Legend of Zelda : WIND WAKER [1/3]

Combien de fois ai-je voulu décrire ces sentiments ? Cette chute infinie vers les hauteurs. Une sensation que l’on capte qu’au sein de notre royaume intérieur, réceptacle des émotions. L’aspect quasi mystique que certaines expériences nous font vivre, poussent certains à continuer de vivre. Dans ces moments d’extrême lucidité, nous ne faisons qu’un avec l’expérience même. L’art nous permet de de nous transformer par un procédé magique presque irrationnel. J’aimerais ausculter au scalpel l’une de ses expériences avec vous : mon voyage dans les mondes de pixels, que l’on nomme The Legend of Zelda, et tout particulièrement, l’une de mes pérégrinations les plus ensoleillées.

J’étais un petit garçon bravant l’impossible: sauver ma sœur et secondairement combattre le mal : Ganondorf. Je veux parler de The Legend of Zelda : Wind Waker. Après deux épisodes épiques, dans un imaginaire sombre et fantasy, la saga s’évade, vers de nouveaux horizons. Cet épisode est pour moi THE épisode, car dans ces soubassements les plus profonds, derrière cette naïveté attachante, se trouve une pensée complexe aux replis infinis. Restituons un peu tout cela, pour commencer.

Qu’est ce que The Legend of Zelda : The Wind Waker ?

Sorti en 2002 sur la légendaire Gamecube de Nintendo, ce jeux vidéo nous narre l’aventure d’un enfant qui pour son douzième anniversaire reçoit une tenue verte, symbole du héro du temps, sauveur autrefois du royaume dans lequel nous vivons. Ce royaume, après la venue d’un monstre ,Ganon, fut engloutie sous les mers. Au fil de l’histoire, nous apprenons être le descendant de ce héro du temps et donc scellé à un destin: combattre ce mal qu’est Ganon.

De ce postulat, j’entrevois déjà tout le génie de l’œuvre. Nous ne sommes pas un sauveur. Le monde dans lequel nous vivons est un monde détruit, personne n’est venu nous sauver. C’est une idée très intéressante car elle se rattache à beaucoup de symboles propres à la philosophie japonaise. Et puis elle nous ramène à cette idée très moderne d’effondrement. Si cet effondrement du système arrive, qu’allons nous devenir? Comment allons nous reconstruire tout cela ? Question plus qu’actuelle, en cette période hors-normes.

Donc, quelque part, 20 ans après sa sortie, nous pouvons jouer à Wind Waker et ressentir une sève d’enseignements sur notre époque moderne. Je vous l’avais dit, nous touchons au chef d’oeuvre. Ce qui nous saute au yeux dès le début, c’est la direction artistique de psychopathe. Rien n’est laissé au hasard, tout a un sens et rien n’a pris une ride. S’axant sur un univers cartoon et sur la technique du « Cell Shading », cet univers nous apparaît chatoyant, plein de vie et surtout de poésie. Car c’est l’élément central de son génie : sa poésie. Tout n’est que métaphores, symboles dans les symboles, une course fatale vers le sens profond de notre âme.

La pensée japonaise

Le jeu est issu du bouillonnement de cerveaux japonais. C’est important de comprendre leur psyché, avant toute chose. Il faut savoir que la pensée japonaise est très différente de la notre. Michel Foucault, grand philosophe français, s’exclamait, en son temps que « le Japon est comme le miroir inversé de l’occident, tout est à la même place, mais de façon inversée ». Par ailleurs, nous ne pouvons comprendre la pensée japonaise sans nous plonger dans la pensée chinoise et dans sa spiritualité. Car en creusant, même un tout petit peu, toute cette symbolique suinte de tout les pores du jeu durant votre aventure. Le sens que nous donnons aux symboles est extrêmement différent là-bas. Commençons par le plus essentiel.

Car dans Wind Waker, nous passons la plus grande partie du temps sur l’eau. Et ce n’est pas anodin, car ceci est rattaché à un puissant courant de pensée chinois : Le Tao. Comment définir le Tao? Il faut le vivre, c’est une pensée opérationnelle basée sur les textes de Lao Tseu et de son livre le Tao Te King.

Sans rentrer dans les détails, c’est une philosophie qui nous enseigne que nous avons chacun en nous une voie à suivre, comme un destin, une mission. Il faut donc lire dans les événements de nos vies pour la comprendre et approfondir cette avancée sur la voie de la connaissance, vers cette destinée. Ce n’est pas une forme de déterminisme, comme pourrait nous le faire comprendre notre logiciel occidental. C’est plus une plongée au cœur de notre essence même, pour ressentir la vie, plutôt que de la rationaliser absolument. L’un des meilleurs conseils, pour appréhender les événements de nos vies, est qu’il faut être comme l’eau. L’eau dans son calme apparent et son impermanent mouvement, prend la forme qu’elle veut et peut même briser les roches les plus dures. Qui y a-t-il de plus patient et de plus puissant que l’eau? Celui qui se comporte comme l’eau, c’est-à-dire qui laisse les choses venir à lui et non le contraire, se laisse glisser par les courants du destin et comprendra les enseignements primordiaux du Tao. On retrouve cette symbolique dans l’eau, en très grande partie dans Wind Waker.

L’imaginaire maritime est omniprésent. Nous voguons sur une mer que nous ne contrôlons pas, c’est elle qui nous contrôle. C’est elle qui nous rend aux endroits clefs de nos aventures. Dans ce jeu, on ne vous guide pas dans des couloirs. Vous pouvez découvrir cette océan sans être obligé de suivre l’histoire. Il y a un grand sentiment de liberté et d’envie de partir à l’aventure. Le seul contrôle que nous avons est sur le vent grâce à une baguette de chef d’orchestre magique. Notre destin est lié à notre capacité à nous acclimater à cette immense masse d’eau, qui dans le passé, a tout détruit. Elle est limite LE personnage principal de l’intrigue. Sans lui, la poésie de ce jeu n’existerait pas. Le traitement de l’eau est définitivement lié à cette vision Taoiste du monde, selon moi. C’est une philosophie qui s’intègre pleinement dans l’inconscient créateur de ces génies japonais. Bien que nous, occidentaux, ne sommes pas tous chrétiens, notre façon de vivre et de penser s’intègrent dans un schéma judéo-chrétien, que nous le voulions ou pas. C’est en observant les autres cultures et en mesurant les différences que nous avons avec elles, que nous pouvons nous en apercevoir.

à suivre …

Written By: L'Hermite Sombre

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