Pass Sanitaire : entrave ou retour à la liberté ?

Prendre l’avion, assister à un concert ou encore aller en discothèque ne sera plus aussi simple qu’avant. En effet, à partir du 9 juin sera mis en place le Pass Sanitaire, qui devra être présenté pour assister à de nombreux événements publics. 

Pass sanitaire : Qu’est ce que c’est ?

Adopté par l’Assemblée Nationale début mai, le pass sanitaire est un certificat qui pourra s’obtenir en respectant une des trois conditions suivantes : être vacciné, être testé négatif à un test pcr réalisé moins de trois jours avant, ou bien avoir eu le covid-19 dans les six derniers mois. 

Sur le site officiel du gouvernement, il est expliqué que le pass sanitaire sera mis en place à partir du 9 juin. Sa mise en place vise à faciliter le retour à la vie normale sans prendre le risque d’être contaminé par le covid-19.

« Le pass sanitaire est un outil supplémentaire pour assurer la protection des Français. »

Emmanuel Macron, Président de la République.

Autrement dit, il est expliqué que le pass sanitaire est mis en place pour aider les Français à retrouver une certaine liberté en échange de son application et du respect des règles sanitaires.

Disponible sous format numérique (via l’application TousAntiCovid) ou sous format papier, il sera donc indispensable de le présenter pour assister à un événement rassemblant un grand nombre de personnes. Sur le site officiel du gouvernement, il est expliqué que celui-ci ne sera pas nécessaire pour notre vie quotidienne, mais qu’il sera cependant obligatoire de le présenter pour se rendre à de grands évènements sportifs ou culturels impliquant un grand rassemblement de personnes, mais aussi pour voyager. Parmi ces grands événements, on peut compter les festivals & concerts, les salons & foires d’expositions, les grands casinos, mais aussi les croisières & bateaux de plus de 1000 personnes.

Crédits : Eric TSCHAEN/REA / PANORAMIC

Entre liberté et restriction : Les limites du Pass Sanitaire

La mise en place de ce dernier divise cependant un grand nombre de personnes. Les avis sont partagés entre la nécessité de mettre en place de telles mesures pour combattre la propagation du virus et son caractère obligatoire pour se rendre à des rassemblements publics, qui serait un frein à notre liberté.

La mise en place de ce pass sanitaire peut paraître comme une entrave à notre liberté : il faudra désormais répondre à des conditions pour voyager ou pour assister à un concert par exemple. Cela peut donc porter atteinte à un des principes de notre état : la liberté, et plus particulièrement la liberté de circuler. Sans ce pass sanitaire, il sera pour l’instant impossible de prendre un vol vers un pays étranger. 

L’application du pass sanitaire sur notre territoire peut également poser problème sur la question de l’égalité. En effet, la vaccination n’ayant pas été accessible pour tous dès le début de sa campagne, seule une partie de la population aurait accès au pass sanitaire sans avoir à faire de test pcr tous les trois jours.

Outre ces différentes réflexions sur le pass sanitaire, la mise en place de celui-ci implique également un système de contrôle de plus en plus poussé sur les comportements des citoyens. 

Dans la préparation à la mise en place du pass sanitaire et de la levée progressive des restrictions sanitaires, un concert-test du groupe Indochine a été organisé le 29 mai à l’AccorHotels Arena à Paris. Rassemblant 5 000 personnes masquées mais sans distanciation sociale, la salle était équipée de nombreuses caméras intelligentes fournies par l’entreprise Datakalab, permettant d’alerter automatiquement grâce à un logiciel dès qu’une personne retirait son masque ou ne le portait pas correctement.

Indochine sur la scène de l’AccorHotels Arena.
Le groupe Indochine face aux spectateurs, tous masqués. Crédits : Hélène Pambrun / Paris Match

Ce système de surveillance fait cependant débat. La CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) déclarait notamment en juin 2020 que le développement de ces caméras intelligentes pour contrôler le respect du port du masque entraînait “une collecte et une analyse systématiques de données d’individus circulant dans l’espace public ou dans des lieux recevant du public”. La CNIL avait également souligné le fait que ce système de surveillance ne permettait pas aux français d’user de leur droit d’opposition.

Olivier Tesquet, journaliste spécialiste des questions numériques chez Télérama, déclarait notamment en mai 2021 sur France Culture que “l’un des dangers de la prolifération de ce type d’outils, c’est aussi la réduction des imaginaires. On ne se comporte plus tout à fait de la même façon dans l’espace public quand on sait qu’il y a des caméras partout, que ces caméras sont capables de faire de nombreuses choses. Si c’est une caméra capable d’identifier mon visage, je vais me comporter d’une façon différente, je ne vais plus interagir de la même façon avec les autres individus. Et donc, finalement, que ces technologies fonctionnent ou non, la destruction du lien social entre les individus est déjà effective par la seule présence de la technologie, qu’elle soit placebo ou non.”. L’arrivée des ces nouvelles mesures serait donc une ouverture à la technologie de surveillance quotidienne, avec une surveillance beaucoup plus importante qu’avant. 

Néanmoins, ce système apparaît comme un mal pour un bien dans la continuité des mesures sanitaires : comme le confinement ou le couvre-feu, le pass sanitaire reste malgré tout une mesure qui permettrait de lutter efficacement contre la propagation du virus.

Approuvé par le Conseil Scientifique, le pass sanitaire permettrait selon lui de « favoriser la reprise de certaines activités, notamment l’organisation de rassemblements, dans des conditions favorisant une réduction des risques de contamination ». L’application du pass sanitaire permettrait de contrôler au mieux le nombre de contaminations au covid 19, d’empêcher la transmission de celui-ci lors de grands rassemblements et d’ainsi pouvoir retrouver une vie (presque) comme avant.

Est-ce un modèle de société que nous voulons en commun ? En sachant que les citoyens n’ont pas été consultés concernant ces décisions.

Written By: Lena Pontrucher

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