Sneakers, Fooding, Musique, Tattoo… Le Tout-en-un de Tape !

Chez le P’tit Rennais, l’arrivée d’une nouvelle entité culturelle, d’un nouveau collectif de passionnés est toujours une info qu’on accueille avec délectation et impatience. C’est pourquoi, à l’annonce du week-end organisé par TAPE les 30 et 31 août au Barex’po, on s’est précipité pour interviewer son fondateur, Guy de Rengervé, pour qu’il nous explique les fondements de ces envies multiples qui lui collent au bask’ !


LPR : Salut, Guy ! Avant d’entrer dans le dur, pourrais tu nous décrire un peu ton parcours et ce qui t’a amené à te dire un jour “tiens, et si je montais une asso, un collectif et les soirées qui vont avec ?!” ?

GDR : Salut le P’tit Rennais, merci pour votre intérêt, ça fait plaisir ! Ecoute, je suis revenu à Rennes il y a 4 ans, après être passé par Nantes, Paris et Berlin. Quand j’en suis parti, il se passait à mon sens pas grand chose ici, et à mon retour certains collectifs comme Texture, Made (anciennement SuperBoogie) et Midweek entre autres se sortaient les doigts du cul pour animer la Ville. Je me suis fait embaucher au 88 en temps que garçon de salle et j’ai pu observer l’envie que ces collectifs ont inspiré à d’autres. Au final, le public, en se constituant en une multitudes de collectifs, a repris les rennes de la teuf à Rennes. De mon côté, j’ai continué au 88 en tant qu’assistant chargé de com pendant 2 piges, en alternance, avant de devenir assistant de direction. Mes missions se portent sur l’opérationnel et j’avais un désir d’artistique depuis longtemps. J’ai une grosse sensibilité dans ce qui touche de près ou de loin aux cultures urbaines, et je me suis donc dis qu’il était temps de faire quelque chose par moi-même avec pour seul impératif de me faire kiffer. 

En français, TAPE veut dire bande magnétique ou carrément K7 audio mais aussi scotch ou gaffeur (ndlr : un large scotch très solide, le plus souvent noir, très utilisé sur les concerts, studio ou tournages vidéos). Une volonté d’être attachant, multi-fonction ou définitivement vintage ?

Honnêtement ? Aucun rapport. Je pourrais te sortir un storytelling de feu, mettre un sens sur quelque chose qui n’en n’a pas. Mais non. En fait je marchais tranquillement vers le taff en écoutant du son, et j’étais en train de réfléchir à comment appeler le projet qui en était à ses balbutiements. Tape s’est imposé à moi comme ça. Comme un onomatopé sorti du néant. Ca sonne bien, c’est tout ce dont j’avais besoin. Quand j’en ai parlé aux copains, personne n’est venu me contredire, donc j’imagine que c’est pas une trop mauvaise idée. 

Mais tu n’as pas peur qu’on le prononce à la française et que ca prenne un sens plus agressif du coup ou que ca devienne carrément une “TAPERIE”, selon cette mode un peu surrannée de noms finissant par ce suffixe ?

Franchement, je me fiche que les gens se trompent. Que chacun s’approprie le truc comme il veut, peu m’importe. Tu dis Paco Tison ou Paco Taïsone, toi ? (ndlr : le principal festival nantais des musiques électroniques). Moi je dis Paco Tison, et il parait que c’est pas la bonne prononciation, mais ça m’empêche pas de trouver ce projet mortel. Donc bas-les-couilles.

Il y a chez TAPE une imagerie dédiée très cool à base de picto et qu’on aime beaucoup au P’tit Rennais. Par contre, le Logo représente un smiley doublement fâché, avec 4 yeux froncés. Doit-on y voir un sens caché

Pour le logo, on avait  envie de quelque chose de fort. Vu qu’on a pas de thunes à mettre dans des centaines de sponso FB, ni dans des programmations à what mille boules, il fallait trouver autre chose pour se faire remarquer. Ça passe par un logo qui claque. Le cheminement de pensée est un poil plus complexe que sur le nom. Quand on y a réfléchi, on était grave hypé par les ballons de baskets smiley de la marque Chinatown Market. Mais aussi par le manga Aggretsuko, et le travail de l’artiste Murakami et sa fameuse fleur. Il fallait que ça soit aussi impactant. Le graphiste, Yohan Texier, a directement capté la vibe et est arrivé avec une tête de Lego vénère avec les yeux doublés. On a grave kiffé les yeux doublés, et on a préféré partir sur une tronche toute ronde, plus simple et plus facile à produire en vrai (stickers, scénographie, etc…). Encore une fois, pas de message caché derrière le logo, seulement des références qui nous touchent et qui nous inspirent. 

logo tape picto smiley

Quand on a discuté la première fois de ton envie de lancer ce nouveau projet, tu m’as avoué vouloir réunir dans un seul event les 3 thématiques qui te passionnent le plus : la musique, les sneakers et le tatouage… Mais j’ai l’impression que TAPE va encore plus loin ! A quoi va donc ressembler ce week end du 30-31 août ?

Comme dans plein de projets comme ça, tu te lances, et tu penses à d’autres trucs. Plus on avançait dans le projet, plus on ajoutait des idées. Pour te donner une idée, il va y avoir 4 marques de streetwear (Ixbarix, Redovnil, Airwesh, For Very Cool Kids) ainsi qu’un resseler de sneakers (Léo Skurt) sur les 2 jours au soulbarex de 14h à 19h30. Les tatoueurs pfisnotdrawgs et Pab_c s’occuperont d’encrer vos peaux au Surlbarex, à l’étage du Barexpo aussi pendant les 2 jours. Côté musique, au Barexpo’ même, tu retrouvera les djs Pura Pura et Ano Poli le vendredi en mode Baile Funk. Le samedi, tu pourras danser devant le poto Demnaty et Tileef, aka Nephase, qui jouera pour la première fois son projet hip hop.

C’est donc une sorte de mini-festival qui va se dérouler dans les 3 espaces du Bar’Expo et selon 3 temporalités distinctes. Tu pourrais nous donner le parcours type d’un gars, d’une fille qui voudrait profiter de tous les aspects de TAPE#1 ?

Le parcours type de quelqu’un qui déboule sur le lieu peut commencer au Soulbarex avec peu de shopping. S’il/elle a envie de se faire cleaner les baskets, il/elle pourra se poser dans un fauteuil de barbier, dans la rue à l’entrée du Soulbarex, et profiter des services de la team Sneakerwash. Ensuite, il/elle pourra monter découvrir le Surlbarex, le nouvel espace à l’étage du Barexpo, pour se faire tatouer un petit flash à prix doux. Ensuite, il sera temps de se poser boire un verre et manger un bout, préparé par la team du Barexpo, avant de bouger son boule devant les djs qui démarreront vers 21h. 

« Un jeu de baston incroyable dans lequel tu peux incarner DMX et te fight avec Redman. »

Mais il semblerait que tu veuilles même installer des jeux-vidéos en libre service ?

Ouaip c’est au programme. On a envie de créer une expérience cool, que les gens prennent le temps de rester sur les lieux, de discuter entre eux, de rencontrer d’autres personnes. On s’est dit que le jeu vidéo était assez universel pour créer ce genre de moment. Niveau jeu, c’est surtout du retro gaming, mais t’as aussi une playstation 2 avec le jeu Def Jam. Un jeu de baston incroyable dans lequel tu peux incarner DMX et te fight avec Redman. C’est débile mais mine de rien, l’objectif de Tape est de croiser les disciplines et de mettre en exergue les ponts qu’il existent entre elles. Tu trouveras toujours cette dimension dans nos projets. 

Concernant les artistes et les intervenants, comment s’est fait ton choix ? Y’a-t-il des aspects que tu as voulu favoriser ou au contraire des écueils à éviter ?

Concernant les artistes, on aurait pu jouer dans la facilité et faire jouer que des rennais. Mais on sort tous pas mal à Rennes, et on voit beaucoup les mêmes têtes, on voulait vraiment pas tomber là dedans. Donc, on a décidé de faire moitié-moitié. Pura Pura qui fait partie de l’équipe va jouer Baile Funk avant Ano Poli, un nantais qui viendra jouer à Rennes pour la première fois si je me gourre pas. Demnaty est le rennais de la seconde soirée, on ne pouvait pas faire sans lui, c’est un super dj et super gars. Et le caennais Tileef viendra jouer après lui. On est fier de dire que ça sera sa première sous cet alias, lui qui a plus l’habitude de set techno sous le nom Nephase. Pour les tatoueurs la réflexion a été la même ! Un rennais, Pab_c qui a l’habitude de tatouer au Barexpo, et le nantais pfisnotdrawgs, un jeune tatoueur au style bien marqué. Pour ceux qui connaissent, c’est lui qui a fait les personnages sous le torse de Sully de Colombine. Les marques enfin, tu trouveras le rennais Airwesh et ses fameux sweats “wesh” peint en arabe directement sur le textile, lui aussi membre du collectif Colombine. Et 3 marques parisiennes, For very cool kids, Redovnil et Ixbarix, qui seront présents pour présenter leurs sappes, donc n’hésitez pas à taper la discut’ avec eux ! 

Evidemment, ce coté trans-disciplinaire nous plait particulièrement au P’tit Rennais car on se sent très proche de cette idée d’ouverture. Mais tu décides de faire ce premier événement au Barexpo, un établissement rennais qui reflète également cet esprit (voir l’article ci dessous “le Barex’, la bistronomie à 3 vitesses” ci dessous). Comment s’est passé la collaboration avec le lieu ?

C’est cool que tu poses la question parce que l’ADN du projet TAPE découle directement de la disposition du lieu. En gros, ça faisait un bail que je voulais monter un event et Anthony, un des co-gérants du spot m’a envoyé un message en proposant une carte blanche pendant l’été. J’ai saisi l’opportunité et construit le projet autour de la disposition du lieu sur 3 étages. Mode au Soulbarex, chose qui se fait déjà régulièrement avec la marque Benibla. Musique au rez-de-chaussé, et tatouage au Surlbarex, qui ouvre le week-end de l’évènement. Donc on peut dire que la collaboration s’est hyper bien passée puisqu’il ne m’ont pas mis de barrières, j’ai pu faire ce que je voulais temps que ça venait pas faire chier le voisinage. 

« l’ADN du projet TAPE découle directement de la disposition du lieu. »

A Rennes, on parle beaucoup en ce moment de nouveaux lieux qui prônent la transversalité (ex. AVEC) et n’hésitent plus à s’excentrer (ex. Le MeM). Toi, tu réussis à mélanger les genres tout en restant en centre ville ! Comment envisages-tu l’avenir pour TAPE ?

Tu t’en doutes, on a un million d’idées pour la suite. Je parlais de ponts entre les disciplines, on va essayer de se fixer ça comme seule contrainte. Par exemple, on voudrait organiser un battle de danse, suivi d’un live Hip Hop. On kifferait bien organiser un battle de graphiste autour d’un thème particulier. Tu verras des conférences dont les sujets eux aussi nous feront réfléchir sur les passerelles qui existent entre ces disciplines et comment se nourrissent-elles l’une l’autre. Bref t’as compris, on n’a pas forcément vocation à organiser juste des soirées, on voudrait aller plus loin. Une autre composante de l’ADN de TAPE, c’est le Be Street Week-end pour ceux qui connaissent, qui m’avait grave marqué il y a quelques années. T’avais des marques de fringues, des street artists, des lives, des rampes de skates, à une bien plus grande échelle (La cité de la mode et du design et La Villette à Paris.) Bref, j’adorerais un jour avoir le budget pour faire quelque chose de cette envergure aux Halles Martenot par exemple. En attendant, on va essayer de ne pas se faire oublier et d’organiser des petits trucs tous les mois à droite à gauche, que ça soit au Barex’ ou ailleurs, et même peut-être à Nantes ou Paris qui sait.

Découverte de la déco du Surlbarex

EN SAVOIR PLUS :

Le Barex’, la bistronomie à 3 vitesses

Pour mettre en lumière l’inventivité de TAPE, mieux vaut décrypter le lieu dans lequel se déroule cet événement proteiforme. Pour cela, nous avons pu recueillir les propos passionnés de Sebastien, un patron de bistrot pas comme les autres.

Descendant d’une longue lignée de rennais de souche, voire de riverains de la rue Jules Simon, Sebastien se souvient avoir dès son plus jeune âge, arpenté le quartier et même côtoyé l’ancienne enseigne située au numéro 2 de cette même rue (l’actuel emplacement du Barex’po).

Dans les 70’s et 80’s, ce lieu mythique, imaginé par l’architecte Georges Maillols (les Horizons, c’est aussi lui !), devient très vite un lieu mythique, accueillant alors un large public sur 3 niveaux : des cuisines au sous-sol, un bar au rez-de-chaussée et le grand restaurant à l’étage.

Il n’est alors pas étonnant que cet amoureux de l’architecture et de la convivialité, alors qu’il interrompt une brillante carrière d’assureur, laisse parler son coeur et, avec une pointe de nostalgie, décide de lancer en 2015 un nouveau lieu auquel personne ne s’attend et qu’il appellera Barex’po.

Aujourd’hui porté par une équipe de 6 personnes, l’établissement reprend sa forme historique et se déploie sur 3 espaces singuliers : le Soulbarex’ et son coin shopping, vinyle, shoes et textile, le Barex’po, véritable galerie bistronomique, conviviale et musicale, et enfin, le nouveau Surlbarex’ à l’étage, plus orienté vers le tatouage.


Barex’po
2 rue Jules Simon
35000 Rennes
02 23 61 07 05
http://barexpo-restaurant.com/

Written By: Sylvain Le Pennec

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