Nouvelle réussite pour Bars en Trans

Une nouvelle fois les Bars en Trans auront tenu toutes leurs promesses avec un week-end chargé, couronné de succès.


La programmation, éclatée aux quatre coin du centre-ville rennais, nous a conduit à faire des choix parfois difficiles. Nous ne pouvions être partout, mais nous n’avons pas été déçu de là où nous étions. Et ce, dès le vendredi soir.

Pour cette première soirée, c’était direction le théâtre de la Parcheminerie où un concert regroupant trois fortes propositions musicales a été proposé à un public aussi éclectique que l’affiche. Surprise a ouvert le bal avec son rap nonchalant et désabusé, qui se nourrit autant de la pop que de la trap . Si on ne lui fera pas l’affront de la comparer à Angèle ou Pomme (ce qui nous paraîtrait absurde de toute façon), sa musique pourrait s’affilier à celle de Babysolo33 ou encore Zinée, pour son rapport à la mélancolie et son timbre de voix presque enfantin. Est venu ensuite Cindy Pooch pour un concert faisant la part belle à sa puissante voix. Accompagnée par sa violoncelliste et son guitariste, la franco-camerounaise a partagé sa musique épurée empreinte de son vécu, le tout dans un écrin nourri par la pop, la musique camerounaise, réunionnaise ou même la trip hop. Dernière artiste de la soirée, dernier changement d’ambiance, avec Astrid Rad, qui a plongé le théâtre dans une ambiance plus feutrée, avec cette impression de se retrouver dans un club de soul aux lumières tamisées.

Pour la soirée du vendredi, le choix s’est porté sur le bar La Place où se produisait notamment notre meilleure découverte du festival : Miki. Avec son attitude totalement décomplexée, la chanteuse et musicienne franco-coréenne a proposé un petit voyage pop dans son esprit via des morceaux inédits (sors-les stp), drôles et touchants. Alternant des phases chantées avec des solos électros bien sentis, l’artiste nous a entraîné dans son monde bon enfant, coloré et teinté d’insolence. Les deux autres artistes de la soirée ont également su conquérir le public de La Place, en particulier Blond, qui n’a pas eu le temps de quitter la scène qu’un rappel lui était déjà demandé. Artiste pop dans le sens populaire du terme, ce dernier a dévoilé une musique personnelle et sincère, capable de s’adresser au plus grand nombre, ce qui en fait clairement une de ses grandes forces. Entre les deux, Hélène Sio a partagé ses états d’âme via des ballades au piano intimistes et des morceaux pop plus dansants.

Comme chaque année, Bars en Trans programmait au 4bis une affiche 100% rap le samedi après-midi, et, en tant qu’aficionados de ce genre, c’est naturellement là que nous nous trouvions. Le concert s’est ouvert sur une prestation en retenue de Damlif, rappeur / chanteur à l’univers très aérien et mélancolique. A travers sa musique le rappeur évoque son rapport aux autres ou encore ses questionnement sur son identité, dans un traitement inhabituel dans le paysage rap francophone (pourtant bien fourni). Bien que ce genre de musique soit particulier à écouter dans le cadre d’un festival, nous étions ravis de pouvoir découvrir sur scène un artiste que l’on apprécie particulièrement. Le reste du line up, quant à lui, mettait l’accent sur du rap bien plus propice à bouger la tête, crier et sauter. D’abord avec Anzu, jeune rappeuse qui a su se mettre le public dans la poche avec son énergie débordante, puis avec Mowdee et son univers à cheval entre le rap et l’électro. Homme à tout faire de sa musique, l’exubérant rappeur nous a embarqués dans un voyage fait de flow aiguisés, de petits moves de danse et de beats à s’en péter le crâne. Ah oui et y avait des histoires de braquage de diligence, de shérif et de magot, mais on n’a pas tout compris. La tête d’affiche de ce concert restait Selug, accompagné comme toujours de Senar avec qui il forme un duo rappeur / beatmaker fusionnel. Son arrivée sous les cris d’une bonne partie du public a confirmé qu’il était bien l’artiste le plus attendu du concert. En réponse, le jeune rappeur a lâché ses titres les plus connus avec une hargne indiscutable, et ce pendant… 25 minutes. Un set bien court pour le gars le plus attendu de cette soirée, justifié par un problème de train. Frustrant donc, surtout lorsque ça signait la fin de nos Bars en Trans à nous. Consolation pour son public : Selug a passé quelques minutes avec lui à la sortie de la salle.

Une petite pointe de déception, mais qui ne vient pas entacher les très bonnes découvertes de ce festival plein de ressources.

Written By: Maëlig Bois