Vieilles Charrues 19 : une parenthèse enchantée et un pari réussi

Un bilan plus que satisfaisant avec des spectacles incroyables sur les scènes des Vieilles Charrues. Comme l’a dit Jean Jacques Toux lors de la clôture du festival: « Chaque année on emmène les tripes et les oreilles. » Un festival de plus en plus scénarisé avec des thématiques qui font rêver. Des milliers de festivaliers se donnent rendez-vous chaque année à Carhaix pour se retrouver avec des amis et profiter d’un des plus gros événements musicaux de France et d’Europe. Cette 28ème édition était dédiée au carnaval et ils étaient nombreux à être déguisés pour l’occasion.


Les chiffres

Les Vieilles Charrues, c’est un festival sans aucune subvention qui reste 100% associatif. L’organisation comptait 17 millions de budget pour cette édition et 135.000 dons à des associations. L’impact économique sur la Bretagne est indiscutable. 

Onze hectares de concerts et 26 de camping pour accueillir 270.000 festivaliers, un chiffre colossal.

De plus, un total de 7.147 bénévoles sont allés sur le terrain pour préparer comme chaque année, la plus belle des histoires. Pour mesurer la réussite, on peut souligner la fréquentation et la qualité des concerts. Satisfaction du public et des artistes.

Cette année, la co-programmatrice Jeanne Rucet affirmait qu’il y avait une très belle composition de projets menées par des femmes bien qu’en chiffres, seulement 25% de femmes ont été sur les scènes principales.

Les nouveautés

Comme chaque année, le festival change de couleur et de forme. Un saut quantitatif mais aussi qualitatif par rapport aux espaces. Plus de restauration, plus de variété, plus de merchandising et aussi des postes de prévention pour les questions d’agressions sexuelles notamment.

Une programmation de rêve

Mention spéciale pour les deux chouchous du Label Charrues, dispositif d’accompagnement uniquement réservé aux artistes bretons, DI#SE et Atoem. DI#SE a présenté son premier album sur la scène Grall et il a bien montré qu’il écrivait « pour faire saigner le coeur » , comme il l’a dit lors de la conférence de presse. En effet, il s’est montré vif et sensible comme le sont ses paroles. Quant à Atoem, ils ont été éclectiques et se sont très bien défendus face à David Guetta, qui jouait en même temps que les bretons. Le Label Charrues est sans doute un boulevard pour eux pour les salles de concerts et les radios. 

C’était la 4ème fois aux Charrues pour la légende Iggy Pop, qui à 72 ans a donné son meilleur concert selon le co-programmateur Jean Jacques Toux. Le chanteur du Michigan a commencé par ses deux titres les plus connus, les cultissimes Lust for Life et The Passager.

Pour le trio californien Black Eyed Peas, selon Jean Jacques, « il n’y a peut être jamais eu autant de monde devant la grande scène ». La nouvelle chanteuse du groupe, J ReySoul, a remplacé la mythique chanteuse Fergie avec succès. Quant au trio, ils se sont montrés un peu timides sur scène au début mais le public était suffisamment chauffé pour se donner à fond sur leurs titres.

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© Laura Jones

Clara Luciani a été une vague de sons, de sentiments et de nostalgie. Des paroles abritées de charme, mystère et sincérité en même temps, la chanteuse a conquis son public sur la scène Kerouac le vendredi.

Boulevard des airs ont réussi à s’entourer de toutes les générations. Le public chantait d’une même voix leurs titres les plus connus. En effet, la fraîcheur et la pop ont bien été desservies par le duo en vogue de la scène française. Une touche de gaieté pour un vendredi pluvieux.

Aya Nakamura a cartonné chez les bretons avec son style bien connu. Une majorité adolescente dans le public qui inondait le site pour accueillir la chanteuse.

Muthoni Drummer Queen était synonyme d’ouverture d’esprit et des frontières. Une belle équipe constituée d’une majorité féminine avec une puissance dans la voix et dans la danse. De la sympathie et du coeur sur scène. La reine du dancehall a bouleversé l’après-midi du samedi avec un charisme inédit.

Une très belle prestation de Jeanne Added qui a confirmé devant la presse son envie de vouloir continuer à faire des concerts. 

L’artiste internationale Alice Merton, en tournée au Mexique, Canada, Etats Unis et Allemagne, a trouvé du temps pour assister au théâtre des Vieilles Charrues le samedi. Audacieuse et réfléchie dans ses compositions, la chanteuse fonde son propre label en montrant sa passion pour l’industrie musicale. Tout le monde ne connaissait pas son nom mais le public fredonnait Roots sans cesse.

La surprise du dernier jour venait de la main de Petit Biscuit. Après son premier passage aux Vieilles Charrues en 2016, le jeune artiste a su rester simple et humble malgré sa reconnaissance internationale.

Puis il a laissé place aux inattendus BigFlo et Oli. Le duo a joué Demain, et tout le monde a adoré. Ils ont grandi musicalement parlant. Ils voyagent presque sans cesse pour jouer leurs chansons connues à l’internationale, et profitent des nouveaux airs pour découvrir des sons.

En ce qui concerne Moha la Squale, il a bien commencé son concert avec toute l’énergie que la « la banane » sait donner. Cependant, si les bonnes intentions étaient là, l’enfant de la jungle a mal géré son temps sur scène, en refaisant Bandolero et Mama Lune jusqu’à satiété. Aussi, il a voulu interagir avec le public mais les indications n’étaient pas claires et le public était vite perdu. Ses interactions ont été globalement maladroites. Un ouragan de sensations certes, mais pas toujours bonnes.

La marée humaine qu’on a pu constater pour Black Eyed Peas était aussi présente pour le concert du chef Antoine. Lomepal a été accueilli comme un héros du rap français après avoir été en 2018 aussi en tête d’affiche. L’une des plus belles plumes du rap français s’est donné à fond le dimanche soir et le public des Charrues a été à la hauteur. Tous et toutes connaissaient les paroles par coeur, des mots sans artifices qui ont pris place sur la scène Glenmor.

Chainsmokers a secoué la foule. Une explosion de sons avec des transitions très particulières, même difficiles à suivre pour certains et certaines. Une mise en scène très ambitieuse et riche en couleurs et tonalités (rock, house, techno). Un cocktail pour tous les goûts avec une identité construite. Le duo américain s’est montré audacieux et motivé sur la grande scène.

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© Laura Jones

Le collectif nantais de DJ’s Mortal Cobra est venu pour la deuxième année consécutive pour mettre l’ambiance à côté du Park du château et de la grande roue. Ils ont rendu hommage à Steve Caniço, disparu lors de la Fête de la Musique.

Une année qui se clôture en beauté tout en laissant un sentiment de tristesse sachant qu’il reste encore une année pour revivre des moments si précieux comme les Vieilles Charrues savent donner.

Il faudra attendre encore un peu pour connaître les artistes de la prochaine édition mais on connait déjà les dates : le prochain festival aura lieu entre le 16 et le 19 juillet 2020.

Written By: Laura Jones

Journaliste passionnée du septième art et l'espace numérique. Je me balade entre la comm et le storytelling. Créatrice du verbe to hitchco(o)ck.

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