par la jeune garde française, qu’elle soit parisienne (Soul Edifice, Krampf) ou rennaise (Doe Grise, Mickey).

Tripalium Corp possède un roster avec plus de 20 artistes, est-ce vous gérez également la D.A de ces derniers ?

Non, tous les artistes sont libres de faire ce qu’ils veulent. La seule DA qu’il y a, c’est lorsqu’on sort un disque ensemble. Là j’interviens dès le début du processus, pour choisir les morceaux ensemble, donner des conseils, en refaire certains… C’est très rare que j’accepte une démo telle quelle, je suis assez tatillon !

Vendredi soir, c’est votre grand retour à l’UBU avec en guest Phase Fatale, hâte ?

Oui, ça fait longtemps qu’on pensait à lui, il est proche de ce que fait Tripalium depuis bientôt cinq ans. Et avec Verset Zero qui est un pilier du label, et la bande de Ritual Process de qui on se sent également très proche esthétiquement, ça va faire un très beau plateau, cohérent, bien dark mais aussi clairement dancefloor.

Un P’tit mot pour Le P’tit Rennais ?

Continuez comme ça, super initiative ! Et avec plaisir pour vous voir sur un prochain événement ?

Written By: Sterling

Je partage mon temps entre écouter de nouvelles sonorités musicales, dévorer des séries télévisées et analyser les médias.

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