Rencontre avec Chassol, à Jazz à l'Ouest

Lors du Festival Jazz à l’Ouest nous avons eu la chance de pouvoir approcher l’artiste Christophe Chassol. Un pilier dans le milieu, caméléon artistique, véritable coffre à jouets, de trouvailles en tout genre. Nous sommes revenus sur plusieurs points de sa carrière et les différentes références qui jalonnent son œuvre. C’est un Chassol très humble et simple que nous avons croisé. Une personnalité que nous aimerions rencontrer plus souvent dans le milieu de la musique. Merci à lui et à son travail.


Comment ça se fait que tu te retrouves à faire une date comme ça sur Rennes ? Quand on regarde ta tournée pour l’instant tu ne tournes pas souvent en France

Non, en vrai je tourne depuis 2011, un peu non-stop, on fait la France, l’étranger et un peu de tout, donc c’est des dates qui s’ajoutent au fur et à mesure.

Alors tes projets de sampling comme Indianmore ou plus récemment Big Sun qu’est-ce que c’est ? Un concept que tu as nommé ?

J’aime bien nommer les choses, je trouve ça important. Comme je fais des musiques de film à la base, ce sont des commandes, on appelle ça des Scores, c’est des musiques d’un film. Personnellement je tourne moi-même des images et par la suite je les utilise comme ressource pour mes projets. On utilise donc les sons des films pour faire la musique, c’est ça l’idée, j’ai donc appelé ça des UltraScores.

Quand tu faisais tes documentaires à la base tu te disais « ça je vais l’utiliser, ça non » ?

Il y a des morceaux c’est sûr, quand tu les filmes, tu sais que tu vas pouvoir les réutiliser. Comme ce passage avec l’indienne qui dit « Music is God my love », tu sais qu’elle te donne du biscuit et que tu vas pouvoir en faire quelque chose. Et puis après c’est beaucoup de travail de dérushage, c’est super cool, car tout est intéressant. Même une mauvaise prise avec une erreur de cadre ou de mouvement peut être utile et tu peux en tirer quelque chose. Elle peut être répétée et créer quelque chose de cool.

Tout ça je ne le fais pas tout seul, j’ai une équipe avec moi pour le son ou la vidéo. Par exemple en live là, je suis avec Mathieu Edwards, un batteur depuis quelques années déjà.

C’est quoi la différence entre une bande son pour un film ou ce genre de projet, les UltraScores comme tu les nommes ?

La grande différence c’est que les bandes sons c’est des commandes donc on me demande quelque chose de précis. Sur mes projets j’ai une totale liberté, je peux vraiment aller où je veux et exprimer ce que j’ai envie de dire. Sinon c’est juste des sons et des images. C’est tout le travail qui donne sa substance. Tu vas bien aimer le show de ce soir. Il est vraiment bien technique, surtout sur l’idée de synchronicité. Morceau par morceau tu ressens qu’il y a vraiment cet aspect qui se déploie. Avec un concept différent sur chaque morceau. On a voulu découper cela en chapitrage pour vraiment souligner aussi ça. Il y a tellement de façons de faire, tu peux couper un son, le relooper, l’harmoniser, tu peux faire un plan séquence… Il y a vraiment 10000 trucs pour donner un son. Juste, rien que l’harmonie qui correspond à une image, c’est un gros jeu de construction qui est cool.

Tu te sens plus tourné vers le Jazz ou le classique ?

Je pense que je viens quand même plus du Jazz, j’ai commencé à 15 ans, le classique à 4 ans. Mais je me sens pas de base classique. Je bosse plus avec des gens du Jazz, de la pop ou même encore du Rap. Après c’est vrai que j’ai aussi travaillé avec les Chœurs de Paris donc c’est compliqué de répondre. En fait, le classique et le jazz c’est les grands mères, il faut se former avec ces deux choses là.

En terme de collaboration, tu as bossé avec de grands noms, tu peux nous en parler un peu ?

J’ai bossé avec Franck Ocean par exemple sur un album, j’ai fait la composition. Il nous a appelés et j’y suis allé. On a fait des séances de studio un peu partout dans le monde comme Abbey Road, à Londres, à Paris et LA. Après tu sais, je n’ai pas fais que cette album avec lui, on reste en contact, on s’envoie des messages parfois.

Tu t’inspires un peu des jeux vidéos ? Les premières écoutes que j’ai fait de tes projets m’ont fait beaucoup penser à la musique LO-FI et plus particulièrement les bandes sons des jeux Nintendo comme Animal Crossing.

Le jeu vidéo oui ça m’intéresse, il y a pas mal de trucs à faire avec, un peu moins tout ce qui est 8-Bits par contre je t’avoue. Mais c’est marrant que tu dises ça car dans notre nouveau show, il y a tout un moment où on est au Japon et où il y a des samples de machines d’arcades. J’ai samplé surtout le jeu Galaga à un moment du film et j’en ai fait un clavier. Tu pourras guetter, à un moment on entend bien ça.

C’est quoi le pays que tu préfères ?

Je pense vraiment que c’est l’Inde. Il y a vraiment quelque chose qui m’a marqué. En fait, c’est vraiment la spiritualité qui l’a sauvé. Y’a tout ce que j’aime pas là bas, y’a plein de monde, c’est crade, y’a des mouches, tu crèves de chaud… mais j’adore, la musique là bas est vraiment incroyable.

Personnellement je viens de Cherbourg et je voulais savoir si le film les parapluies de Cherbourg t’avais inspiré dans ton processus créatif ?

Demy, nan pas trop, pas vraiment, mais je vois pourquoi on peut faire le parallèle. Non ce qui m’inspire surtout c’est les documentaires. Le travail de Chris Marker notamment et puis les trucs pop comme Brian De Palma, Morricone, Leon par exemple. C’est des trucs diffus, des angles de caméras. Leon c’est la façon de monter, le lien entre l’image et le son. Mais le vrai gars qui a conceptualisé ce que j’ai fait, c’est avant tout Hermento Pascoal. C’est vraiment la première fois que j’entendais ça, c’était en 1992. Après c’est un outil, c’est pas un courant musical qui se crée, tu fais les arrangements que tu veux.

Qu’est-ce que tu n’as pas fait que tu aimerais faire ?

Me reposer déjà un peu, et peut être des bandes sons de jeux vidéos, ouais ça me plairait bien.

Tu as un p’tit mot pour le P’tit Rennais, pour conclure l’interview ?

Et bien, bravo pour la gratuité !

Photographie : Vincent Geley ( @zitrane )

Written By: L'Hermite Sombre

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