Rencontre avec le groupe Apes O’Clock pour la sortie de leur clip

Bien sûr, en période de Covid, nous ne pouvons pas passer à coté de cette thématique. Avec les limitations drastiques dans le monde de la culture, comment vous vous ré-inventez ?

Effectivement, difficile de ne pas évoquer cette situation. En priorité, on aimerait avoir une pensée pour tous nos collègues artistes, musiciens, techniciens, producteurs et programmateurs. Nous sommes dans une situation très floue, à l’arrêt, sans nouvelles et sans solutions du gouvernement pour pérenniser et sauver bon nombre de structures qu’elles soient de production, de programmation ou prestataires techniques.

Quant à nous, artistes, je dirais qu’on n’est pas les plus à plaindre : il y a tous ces acteurs indispensables avant nous, qui nous permettent justement de faire nos métiers (production, programmation technique) et qui eux ne peuvent plus travailler du tout.

Chez Apes O’Clock, on a profité du confinement pour créer, écrire et composer, ce qui représente une bonne part de nos métiers. On s’est permis un furieux featuring avec Betablock, Ourdia et Monty Picon, « Erreurs critiques », qui a été un véritable défouloir sur ce qu’on vivait enfermés chez nous. On a aussi profité de ce temps pour tourner plusieurs vidéos en live, acoustique ou amplifié, qu’on a sorties cet été et une autre qui sortira pendant l’automne.

Enfin, le live nous manque c’est évident, et toute notre tournée d’une quarantaine de dates a été annulée. Elle devait nous permettre de présenter ce nouvel album sorti en septembre dernier. On espère que 2021 sera tout autre !

Quand on regarde un peu toute votre communication, on se rend compte que vous avez une direction artistique très forte. Qu’est ce qu’elle apporte en plus à votre groupe ?

Cet univers, ou esthétique, a été un choix dès le début de ce projet. On estime qu’aujourd’hui le spectateur ou auditeur attend plus que de la musique en live ou enregistrée : il a besoin d’images, de visuels qui l’attirent et donnent un sens à une proposition artistique.

Le cœur de nos métiers reste bien sûr de permettre aux gens de s’évader en écoutant notre musique et en venant nous voir en concert, mais on prend aussi le parti d’accentuer ça en les faisant entrer dans un univers visuel propre à notre groupe, et qui évolue en fonction de nos albums et de nos vidéos.

On sent que tout votre projet est imprégné aussi de références fortes, notamment cinématographiques, pouvez-vous nous en parler ?

A la base, nous sommes 7 musiciens, et 1 technicien, donc une somme d’influences propres à chacun et de références communes aussi. En soi, chacun y met sa patte, ses envies. On a tous baigné dans l’avènement du hip-hop des années 90 tout en ayant hérité des influences de nos parents, qu’elles soient rock’n’roll, chanson française ou punk.

Pour la dimension cinématographique c’est la même chose : on a tous des références qu’on partage. Musique et 7ème art étant artistiquement très liés, ces influences nous paraissent cohérentes avec l’univers qu’on déploie.

Comment l’idée de ce groupe vous est-elle venue ? D’ailleurs que signifie votre nom ?

Alors Apes O’Clock, traduit grossièrement car cette expression n’existe pas réellement en anglais, signifie « L’Heure des grands singes ». Le groupe est né sur les cendres d’un ancien projet musical, dont on a quasiment tous fait partie et pendant lequel on s’est rencontrés. L’envie de se professionnaliser pour certains a provoqué la fin de cet ancien projet, et la naissance d’Apes O’Clock. Et pour faire le lien, cet ancien projet faisait déjà référence aux singes, une race particulièrement adepte du « make love, not war ». On a choisi de continuer à s’apparenter à nos cousins les plus proches et d’y ajouter cette notion de temps, qui est présente régulièrement dans nos textes.

Philosophiquement et artistiquement, parler de la différence homme/animal nous intéresse beaucoup. Où et quand se situe la limite ? Allons-nous nous perdre nous-même en ayant gagné l’évolution Darwinienne ?
Apes O’Clock, c’est l’heure aux contours flous où l’homme et l’animal ne font plus qu’un fou dansant. Le retour à une forme de plaisir primal et d’humilité originelle.

Le fait d’être un groupe avec beaucoup de membres, ce n’est pas compliqué, parfois, pour les disponibilités, les répétitions ou les prises de décisions ?

(rires) Oui et non : effectivement pour l’organisation générale et les prises de décisions, ce n’est jamais évident. Mais c’est un rythme et un fonctionnement à prendre. On privilégie principalement le consensus, chacun a son mot et ses idées/envies à exprimer. L’avantage aussi, c’est qu’on est quasiment tous basés autour de Rennes donc niveau organisation on arrive à s’y retrouver.

Disons que c’est un fonctionnement de collectif et c’est aussi souvent un plus d’avoir différents avis, envies, et l’esprit de famille.

J’ai cru comprendre que vous sortiez un album et un clip. Au vu de votre univers, essayez-vous de raconter une histoire, avec un narration, intrinsèque à l’album dans son ensemble ?

Nous avons sorti notre 1er album « Le spectacle continue » en septembre 2019, dispo sur toutes les plateformes en ligne, mais aussi en physique sur notre page Bandcamp*. Donc on a vraiment hâte d’enfin le défendre en live en 2021 !

Nous sommes des conteurs d’histoires : chacun de nos textes explore des tranches de vie, des opinions ou des coups de gueule. Encore une fois, on cherche à tout prix à lier notre univers visuel et scénique avec nos compositions et écrits, afin d’inviter l’auditeur à entrer dans notre monde.

Donc l’album, mais surtout le live, a cette dimension spectacle qui nous impose de suivre un fil rouge qui peut parfois se tordre pour nous permettre de nous défouler, ou de revenir à la moiteur des planches et des rideaux fibreux.

Et sinon, on est sur la sortie d’un nouveau clip le 22 septembre 2020, avec le titre « Soyez les bienvenus ». On a à cœur, sur chacun de nos clips, d’y faire transpirer notre univers « cabaret fantasque » en jonglant avec le burlesque, le loufoque, l’inquiétant tout en s’imposant une esthétique classe et soignée. Ce clip a été tourné juste avant le confinement, le lendemain de cette fin de tournage on était tous enfermés chez nous ! Il réserve quelques belles surprises, car il dévoile quelques parties secrètes de certains de nos personnages scéniques, il a nécessité environ une cinquantaine de figurants, le tout dans un manoir bourgeois en Normandie, et la réalisation a été confiée à Benjamin Arbellot-Repaire.

Comment avez-vous eu l’idée de la pochette et avec qui avez-vous travaillé ?

D’abord, nous avons fait appel à Simon DOUCHY, alias eddy-graphisme.fr, un ami de Mado, notre tromboniste. On est hyper contents de son travail graphique, et les retours que l’on a du public vont dans ce sens.

L’idée était justement d’illustrer notre univers sur cette pochette, d’y présenter l’idée d’un cabaret-théâtre à notre goût, le lieu que l’on déploie en live ou dans l’imaginaire des gens, et qui nous permet de nous exprimer librement en paroles et en musiques. Quant au personnage central, il est un « mix » des différents éléments de costume avec lesquels on s’affuble sur scène (chapeau haut de forme, canne, montre à gousset…).

photographie : St Dufresne

Depuis le début, votre son a-t-il évolué ?

Bien sûr, sinon on s’ennuierait ! Comparé à nos débuts, l’influence Hip-Hop a pris davantage de place, qu’il s’agisse de nos compositions musicales, mais aussi dans notre manière de chanter.

On travaille actuellement sur notre live 2021, tout en commençant à composer et arranger de nouveaux morceaux en vue d’un prochain album. On y intègre notamment des machines (contrôleur, clavier midi) qui ouvrent de nouvelles envies, univers et sonorités pour agrémenter notre live et nos productions.

Comment votre collaboration avec les Monty Picon s’est-elle déroulée ?

N’oublions pas Ourdia et Betablock, même si après avoir fait quelques soirées avec eux, on aimerait les oublier. C’est tout de même eux, et leur chanteur-poète, qui sont à l’origine de ce morceau collectif.

Tampax, pour ne pas le nommer, était arrivé au bout de Netflix, internet, et autres sites pour adultes. Il s’est donc dit en plein confinement qu’un morceau collectif serait une bonne idée. Ça nous fait mal de le reconnaître mais pour le coup il a eu raison !

On s’est avant tout bien marré à composer ce morceau, avec pas moins de 22 musiciens. C’était une super expérience, qui dans cette période nous a fait un bien fou ! Chacun a pu y mettre sa patte, ses envies musicales, ses textes, et ça a donné « Erreurs critiques », à visionner et partager plus que de raison ! On a même pu le jouer cet été, sur un événement privé, où le plateau a réuni les 3 groupes. Cette soirée aura laissé des traces, mais surtout des envies pour plus tard…

Y a-t-il une tournée ou tout du moins des dates en préparation ?

Peu, trop peu ! Il nous reste 2 dates, si elles tiennent, en 2020. Le 02 octobre à la salle Mosaic à Lisieux (avec restrictions sanitaires oblige, donc concert assis, mais concert quand même !) et lefFestival Stand’n’Rock, le samedi 21 novembre à Liffré (35), en compagnie de Moondrag, et Eighty. Un beau plateau de groupes qui montent, et locaux, alors si cette date tient, cette soirée risque d’être dingue !

Sinon, les dates annulées de 2020, sont, par chance pour la grande majorité, reportées à 2021, donc on commence à retisser un agenda de tournée, ça fait du bien ! Une tournée dans les Alpes au printemps est en cours de montage.

Et enfin, cette période (trop) calme culturellement nous permet de s’enfermer en résidences de compos, de travail scénique pour le live 2021. On sera d’ailleurs en résidence du 1er au 5 mars à l’Espace Beausoleil à Pont-Péan (35) avec un rendu public le jeudi 04 mars 2021 vers 18/19h.

On réfléchit aussi à une formule de rue, en totale autonomie, d’abord pour diversifier nos propositions artistiques, mais aussi pour prévenir un nouvel été pourri, et pouvoir jouer coûte que coûte !

Dans vos chansons il y a t’il des thèmes ou des valeurs qui reviennent ou vous n’en avez pas réellement ?

On s’octroie une certaine liberté dans nos écrits, on doit pouvoir tout aborder, on reste des humains « lambda » avec nos opinions, convictions, rêves ou cauchemars. Comme dit plus haut, l’envie de se créer et de déployer un lieu éphémère, nomade et imaginaire nous permet d’y exprimer ce que l’on a envie. On y parle de société, du temps qui passe, de politique, d’amour, de débauche, de folie, des facettes de ces 7 dandies qui composent cette troupe ou encore d’histoires fictives ou réelles.

Photographie : Marc Verrier

Et pour finir, avez vous un p’tit mot pour le P’tit Rennais ?

D’abord, un grand merci de nous avoir tendu le micro, et de mettre une lumière sur Apes O’Clock, c’est un plaisir et un soutien important pour nous.

Ensuite, le traditionnel « longue vie » au P’tit Rennais, c’est plus qu’important à nos yeux d’avoir des médias, alternatifs, indépendants, qui offrent une autre vision, souvent plus juste et plus fidèle, que les médias traditionnels. Et puis l’aspect local aussi, c’est important dans une ville comme Rennes, et la Bretagne, qui regorge de propositions artistiques d’avoir un regard proposé, ou un micro tendu, pour faire parler de nos créations.

Et enfin, il faudra venir nous voir en live, histoire aussi d’avoir vos ressentis et vos impressions sur cette autre partie de notre métier. Alors, à très bientôt Le P’tit Rennais !

Liens utiles :

– Clip « Soyez les bienvenus » (sortie 22.09.2020) : https://youtu.be/XL_Pw7VI-wY

– Clip « Erreurs critiques » ft. MONTY PICON, BETABLOCK, OURDIA : https://youtu.be/eBkGoQ2PVQM

– Merchandising APES O’CLOCK : https://apesoclock.bandcamp.com/merch

– Site officiel : www.apesoclock.com

– Facebook : www.facebook.com/apesoclock

– Instagram : www.instagram.com/apesoclock

Written By: L'Hermite Sombre

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