Legend of Zelda : WIND WAKER [2/3]

Combien de fois ai-je voulu décrire ces sentiments ? Cette chute infinie vers les hauteurs. Une sensation que l’on ne capte qu’au sein de notre royaume intérieur, réceptacle des émotions. L’aspect quasi mystique que certaines expériences nous font vivre, poussent certains à continuer de vivre. Dans ces moments d’extrême lucidité, nous ne faisons qu’un avec l’expérience même. L’art nous permet de de nous transformer par un procédé magique presque irrationnel. J’aimerais ausculter au scalpel l’une de ces expériences avec vous.

Mon voyage dans les mondes de pixels que l’on nomme : The Legend of Zelda, et tout particulièrement, lors d’une de mes pérégrinations les plus ensoleillées, sur ses mers pleines de mystères. J’étais un petit garçon bravant l’impossible: sauver ma sœur et secondairement combattre le mal : Ganondorf. Je veux parler de The Legend of Zelda : Wind Waker. Si vous n’avez pas encore lu la première partie, c’est par ici !

L’autre courant de pensée qui transpire du jeu, c’est le bouddhisme Zen. Un courant de pensée très inscrit dans la culture japonaise. Il est question de vide, mais pas un vide comme nous le voyons en occident. Un vide conséquence d’un détachement total du monde matériel, par la méditation sur de longues périodes.

Cette méditation mènerait à un état de tranquillité profonde, qui est l’objectif de cette quête du vide. Beaucoup de détracteurs trouvaient les voyages en bateau trop longs dans ce jeu. Et bien selon moi, c’était fait exprès. Un moment pour faire méditer le joueur, l’imprégner de toute la poésie Zen du jeu. Lui apprendre à être patient avant d’obtenir ce qu’il veut. Ne me dites pas que ces jeux de lumière, cette musique, ou juste ces mouettes qui vous suivent lorsque vous êtes en pleine mer, ne vous ont pas marqués à vie. C’est ça la poésie Zen, car le Zen est une poésie, un art, qui rend tout l’univers si persistant. Comme si nous n’étions pas si importants, que le monde continuerait à se dérouler sans nous. C’est très fort, et c’est bien la première fois que j’ai vécu ce sentiment aussi profondément.

Détachement

Par ailleurs, je me suis toujours demandé pourquoi le monde de Wind Waker était si chatoyant. Les gens devraient être abattus, une partie immense de leur monde est mort, ensevelie sous des tonnes d’eau à cause d’une force démoniaque qu’ils ne comprennent pas. Dans une pensée plus asiatique, je pense qu’au contraire, on trouverait cela normal. En effet, ils se détachent du passé pour vivre dans le présent et méditer sur leur quotidien. Les personnages n’essayent pas de changer ce qu’il s’est passé, ils acceptent et essayent d’apprendre de cet événement. Il y a tellement à dire sur cette aspect que je préfère rester concis. Je ne suis pas là pour écrire une thèse non plus. Juste vous donner l’envie de découvrir cette œuvre.

Je pourrais parler aussi de tout l’aspect Shintoïste et des influences des esprits dans le jeu, mais je préfère juste vous donner quelques pistes et vous laisser creuser par vous-même. Après tout, je ne suis pas la science infuse.

L’ode à l’enfance

Dire que le thème de l’enfance est un sujet prépondérant à la saga Zelda ne serait qu’un euphémisme. La genèse même du projet est de retranscrire les expériences d’escapade dans la forêt, vécues par le créateur de la franchise, Shigeru Miyamoto, lors de son enfance. L’enfance se lie avec logique avec le voyage, l’initiation, l’imagination. J’aime croire que tout cela a été pensé lors de la création de Wind Waker. Il est pour moi l’épisode qui met le plus en valeur cette thématique. Cela pour plusieurs raisons. Bien sûr, grâce à sa direction artistique sortie tout droit d’un film d’animation qui après plusieurs années n’a toujours pas pris une ride. Il y a quelque chose d’intemporel dans ce jeu. Comme une capsule d’émotions.

Du début jusqu’à la fin, on se laisse happer par les souvenirs de notre enfance qui resurgissent tout au long de l’aventure. J’aime aussi me dire que nous vivons l’aventure de par les yeux du personnage principal, d’où la vision plutôt optimiste de l’opus. Ceci renforcé aussi par la bande-son qui est selon moi l’une des meilleures de toute l’histoire des bandes-son et pas seulement des jeux vidéos. Elle retransmet cette naïveté, cette aventure sans grand enjeu et pleine de poésie. Comme si ce que nous vivions était sorti de la cervelle d’un enfant et que rien n’avait d’importance à part le plaisir de vivre. Un peu comme les jeux des enfants dans une cour de récré.

Zelda / Peter Pan , même combat

L’une des références majeures dans le processus créatif du jeu, c’est bien sûr Peter Pan (tenue verte, thème de la piraterie, les fées, les enfants…). C’est ça aussi qui est intéressant. C’est une œuvre qui tente de sortir des craquants de sa propre culture. A l’heure où le Japon reste tout de même spécial, avec un manque de lisibilité pour beaucoup de gens, ces créateurs ont tenté l’exploit de métisser cela avec une grammaire d’imageries propres à notre culture. Faisant exploser aux passage les mondes des possibilités, comme le fait de mêler tout cette mythologie au monde de la piraterie. Je me suis toujours dit que les Zeldas, et les jeux Nintendo en règle générale, avaient un but profond d’initier les enfants au monde de l’imaginaire. Les faire s’évader et leur donner envie de créer, ce qui reste un grand levier de pédagogie, selon moi. Ceci avec toute une série d’énigmes et l’envie de découvrir.

Sa place dans le passé

Et puis bien-sur, dans l’autre sens, cela permet à l’adulte de replonger dans l’enfance. Ce jeu est une vraie madeleine de Proust pour toute personne de ma génération. Je me souviens encore, je n’avais pas la Gamecube chez moi, j’étais pro-Playstation. Mon seul moyen de pouvoir y jouer était d’aller au magasin de jeux vidéo le plus proche et de rester des heures à squatter la borne d’essai. Il raisonne comme une aura mystique lorsque j’entends parler de ce jeu que j’ai toujours convoiter dans mon enfance. Qu’elle ne fut pas ma joie lorsque, sur un coup de tête, j’ai décidé de m’acheter une Gamecube, bien plus tard, ainsi que cette relique sacrée. Il y a donc en plus de tout ces arguments, une profonde dimension personnelle dans mon adoration de ce jeu. Cependant, je pense que cela est vrai pour tout adorateur de jeux vidéo.

Cet art encore novice a déjà pu donner naissance à des joyaux perdus dans les limbes de nos enfances, secteurs totalement inaccessibles aux générations plus vielles. Qui comprendra ce qu’a été la folie Pokémon ? GTA San Andreas ? Final Fantasy VII ? Le jeu vidéo est une forme d’art polymorphe, capable de prendre la forme de tout autre médium et d’y ajouter cette interactivité. Et bien évidemment, ce jeu l’a compris et utilise toute les cordes à son arc avec un brio quasi divin. Je me demande encore comment un jeu comme celui–ci a pu voir le jour.

Written By: L'Hermite Sombre

No Comments

Leave a Reply