Des cordes de bonheur déversées sur la 36ème édition d’Art Rock

Beaucoup de pluie, d’amour et de jolies rencontres à l’occasion de la 36ème édition « sauvage » d’Art Rock qui s’est déroulée à Saint-Brieuc les 7, 8 et 9 juin 2019. Retour d’expérience.


Vendredi manqué

Vendredi 7 juin, le P’tit Rennais a été contraint de faire demi-tour suite aux mésaventures qui lui sont arrivées. Malencontreusement, la tempête a décidé de retarder notre arrivée à Saint-Brieuc pour la 36ème édition d’Art Rock. Notre petite déception a laissé place à une grande satisfaction. Après 6h de trajet en train, le p’tit rennais arrive finalement au terminus du TER le samedi. Qui plus est, avec le soleil! Arrivé à Saint-Brieuc, dans toute la ville plane une ambiance réjouissante. Les bars sont en fête et la joie est au rendez-vous. En plein centre ville, on arpente les rues pavées en profitant de la vue sur de jolies maisons. Les gens y sont accueillants et gais. Ferait-il bon vivre à Saint-Brieuc? Une chose est sûre, nous sommes tellement nombreux que le réseau est saturé.

Samedi, le soleil réapparu

Samedi 8 juin, la météo nous accorde un répit. Primal Scream se déhanche sur la grande scène vêtu de rose fushia. Sa tenue, loin de passer inaperçue, nous éblouit. L’humeur rock est d’ores et déjà activée. Pas de rappel, mais beaucoup d’amour et un profond respect. “Good night” nous glisse avec ferveur le chanteur.

Puis, sur la scène B, au tour de SBRBS de nous électriser. Cheveux plaqués à la perfection, tous deux nous livrent un rock soigné et vivifiant. Leur arrivée nous fait l’effet d’un sursaut. Le public ne s’attendait pas à une telle entrée en matière. Très rapidement, des pogos se forment tant leur énergie est palpable. Hadrien Benazet porte un bomber noir, Marie Herbault une chemise blanche. Ensemble, ils produisent ce genre de rock typiquement anglais. D’ailleurs, on croirait presque que ces rennais.es nous viennent tout droit de Camden Town. “Merci beaucoup, on reconnaît des têtes parmi le public, des gens qui nous suivent depuis le début” confie avec reconnaissance la chanteuse. Les gens hurlent en retour, comme pour confirmer ses propos. Puis la chanteuse poursuit avec beaucoup d’humour et d’autodérision “si vous voyez Charlotte Gainsbourg, dites lui que je voudrais lui rouler une pelle tant qu’à faire.”

En parlant du loup, on s’éclipse pour assister à sa prestation sur la grande scène. Une scénographie enchanteresse qui s’accorde à la perfection avec les instru (SebastiAn y est sans doute pour quelque chose). Des néons partout forment comme des portes célestes. Un accès vers de nouvelles dimensions? Perhaps.

C’est doux. Pop. Électrique. Le public est familial. La chanteuse se positionne au milieu de la scène quand elle n’est pas au piano. Piano sur lequel sont apposés tout plein de post-it de couleurs et de petites notes. Le “plafond” semble se surélever. Illusion d’optique. La complicité est certaine avec le chanteur. Total look jeans pour Charlotte qui nous glisse de sa voix suave “je suis heureuse d’être ici”. Les musiciens sont envoûtants. “Le prochain morceau, c’est un de mes plus vieux et de mes plus précieux” prononce-t-elle avant de nous interpréter “Charlotte for ever”. Un seul reproche à ce show calibré au millimètre : on ne la voit pour ainsi dire pas.

Aloïse Sauvage et sa dégaine “à la cool” chante et danse avec assurance. Un micro suspendu donne encore plus d’intensité à sa représentation. Elle est jeune et pourtant elle dégage une aisance incroyable. Aplomb et audace sont de mise. Un conseil by Aloïse: “soyez sauvages, faites tout ce que vous voulez”. “Vous êtes beaucoup ici” s’exprime-t-elle avec un regard rieur, “moi j’suis timide, j’ai pas l’habitude”. Batterie et clavier l’accompagnent. Une grande artiste, qui veille au bien-être de ses spectateur.rices “vous faites pas mal, je vous vois.”

AMAZING SebastiAn

La lumière fût. Le maître en personne apparaît. SebastiAn. Son passage laisse autant d’empreintes sur les coeurs et que sur les corps. Les gens dansent, sautent, échangent des regards complices, parfois amusés. Le public est joueur, mais sait être bienveillant quand les uns ou les autres en ont le besoin. Il y a des jeunes. Des moins jeunes. Un remix mordant de Rage Against The Machine. C’est fort, puissant et excitant à la fois. Un nouvel espace temps, avec une heure qui nous a semblé être cinq minutes. Un moment qui restera ancré dans les mémoires. Des gens qui s’agrippent, qui transpirent mais qui surtout s’aiment. Un spectacle enivrant. Notre coup de coeur du samedi.

“Ô doux bruit de la pluie, par terre et sur les toits!”

Dimanche, dur retour à la réalité avec la pluie. Pluie qui n’a pas eu raison de la bonne humeur ambiante. Nili Hadida ouvre le bal, seule. La chanteuse de Lilly Wood & The Prick a su évoluer avec brio. Sonorités jazz, les cuivres nous ensorcellent. Derrière elle, son nom est affiché en grand. La calligraphie nous rappelle celle de l’excellent film “La la land”. “Es-tu là?” répète-t-elle à plusieurs reprises. “J’ai écrit une chanson il y a deux semaines, on l’a répétée une fois la semaine dernière et on va vous la jouer maintenant.” Avec sa veste en glitters dorés, notre regard se pose consciemment sur elle. Pour un joli final, la chanteuse interprète “Prayer in C”, “chanson que j’ai écrite à mes 20 ans” nous confie-t-elle. Plein de coeurs avec les doigts dans le public.

La suite avec Johan Papaconstantino qui porte une doudoune de circonstance. Léger problème de son, on peine à comprendre les paroles. Nonchalance sur scène. Petit à petit, les musiques langoureuses laissent place aux musiques d’inspiration orientale. De plus en plus dansant. Un show original.

Direction la grande scène avec Gringe. Le monde afflue de tous les côtés. “Y’a pas que dans mon paradis noir qu’il pleut des cordes” nous glisse-t-il avec malice. “On est voisins non? Ça me rappelle ma Normandie.” 3ème date pour Gringe, cet homme impressionnant au charisme envoûtant. À la fois cru et si poétique, on se laisse emporter par ses textes et la musique de son DJ, qui n’est autre que le grand Pone (DJ de NTM). La voix d’Orelsan est pré-enregistrée. Le public est très jeune. Une ovation s’exprime dans le public pour son DJ qu’il qualifie lui-même d’“architecte”. “Orel est venu faire du sale chez vous l’année dernière” et rien que pour ça, nous avons eu le droit à une chanson des Casseurs Flowters. Et lorsque l’intégralité du public chante en coeur, l’émotion de Gringe est palpable.

Sur la scène B, Loud nous emmène tout droit dans son Québec. Son DJ et fidèle compagnon débute le show. “Merci d’avoir bravé la pluie!” s’exclame-t-il. Il s’agit de sa toute première fois ici. “On a fait beaucoup d’avion pour atterrir ici mais on le regrette pas du tout!” Des expressions et un accent qu’on chérit. Loud réclame d’ailleurs du “fucking bruit” pour son DJ. Un spectacle animé et vif. Loud est plein d’énergie et témoigne d’un professionnalisme déroutant. Un de nos coups de coeur du week-end. Un artiste grandissant à suivre de très près.

On se dirige alors vers la grande scène pour assister à la prestation de Jeanne Added. Elle qui a su faire ses preuves au fil de ses dates. L’instrumentale rappelle New Order. Souplesse et grâce. Elle arbore un joli look rock romantique. On lit la satisfaction sur son visage. Elle semble apaisée malgré la fatigue. Une foule de gens de tous les âges l’accompagne dans sa démarche.

Les coeurs battent au rythme de Blow

Blow c’est LA révélation d’Art Rock. Que dire de ce groupe qui nous a littéralement subjugué? Le plus gros coup de coeur de la rédac’. On ne saurait expliquer ce qu’il s’est passé là-bas, à cet instant. Ils ont transformé les gouttes de pluie en caresses sur nos visages. Dans nos oreilles, c’est la jouissance. Blow, c’est un délice pour tous nos sens. Les musiciens sont à eux seuls des spectacles tant ils sont transpercés par la musique. Le chanteur nous fait voyager et nous susurre l’histoire de ses chansons. “Ressentir la température, faire monter la lave sous vos pieds.” Il nous guide et nous transporte, de balade en balade. “Est-ce qu’on peut compter sur vous pour faire l’essuie-glace?” Les gens se prêtent volontiers au jeu. On s’est même laissés transporter sur des skis ou des rollers. Qu’importe après tout. Vous étiez beaux.

Tous ont accouru pour voir la belle Angèle. Ciré transparent de rigueur pour une première date sous la pluie! De folles chorégraphies et beaucoup d’énergie. Tel est le secret! 

Quoi de mieux que Lomepal pour clore dans l’amour un festival? Comment mettre d’accord tout le monde en une leçon? Demandez PalPal et le tour est joué. Une première date digne de ce nom qui nous rappelle son magnifique concert en janvier dernier à Rennes (vous pouvez consulter article ici).

Written By: Jade Ropers

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